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Dopage : 2006, un été meurtrier pour le sport

Justin Gatlin et Floyd Landis, contrôlés positifs à la testostérone, substance d’un autre âge, ont replongé en 2006 le sport dans la vase du dopage. Le champion olympique du 100 mètres et le vainqueur du Tour de France ont déclenché un terrible frisson dans le dos des amateurs d’athlétisme et de cyclisme. Car les deux athlètes portaient en eux les germes d’un possible renouveau. Gatlin, codétenteur du record du monde du 100m avec Asafa Powell, avait entamé un passionnant duel à distance avec le Jamaïcain, faisant presque oublier l’affaire Balco. Landis, lui, avait remis au goût du jour le vélo à l’ancienne, craquant totalement dans la montée vers la Toussuire, renaissant de ses cendres en cavalant vers Morzine pour gagner un tour débarrassé de tricheurs impliqués dans l’affaire Puerto. Jan Ullrich, vainqueur du Tour 1997, et Ivan Basso, qui avait triomphé dans le Giro, avaient été renvoyés à la maison la veille du départ pour leur implication dans un scandale mis au jour en mai par la Guardia Civil. « L’image de votre sport et, maintenant, votre événement phare sont jetés aux toilettes », avait alors dit Dick Pound, le président de l’Agence mondiale antidopage (AMA). Pourquoi la testostérone ? Lâchée par la justice, la Fédération espagnole avait été contrainte d’abandonner les charges pouvant peser sur les coureurs impliqués. En 2007, Basso courra sous les couleurs de la Discovery Channel, ancienne équipe de Lance Armstrong. Quelques semaines plus tard, le conte de fées de Landis avait redonné espoir à tout le monde. Christian Prudhomme, directeur du tour : « La performance de Landis a non seulement marqué le Tour 2006 mais toute l’histoire de la course. » Et comment. Le 27 juillet, l’équipe Phonak annonçait que Landis avait été contrôlé positif à la testostérone. L’analyse de l’échantillon B confirmait les soupçons et l’Américain, qui tente de discréditer le Laboratoire national de dépistage du dopage (LNDD), risque une suspension de deux ans et la perte de son titre. Deux jours plus tard, c’est Gatlin qui annonçait lui-même son contrôle positif à... la testostérone. « Cela ne colle tout simplement pas avec mon caractère ou avec la confiance que j’ai en mon don pour l’athlétisme », a dit l’Américain. Huit ans de suspension, appel en cours. Pourquoi la testostérone ? « Si la testostérone est de synthèse (ce que les analyses de Landis tendent à démontrer, NDLR), il se peut qu’il y ait eu prise d’autres produits non encore décelables », explique Gérard Dine, médecin et chercheur à l’Institut biotechnologique de Troyes, et expert auprès du CNRS. Progrès ? Pour ne rien arranger, le coach de Gatlin, Trevor Graham, a comparu devant un grand jury américain pour de fausses déclarations en relation avec de la distribution de stéroïdes. Graham, l’homme qui avait déclenché le scandale Balco en 2003 en envoyant anonymement une seringue contenant de la THG à l’USAda (Agence américaine antidopage), a plaidé non coupable. Six des athlètes entraînés par Graham ont été suspendus pour dopage ou contrôlés positifs, dont le sprinter Tim Montgomery. L’une des anciennes protégées de Graham, Marion Jones, qui avait fait l’objet d’une enquête dans l’affaire Balco, a été testée positive à l’érythropoïétine (EPO). Mais l’analyse de l’échantillon B l’a finalement blanchie en septembre. L’année du dopage avait commencé bien plus tôt. Aux Jeux olympiques de Turin, au mois de février, la présence de l’entraîneur autrichien Walter Mayer, interdit de JO, avait incité la police à perquisitionner dans les hôtels des skieurs de fond et des biathlètes. Dix athlètes avaient été testés, puis relaxés, après que Mayer se fut enfui. «Je pense que nous faisons des progrès, car comme vous l’avez vu, de nombreux athlètes très connus ont été pris, ce qui montre que le système marche », avait dit le président du CIO, Jacques Rogge, au mois de septembre. Trois mois plus tôt, aucun contrôle sanguin n’avait été effectué lors de la Coupe du monde de football.
Justin Gatlin et Floyd Landis, contrôlés positifs à la testostérone, substance d’un autre âge, ont replongé en 2006 le sport dans la vase du dopage.
Le champion olympique du 100 mètres et le vainqueur du Tour de France ont déclenché un terrible frisson dans le dos des amateurs d’athlétisme et de cyclisme.
Car les deux athlètes portaient en eux les germes d’un...