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La corruption et la guerre au Sri Lanka bloquent l’aide humanitaire

Deux ans après le tsunami qui a fait 31 000 morts et un million de sans-abri au Sri Lanka, la corruption et la guerre entre l’armée et la rébellion tamoule bloquent les milliards de dollars d’aide étrangère promis aux victimes, déplorent des experts. «Dieu seul sait si l’argent a été dépensé pour les victimes du tsunami ou pour quelqu’un d’autre », estime JC Weliamuna, directeur de l’antenne sri lankaise de l’organisation Transparency International. La corruption est endémique dans la distribution de l’aide humanitaire, juge-t-il. « Le gouvernement (sri lankais) accuse les organisations non gouvernementales, mais c’est l’hôpital qui se moque de la charité », poursuit-il. Déjà, pour le premier anniversaire du tsunami du 26 décembre 2004, le président du Sri Lanka Mahinda Rajapakse avait reconnu l’insuffisance des efforts pour les rescapés des vagues meurtrières. Aujourd’hui, Colombo admet que seulement la moitié des 100 000 habitations détruites ou endommagées ont été reconstruites. Le raz-de-marée a tué 31 000 personnes dans cette île d’Asie du Sud, détruit 75 % de ses infrastructures côtières et fait un million de sans-abri. En retour, la communauté internationale a promis plus de 3,2 milliards de dollars d’aide pour la reconstruction. Mais aujourd’hui, l’État sri lankais et les 400 ONG sur place sont renvoyés dos à dos pour ne pas avoir su gérer cet élan de générosité sans précédent. Personne ne sait quelle somme a réellement été débloquée à ce jour. Le contrôleur des finances publiques avait calculé en septembre 2005 que sur 1,16 milliard de dollars d’aide engagés, seulement 13,5 % avaient été vraiment dépensés. Depuis, aucun audit national n’a été réalisé. Des fonctionnaires reconnaissent, sous le couvert de l’anonymat, qu’une part infime de la manne internationale est parvenue aux survivants. L’agence gouvernementale pour la reconstruction et le développement (RADA) reconnaît qu’une partie de l’aide a été mal allouée. « Des personnes qui n’ont pas été touchées par le tsunami ont obtenu des maisons. Des (pêcheurs) ont reçu deux ou trois bateaux pendant que d’autres n’en ont eu aucun », explique Rukshana Nanayakkara, auditeur. Pire, de l’argent aurait directement atterri dans les poches de bienfaiteurs étrangers, accuse Transparency International. Des travailleurs humanitaires internationaux seraient payés trois fois plus que les locaux et gâcheraient les fonds dans l’achat d’onéreux véhicules tout-terrain et la location de luxueuses villas. « Nous savons que des salaires très élevés ont été versés », dit M. Weliamuna. Par ailleurs, les efforts de reconstruction sont entravés par le conflit entre l’armée et les insurgés tamouls dans le nord-est du Sri Lanka, contrôlé de facto par la rébellion et durement éprouvé par le tsunami. « Le processus de reconstruction avance, mais la situation sécuritaire compliquée dans le nord-est risque de réduire l’impact des interventions » humanitaires, estime l’agence RADA. Déjà fin septembre, les Nations unies avaient dénoncé la « mise en péril » des efforts de reconstruction engagés depuis fin 2004. Amal JAYASINGHE (AFP)
Deux ans après le tsunami qui a fait 31 000 morts et un million de sans-abri au Sri Lanka, la corruption et la guerre entre l’armée et la rébellion tamoule bloquent les milliards de dollars d’aide étrangère promis aux victimes, déplorent des experts.
«Dieu seul sait si l’argent a été dépensé pour les victimes du tsunami ou pour quelqu’un d’autre », estime JC...