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Actualités - OPINION

Les lecteurs ont voix au chapitre

Ni force ni entêtement Il m’importe de réagir devant cette tragi-comédie à laquelle nous assistons depuis quelque temps au Liban. J’exige de connaître la vérité sur les assassins du député et ministre dans le gouvernement actuel, Pierre Amine Gemayel. C’est pourquoi je pose au gouvernement les questions suivantes : est-il possible que nous assistions à un crime commis en plein jour avec une telle audace et un tel sang-froid sans qu’il soit possible de recueillir le moindre indice des semaines plus tard ? Qui sont les assassins de Pierre Gemayel ? Comment une quinzaine d’assassinats en deux années se sont-ils produits sans que l’on recueille une seule preuve ? Monsieur le Premier ministre, vous demandez l’assistance des pays occidentaux. Ne pensez-vous pas qu’en Occident, une manifestation de l’ampleur de celle qui s’est déroulée il y a quelques jours à Beyrouth aurait suffi à faire chuter un gouvernement ? L’absence de sécurité et l’assassinat d’hommes politiques n’auraient-ils pas provoquer la démission d’un cabinet, quel qu’il soit ? Mais où est donc la vérité que vous prétendez chercher ? En réalité, la vérité est que le pays se déchire et que vous ne faites rien pour arrêter cette brisure. Non, le Liban ne se gouverne ni par la force ni par l’entêtement. Il faut savoir accorder la participation de tous les courants et communautés qui font la diversité du Liban ; il faut savoir placer l’amour de sa patrie au-dessus de ses intérêts personnels. Judy ABDELNOUR Méfiez-vous des tentes Voir de jour en jour un nombre croissant de tentes dressées de la place de Riad el-Solh jusqu’à la place des Martyrs (plus de 500 à ce jour) réveille en moi de fâcheux souvenirs que nous Beyrouthins en général, et ma famille en particulier, avons vécus avec amertume et dû payer un lourd tribut durant plus d’un siècle Tout commença donc au début de la Première Guerre mondiale quand nous avons dû céder gratuitement de grandes parcelles de terrain à Bourj Hammoud après l’arrivée des premiers groupes d’Arméniens. Des tentes furent dressées à leur intention dans les terrains consacrés à l’agriculture. Idem avec les réfugiés palestiniens, après la Deuxième Guerre mondiale, avec leur implantation notamment à Tall Zaatar et à la Quarantaine. Puis, à cause de la guerre de quinze ans, un grand nombre de Sudistes s’installèrent dans la région des Sablons, près de l’aéroport de Beyrouth. Ces réfugiés édifièrent des lieux de culte, des écoles puis des bidonvilles. J’ai dû, avec quelques copropriétaires placés comme moi devant le fait accompli, vendre à un prix dérisoire les terrains. Méfiez-vous donc, messieurs, des tentes provisoires qui peuvent durer et devenir propriétés. Antoine SABBAGHA « La vraie révolution » J’ai lu la lettre de C. Béchara dans le journal du 20 décembre, intitulée « La vraie révolution ». Pour son auteur, la vraie révolution consiste à tendre la main aux Libanais du Sud dont on a si injustement et si longtemps ignoré la misère. Un bémol cependant à tant d’enthousiasme. M. Béchara n’est pas sans savoir, ni sans voir, que tendre la main à ces jeunes implique nécessairement tourner le dos à d’autres, sous la houlette de dirigeants exemplaires, passés maîtres en l’art de tourner et de se retourner. C’est un projet de vie libanais qu’il faut encourager, plutôt qu’une entente opportuniste, soutenue clairement par des acteurs non libanais dont la vision s’oppose diamétralement à l’idée qu’on se fait du Liban. La vraie révolution serait de voir tous ces jeunes réfléchir enfin pour eux-mêmes et par eux-mêmes, la vraie révolution serait de ne plus voir ces jeunes suivre des dirigeants dont ils ne connaissent ni l’histoire, rarement glorieuse, ni le projet national, souvent inexistant, ne plus voir nos jeunes les défendre envers et contre tous, tout, surtout le bon sens. La vraie révolution serait que nos jeunes demandent des comptes à leurs aînés, qu’ils retiennent enfin les leçons d’une histoire sur laquelle ils ne se sont jamais penchés. R. KHOURY Devoir de citoyen Une foule immense scandant des slogans, drapeaux libanais flottant au vent. De loin, une image de déjà-vu. Mais, en réalité, très différente. Ma grande peur est de voir vidés les grands moments nationaux de leur sens, effacées les couleurs de notre drapeau, de voir les chants patriotiques dérailler, de dépouiller les instances constitutionnelles de leur valeur. 14 mars 2005, les citoyens étaient mus par de nobles sentiments nationaux. Quand les mots ne veulent plus rien dire, c’est l’assassinat du message, de la communication, de la raison. L’Agence France Presse a rencontré une participante à l’une des manifestations, lui demandant pourquoi elle avait choisi la rue. Réponse : « Le gouvernement prenait seul toutes les décisions et il ne s’occupait pas de nous. » J’aurais beaucoup aimé que la journaliste lui demande quelles sont les décisions que le gouvernement a prises et qui sont contre les intérêts du Liban ? Et avec qui aurait-il dû les prendre? Qu’est-ce qu’un gouvernement à son avis ? À quoi sert la Chambre de députés ? Une autre personne à qui je demandais pourquoi elle allait parader au centre-ville, m’a répondu : « Je ne suis pas FL ! » Je m’excuse, mais je ne comprends pas. Cette démonstration contre le gouvernement n’est-elle en fait, pour certains, qu’un message à d’autres partis ? Ce qui me déçoit, avant de parler d’esprit critique, c’est le manque d’effort de certains de mes compatriotes pour aller au fond des choses, se faire leur propre opinion sur ce qui arrive. Est-ce qu’on peut réduire le mouvement du 14 Mars à une personnalité qu’on n’apprécie pas ? Est-ce qu’on peut pousser le Liban vers l’abîme par amour pour une autre ? Être ignorant et inintelligemment prendre parti peut-il nous exempter de responsabilité ? Non, je ne pense pas. Hommes et femmes, nous devons réfléchir à notre intérêt en tant que Libanais, et à ce que nous voulons que le Liban soit, pour nous et pour nos enfants. Roula DOUGLAS NDLR Dans le nombreux courrier que nous recevons quotidiennement, certaines lettres comportent des passages qui seraient difficilement publiables. Pour cette raison, et aussi afin de faire paraître le plus grand nombre possible de lettres, le journal se réserve le droit de n’en reproduire que les parties les plus significatives et d’en rectifier certains termes désobligeants. En outre, chaque missive doit comporter la signature (nom et prénom) de son auteur. Les lecteurs, nous en sommes certains, le comprendront, ce dont nous les remercions par avance.
Ni force ni entêtement

Il m’importe de réagir devant cette tragi-comédie à laquelle nous assistons depuis quelque temps au Liban. J’exige de connaître la vérité sur les assassins du député et ministre dans le gouvernement actuel, Pierre Amine Gemayel. C’est pourquoi je pose au gouvernement les questions suivantes : est-il possible que nous assistions à un crime...