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Actualités - OPINION

IMPRESSIONS Insaisissable Jonathan Littell !

Autant l’avouer sans faux-semblant. La majorité de l’auditoire venu assister à la rencontre avec Jonathan Littell et Richard Millet, animée par Alexandre Najjar, était là pour l’auteur des Bienveillantes. Curiosité envers cet écrivain devenu lui-même un... personnage, grâce à un premier «pavé» d’une inégalable noirceur, unanimement encensé par la presse – n’en déplaise à son éditeur Millet qui a évoqué la malveillance du milieu littéraire français envers son poulain ! – et couronné par deux prestigieux prix parisiens (le Goncourt et le Grand Prix de l’Académie française). Une aura d’autant plus entretenue par un désormais légendaire mutisme vis-à-vis de la presse comme du public et cette photo «à la boucle d’oreille» le montrant de trois quarts, insaisissable et ambigu, illustrant quasiment tous les articles qui lui sont consacrés. Dévisagé, décortiqué, analysé pour essayer de comprendre chez lui cette faculté à égrener les pires horreurs et atrocités sur plus de 900 pages, ce souffle épique et monstrueux à la fois, cette gageure à faire d’un thème aussi écœurant une grande œuvre littéraire, Littell ne se laisse pas deviner. Opposant à la – légitime – curiosité qu’il suscite un hermétisme, une distance aussi impressionnants que ses écrits, cet auteur n’aura pas été plus loquace à Beyrouth qu’à Paris. Et cela en dépit de sa « bienveillance » envers le pays du Cèdre, pour l’avenir duquel il semble craindre le pire! Finalement, ni une interview – faveur rare accordée à notre journal – pas plus qu’une conférence sur le thème de la puissance du roman sur l’histoire n’auront apporté de réels éléments d’éclairage sur les motivations qui ont poussé cet ex-engagé dans l’humanitaire (il a collaboré pendant sept ans à Action contre la faim) à entreprendre ce voyage littéraire dans la tête d’un bourreau de la Seconde Guerre mondiale, ou sur les séquelles qu’il pourrait avoir gardé à côtoyer, même en imagination, le morbide, l’insupportable, le mal absolu. On comprend parfaitement que le «phénomène Littell» n’ait pas envie de passer pour une animation de foire, il n’en reste pas moins que sa discrétion laisse ses lecteurs curieux, sur leur faim. Y aurait-il là une volonté délibérée de jouer sur les inévitables correspondances que l’on fera entre lui et le héros de son roman? Zéna ZALZAL

Autant l’avouer sans faux-semblant. La majorité de l’auditoire venu assister à la rencontre avec Jonathan Littell et Richard Millet, animée par Alexandre Najjar, était là pour l’auteur des Bienveillantes. Curiosité envers cet écrivain devenu lui-même un... personnage, grâce à un premier «pavé» d’une inégalable noirceur, unanimement encensé par la presse –...