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Les connivences meurtrières Pr Mounir CHAMOUN

On ne fera pas croire aux citoyens les plus naïfs ou à ceux considérés par certains régimes voisins ou des partis locaux comme des déficients mentaux que les nombreux attentats perpétrés dans notre pays, depuis de longues années, ne sont pas l’œuvre d’une seule et même instance opératoire, bénéficiant au Liban de connivences meurtrières évidentes. L’autre soir, sur une chaîne de télévision, un analyste politique faisait remarquer que toutes les personnes sauvagement éliminées ont été des opposants à l’occupation syrienne du Liban et à ses très nombreuses nuisances tant politiques, qu’économiques ou sécuritaires et qu’elles appartenaient, à deux exceptions près, à la communauté chrétienne. Pourquoi donc ce «pays chrétien» agace-t-il tant la Syrie voisine, qui continue à vouloir le déstabiliser, l’étêter ou à chercher de nouveau à le soumettre? Walid Joumblatt évoquait naguère, dans la foulée des indignations, que la Syrie a le «complexe» du Liban et qu’elle ne pense s’en dégager qu’en le détruisant, faute de pouvoir s’identifier aux aspects positifs de sa convivialité politique. Ce Liban, pluriel, culturellement ouvert, est l’antithèse, la négation même de «l’immense prison» qu’est la Syrie, comme le rappelait son père Kamal Joumblatt au président Hafez el-Assad, qui l’invitait à donner le Liban à la Syrie. Il l’a payé de sa vie, lui aussi cruellement assassiné avec ses compagnons en mars 1976, on s’en souvient. Où se situent la connivence et la félonie? De quelle nature sont-elles aujourd’hui, après avoir été longtemps en connexion avec un régime qui a essayé, trente ans durant, de détruire notre pays et d’ébranler en profondeur ses assises démocratiques et ses institutions? La première connivence directe, simple, banale bien que cruelle, est celle de ces équipes de tueurs, hautement spécialisés, qui exécutent tous les attentats restés jusqu’ici impunis, au scandale et à l’indignation exacerbée de tous. Tout le monde sait que s’ils ne bénéficiaient d’une inviolable protection en très haut lieu, jamais le champ de la sauvagerie ne leur serait aussi facilement ouvert. Tout ce que ces attentats supposent comme préparation technique, surveillance, observation minutieuse des victimes listées, échappe, comme par miracle, à la vigilance supposée de l’État, celui-là même qui, durant trois décennies, survivait en léthargie à l’ombre du protecteur assassin. Il y eut à ce niveau ceux qui savent, qui décident et font exécuter, ceux qui savent et qui se taisent et tous ceux qui, comme nous tous, ne savent rien ou qui ne doivent rien savoir, parce qu’ils sont maintenus dans l’ignorance la plus noire. La connivence meurtrière fut aussi celle de toute une classe politique qui, fixée sur ses intérêts immédiats et crapuleux, a allègrement bradé le fonctionnement des institutions de l’État en acceptant une loi électorale inique, en se soumettant au diktat syrien pour prolonger un mandat présidentiel déjà pétri d’échecs et d’irrégularités et pour reconduire, à la tête du Législatif, un serviteur zélé d’une volonté non-libanaise. Les Assemblées nationales élues depuis 1992, de même que les ministères issus de ces Parlements, à quelques rares exceptions, ne furent que parterres de personnes serviles à l’échine souple et à la volonté absente. N’est-ce pas toujours la position de tous ceux qui continuent à se réclamer de la Syrie et à se proclamer ostentatoirement alliés de son régime? La question à leur poser: êtes-vous alliés de la Syrie pour ou contre le Liban? Alliés de son hégémonie sur le Liban? Comment ne pas inclure, dans le fourgon de la connivence, un corps judiciaire, glacé de peur et de soumission, menacé, rendu inefficace par la volonté politique de l’occupant et de ses collaborateurs locaux, au point d’en faire un organisme public paralysé, facilement accusable de déni de justice, de fuite et d’évitement. La connivence meurtrière fut encore celle d’un État borgne, aveugle ou veule, qui a permis, sous son nez et à travers des frontières passoires, à une milice de s’équiper militairement et financièrement pour devenir une entité autonome et souveraine sur une partie de notre territoire, en y faisant régner sa loi totalitaire. Si ces trois formes de connivence ont été directes et pratiquement déclarées, il y eut également la complicité meurtrière indirecte de tout un peuple resté passif durant un temps plus long que la durée du mandat français, qui avait eu pour effet de doter le Liban de quelques institutions démocratiques. Complicité indirecte faite de silence et de non-organisation d’une véritable résistance à la honteuse occupation syrienne qui, jour après jour, ensevelissait nos aspirations légitimes à la liberté et à la démocratie. Pourquoi une nation devient-elle autosadique et autopunitive si elle n’est, à un moment de son histoire, orientée par les intérêts sordides de ses dirigeants? Il est temps de briser l’étau de ces connivences et de retrouver l’éclat d’un nouveau printemps, loin des surenchères démagogiques dans lesquelles succombent beaucoup de nos concitoyens, jeunes et universitaires surtout, obnubilés par des promesses illusoires brandies par des hommes politiques véreux. D’où viendra ce souffle régénérateur, sinon d’une nouvelle classe politique, courageuse et libérée? Aujourd’hui, hélas, notre pays manque outrageusement de bâtisseurs de nations et nos démagogues actuels n’engagent pas notre jeunesse dans la voie de la construction, mais dans celle d’un suivisme moutonnier, faisant le lit d’une conception de vie commune, totalitaire et fascisante. Article paru le Jeudi 14 Décembre
On ne fera pas croire aux citoyens les plus naïfs ou à ceux considérés par certains régimes voisins ou des partis locaux comme des déficients mentaux que les nombreux attentats perpétrés dans notre pays, depuis de longues années, ne sont pas l’œuvre d’une seule et même instance opératoire, bénéficiant au Liban de connivences meurtrières évidentes. L’autre soir,...