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Certains experts y voient un message de mécontentement de Ryad vis-à-vis de la situation en Irak Le soudain départ de Washington de l’ambassadeur saoudien entouré de mystère

Le soudain départ de l’ambassadeur saoudien aux États-Unis, le prince Turki al-Fayçal, qui a quitté lundi Washington, a surpris experts et diplomates et, en l’absence d’explication, est entouré de mystère. Le prince Turki, l’un des diplomates les plus influents de la capitale américaine et le maillon-clé d’une délicate alliance entre le royaume pétrolier et les États-Unis, a regagné Ryad, ont indiqué mardi des sources saoudiennes. Son départ précipité, qui intervient seulement 15 mois après sa prise de fonctions, a été motivé par des raisons personnelles, selon un responsable à l’ambassade saoudienne. « Cela est très bizarre et, pour la plupart d’entre nous, très surprenant », a réagi Michael Hudson, professeur d’études arabes à l’Université Georgetown de Washington. « Ce qui se passe en Arabie saoudite est difficile à décrypter, c’est un endroit très opaque. Ce départ soudain et abrupt est très inhabituel et tend à faire penser qu’il se passe quelque chose », ajoute-t-il. Parmi les experts et les diplomates, les raisons de son départ ont fait l’objet de nombreuses supputations allant d’une promotion inattendue à un rappel à la suite de manœuvres contre lui par des adversaires à Ryad. Certains y ont vu un message envoyé à Washington par l’Arabie saoudite, pour signifier son mécontentement vis-à-vis de la situation en Irak et nommer un ambassadeur moins apprécié par l’Administration Bush. D’autres théories, relayées par des sites Internet, ont fait état de remous dans la famille royale saoudienne. Le quotidien Washington Post évoquait dès mardi matin la possibilité d’un remplacement de son frère malade au poste de ministre des Affaires étrangères. Stratfor, un cabinet de conseil en géopolitique, est aussi allé dans ce sens estimant que « sa probable présentation comme ministre des Affaires étrangères était une preuve supplémentaire que Ryad comme Washington » le tenait en haute estime. À l’ambassade saoudienne, un responsable n’a pas souhaité réagir à ces supputations mais a tout de même déclaré : « Tout ce que nous savons, c’est que son frère est très malade et qu’il pourrait le remplacer. » Interrogée sur un tel scénario, une source à Ryad a répondu : « J’en doute. » Steven Clemons, expert en politique étrangère à la New America Foundation, a indiqué que, selon des sources saoudiennes, le prince Turki en avait simplement assez des coups bas portés par certains de ses adversaires au sein du gouvernement, moins favorables à des réformes. « Son départ est un point très négatif pour nous », a estimé Steven Clemons, en expliquant que l’influence au Proche-Orient du prince Turki était importante au moment où le président américain George W. Bush tente de trouver une nouvelle stratégie en Irak. Récemment, un article paru dans le Washington Post par le conseiller de l’ambassadeur sur la Sécurité, Nawaf Obaid, avait surpris en annonçant une intervention saoudienne en Irak pour « stopper les massacres de sunnites par les milices chiites soutenues par l’Iran » dans l’éventualité d’un retrait des troupes américaines. Le prince Turki avait pris ses distances avec l’article de son conseiller, mais sa parution était intervenue quelques jours après le voyage à Ryad du vice-président américain Dick Cheney, analysé par certains observateurs comme un signe de tensions entre les deux gouvernements. Son départ va aussi priver experts, diplomates et journalistes d’un diplomate prompt à faire des remarques incisives sur la politique américaine au Proche-Orient, et notamment en Irak. L’ex-ambassadeur, 61 ans, pensait que Washington devait notamment dialoguer avec l’Iran et renouveler ses efforts pour relancer le processus de paix entre Israël et les Palestiniens, comme le préconise le rapport Baker.
Le soudain départ de l’ambassadeur saoudien aux États-Unis, le prince Turki al-Fayçal, qui a quitté lundi Washington, a surpris experts et diplomates et, en l’absence d’explication, est entouré de mystère.
Le prince Turki, l’un des diplomates les plus influents de la capitale américaine et le maillon-clé d’une délicate alliance entre le royaume pétrolier et les...