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Pinochet se remet de façon satisfaisante, « surprenante » pour certains La page de la dictature se tourne définitivement au Chili

Les réactions à l’infarctus d’Augusto Pinochet montrent que la page de la dictature est en voie d’être définitivement tournée au Chili où l’ex-dictateur a été abandonné par la classe politique conservatrice, même si l’armée compte honorer son ancien chef le jour où il disparaîtra. Son hospitalisation d’urgence pour une attaque cardiaque a fait ressurgir la controverse autour de son futur enterrement et permis de mesurer que l’ex-dictateur de 91 ans, même à deux doigts de la mort, ne faisait plus recette auprès de ses anciens partisans de la droite la plus conservatrice. Seule une poignée de fidèles ont campé durant deux jours devant l’hôpital militaire où le vieux militaire luttait contre la mort, mais dont l’état de santé s’est nettement amélioré hier. « Pour certains aspects, le Chili a tourné la page de Pinochet, mais pour d’autres non », a déclaré à l’AFP l’analyste Ricardo Israel, responsable du Centre d’analyse de sciences politiques. « Ses partisans forment un groupe minoritaire », a-t-il souligné, en notant que « la droite l’a abandonné définitivement ». Le coup fatal fut la découverte en juillet 2004 par le Sénat américain d’une centaine de comptes secrets aux noms de Pinochet et de membres de son entourage auprès de la Riggs Bank. Comment ce général, qui ne possédait qu’une modeste maison et une petite voiture au moment du coup d’État en 1973, pouvait-il être à la tête d’une fortune dépassant les 27 millions de dollars ? « Il y a deux choses que j’estime inacceptables pour un homme d’État, premièrement qu’il ne respecte pas les droits de l’homme, et deuxièmement cette affaire de l’argent de la Riggs Bank, je trouve cela scandaleux », a déclaré hier le sénateur Alberto Espina (Rénovation nationale, droite libérale). La justice chilienne enquête encore sur ces comptes secrets aux États-Unis comme sur les 9 tonnes d’or qu’aurait déposées Pinochet auprès de la banque HSBC de Hong-Kong qui a néanmoins démenti. En définitive, « Pinochet représente deux choses au Chili : la transformation économique et les violations des droits de l’homme », a résumé Ricardo Israel. L’ex-chef de l’État s’est toujours enorgueilli du « miracle chilien ». « Il a fait des réformes que seul un régime militaire pouvait obtenir, cela aurait été difficile en démocratie, mais les années de démocratie ont maintenu ces réformes et les ont améliorées », observe M. Israel. Selon l’économiste Alvaro Baron, ex-collaborateur du régime de Pinochet, le parcours libéral emprunté doit en fait davantage à une succession de hasards qu’à un choix idéologique délibéré. Pinochet, peu versé en économie, opta pour le libéralisme en réaction au socialisme de Salvador Allende. Par ailleurs, la polémique autour des funérailles de l’ancien dictateur a révélé un certain embarras du gouvernement social-démocrate de Mme Michelle Bachelet dont le père, général, fut torturé à mort par la police de Pinochet. Le gouvernement a tranché pour des honneurs strictement militaires en présence de la ministre de la Défense, Viviane Blanlot, alors que le dernier carré des partisans de l’ex-dictateur réclamait un deuil national de trois jours avec drapeaux en berne. Pour le spécialiste militaire Sebastian Briones, l’armée aussi est gênée : « Pour beaucoup de jeunes militaires (rendre les honneurs à Pinochet) ne favorise pas l’image d’une institution qui s’efforce de se rapprocher de la société » civile. Or l’opinion publique chilienne n’oublie pas les 3 000 morts et disparus de la dictature et les quatre procès ouverts contre Pinochet pour violations des droits de l’homme. En même temps, « la réalité, c’est que Pinochet est un membre de l’armée qui n’a pas été condamné » et il faudra lui rendre les honneurs, relève M. Briones. Cette situation risque toutefois de tarder. En effet, l’ex-dictateur qui a passé le cap critique, après une opération du cœur risquée chez une personne très âgée, continuait hier de se rétablir de façon « satisfaisante », aux dires de son équipe soignante, voire « surprenante » pour d’autres. Le général de 91 ans a commencé ses exercices de rééducation et a pu se lever et s’asseoir à plusieurs reprises dans un fauteuil de sa chambre, ont expliqué ses médecins. Le père Ivan Wells, aumônier de l’armée et confesseur de Pinochet, qui lui avait administré l’extrême onction dimanche, a affirmé au quotidien La Secunda qu’un moine chinois avait prédit au général « qu’il vivrait plus de cent ans ».

Les réactions à l’infarctus d’Augusto Pinochet montrent que la page de la dictature est en voie d’être définitivement tournée au Chili où l’ex-dictateur a été abandonné par la classe politique conservatrice, même si l’armée compte honorer son ancien chef le jour où il disparaîtra.

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