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Actualités - CHRONOLOGIE

EN DIRECT DE PARIS - «Titien, le pouvoir en face» au Musée du Luxembourg jusqu’au 21 janvier 2007 Le pouvoir du portrait

Tiziano Vecellio, dit Titien, prince parmi les princes, possédait l’élégance du trait. L’éclat de lumière qu’il a, du bout de son vibrant pinceau, posé dans ses toiles a illuminé la peinture vénitienne du XVIe siècle et l’art du portrait en particulier. Après Raphaël, Botticelli et Véronèse, le Musée du Luxembourg poursuit sa plongée dans la Renaissance et l’art italien avec cette magnifique exposition. Se transformant ainsi en une somptueuse galerie de portraits, pour y présenter les grands princes de la Renaissance, immortalisés par le non moins grand artiste. Depuis 1993 et l’importante rétrospective dédiée au «siècle de Titien», Paris n’avait plus accueilli d’exposition consacrée au grand maître. L’exposition «Le pouvoir en face» fut possible grâce à un jumelage avec «Titien et le portrait de cour, de Raphaël à Carrache» qui s’est tenue à Naples, au printemps dernier. Dans ce lieu à la fois imposant et à taille humaine, l’atmosphère est solennelle, chaude. Les salles, somptueuses, sont tendues de velours rouge. La scénographie a voulu recréer l’atmosphère d’une galerie d’époque. Le Musée du Luxembourg est un bel et noble écrin pour exposer le maître du portrait. Celui qui a su renouveler l’art du portrait en le rendant plus réel, moins lyrique, plus humain aussi. Avec lui, le pape Paul III, l’empereur Charles Quint, son fils Philippe II, François Ier, Isabelle du Portugal, Isabelle d’Este et d’autres nobles sont représentés dans toute leur élégance, parés de costumes somptueux, mais avec un regard, une posture, un détail qui traduisent parfaitement leur personnalité. Témoin de leur noblesse, le peintre a également voulu être, il sera le premier à le faire, un miroir de leur âme. Il sera également le seul artiste de la Renaissance à avoir réinventé le rôle de la femme, qu’il exprime dans toute sa beauté, sensualité et intelligence, comme un individu à part entière. Magnifique galerie de portraits Pour permettre ce voyage – virtuel – dans la Cité des Doges et dans le monde de Titien, une soixantaine d’œuvres ont été prêtées au Musée du Luxembourg par de grandes institutions internationales. Trente-cinq sont de lui, les autres, signées Lorenzo Lotto, Parmigianino, Giulio Romano, Rubens et le Tintoret, ont été choisies pour pouvoir établir une comparaison entre toutes ces toiles, sur un même thème: la représentation du pouvoir. Que ce soit un pouvoir politique, détenu par un monarque (Charles Quint, Philippe II, François Ier), un doge vénitien (Niccoló Marcello, Mercantonio Trevistan), ou un duc des petites cités d’Italie du Nord. Qu’il s’agisse du pouvoir religieux (le pape Paul III), du pouvoir culturel (Spero Speroni), ou artistique (l’Arétin). Qu’il s’agisse enfin du pouvoir de séduction, celui de femmes illustres (Laura Danti, Clarice Strozzi). L’exposition se divise en deux sections : d’une part, le pouvoir avec les effigies politiques, empereurs, rois, papes, principaux protagonistes des cours italiennes et hommes publics. D’autre part, la société vénitienne du siècle, avec son lot d’intellectuels, de nobles, de bourgeois et de femmes. Sans compassion, mais avec réalisme et un souci de profondeur psychologique, avec un brillant rendu de tissus et une lumière puissante et fluide, des lignes de profil fermes, des regards intenses, une présence fidèle au modèle, Titien, que Charles Quint avait sacré peintre officiel de l’empire, avec le titre de comte palatin et chevalier de l’Éperon d’or, a libéré le portrait de toute contrainte de ligne et de forme. «Mieux vaut être peint par Titien qu’engendré par la nature», avait affirmé un de ses modèles, Spero Speroni. L’exposition «Le pouvoir en face» est une belle occasion de regarder, en face, pour s’en imprégner totalement les œuvres de ce grand maître du portrait. Un pouvoir qu’il a totalement maîtrisé, jusqu’à la fin de sa vie… Repères biographiques Vers 1488: naissance de Tiziano Vecellio à Pieve Di Cadore, près de Venise, dans une importante famille italienne. 1500: il arrive à Venise et démarre son apprentissage dans les plus grands ateliers de l’époque, ceux de Gentile et Giovanni Bellini. C’est là qu’il rencontre Giorgione, autre grand maître vénitien, avec qui il travaille jusqu’à la mort de ce dernier en 1510. 1513: il est nommé peintre officiel de la Sérénissime, à la mort de Giovanni Bellini. 1533: deuxième rencontre avec Charles Quint. Il est fait comte palatin et chevalier de l’Éperon d’or. Il est considéré comme le peintre de la cour des Habsbourg. Fin des années 1550: Titien aborde une nouvelle phase de son œuvre en s’engageant dans un «impressionnisme magique». 1566: il est élu à l’Académie des peintres toscans, auprès de Palladio et le Tintoret. 1576: Titien est emporté par l’épidémie de la peste qui frappe Venise. Il meurt le 27 août en laissant une Pietà inachevée, destinée à son tombeau. Carla HENOUD

Tiziano Vecellio, dit Titien, prince parmi les princes, possédait l’élégance du trait. L’éclat de lumière qu’il a, du bout de son vibrant pinceau, posé dans ses toiles a illuminé la peinture vénitienne du XVIe siècle et l’art du portrait en particulier. Après Raphaël, Botticelli et Véronèse, le Musée du Luxembourg poursuit sa plongée dans la Renaissance et...