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Nigeria - Un rapport d’Amnesty International Près de 14 000 viols perpétrés par les soldats et les policiers depuis 1999

Près de 14 000 femmes ont été violées au Nigeria par des militaires et des policiers depuis le retour de la démocratie en 1999, selon un rapport diffusé hier à Lagos par Amnesty International qui accuse les autorités de fermer les yeux. « Le viol par les forces de police et de sécurité est endémique au Nigeria, tout comme la démission des autorités quand il s’agit de traduire les auteurs en justice », ont déclaré les représentants d’Amnesty en présentant à la presse ce document de 40 pages. Le rapport, intitulé « Nigeria : viol, l’arme silencieuse », publie des témoignages de victimes et cite une enquête de la Fondation Cleen (organisation non gouvernementale nigériane) qui répertorie un total de 13 852 cas de viol ou de violences sexuelles entre 1999 et 2005 avec un pic à 2 284 cas pour la seule année 2001. Amnesty accuse le gouvernement nigérian d’avoir failli à ses « obligations » en permettant aux coupables de viol d’échapper à la justice et en refusant toute réparation aux victimes. Le rapport souligne également les obstacles dressés à la dénonciation et à la poursuite des cas de viol, citant la corruption et l’incompétence. Selon le document, à peine 10 % des cas de viol donnent lieu à des poursuites. Le texte, auquel ont contribué plusieurs organisations de défense des droits de l’homme, détaille des cas de crimes commis contre des femmes et des jeunes filles par des soldats et des policiers déployés dans diverses parties du pays pour y « maintenir la loi et l’ordre ». Le rapport d’Amnesty affirme également que le viol et l’esclavage sexuel ont été utilisés par les forces de l’ordre « pour intimider les communautés vivant dans le delta du Niger », la riche région pétrolière du sud du pays en proie régulière à la violence et où des groupes séparatistes réclament une plus grande partie pour les populations locales des milliards de dollars générés par l’or noir. Interrogé par l’AFP, le colonel Ayo Olaniyan, porte-parole de l’armée de terre, a déclaré que ce problème était « surévalué », se refusant à tout autre commentaire « en attendant de lire le rapport ». Une femme, identifiée sous le prénom de Grace, a raconté à l’AFP avoir été violée en mai 1994 en pays Ogoni (Sud) par des soldats qui ont ensuite tué ses 2 enfants. Dans cet entretien à visage découvert malgré la peur, Grace raconte son drame : « Ils (les soldats) sont arrivés en pleine nuit, ont défoncé la porte de la maison et se sont mis à me frapper. J’étais à terre sous la menace d’une arme, sous les yeux de mes 2 petits. Trois soldats m’ont prise par derrière. J’étais enceinte de 7 mois, et pourtant ils m’ont violée, jusqu’au sang. » Douze ans après l’indicible, la voix est blanche, parfois entrecoupée de petits sanglots. Selon elle, les soldats ont abattu ensuite ses 2 enfants et emmené les corps dans le bush. « J’ai perdu 2 choses : mes petits et mon mari, qui m’a rejetée après le viol », poursuit Grace, aujourd’hui âgée de 45 ans et mère de 8 enfants. Elle continue pourtant de demander justice et réparation pour ses 2 enfants.
Près de 14 000 femmes ont été violées au Nigeria par des militaires et des policiers depuis le retour de la démocratie en 1999, selon un rapport diffusé hier à Lagos par Amnesty International qui accuse les autorités de fermer les yeux. « Le viol par les forces de police et de sécurité est endémique au Nigeria, tout comme la démission des autorités quand il s’agit de...