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Parasols de l’espace, production de phytoplanctons, lâcher de SO2 dans l’atmosphère... L’audace et le loufoque au service de la planète

Les efforts politiques engagés sous l’ombrelle du protocole de Kyoto risquant de s’avérer insuffisants face aux défis du changement climatique, les scientifiques envisagent les solutions techniques les plus audacieuses et parfois carrément loufoques. Boudé par les États-unis, pollueur n° 1, et à ce jour non contraignant pour la Chine et l’Inde, le traité international demande aux 36 pays industrialisés de réduire, d’ici à 2012, de 5 % leurs émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990. Quand les experts estiment qu’une réductions de près de 60 % sera indispensable d’ici à 2050 pour éviter la catastrophe. Le défi paraît donc d’une telle ampleur que des projets qui apparaissaient encore comme fous ou dangereux sont aujourd’hui reconsidérés. L’un de ces projets, défendu par le Pr Roger Angel de l’Université d’Arizona, éminence en sciences optiques, suggère de déployer de gigantesques parasols dans l’espace. Son « bouclier solaire », une toile d’araignée de 2 000 km de large, habillée de panneaux comprenant six miroirs inclinables, permettrait de renvoyer de la terre vers l’espace une partie du rayonnement solaire et de réduire son impact de 2 %, compensant en partie les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement du globe. Pas si fou, a estimé l’Institute for Advanced Concepts (NIAC) de la NASA, qui a demandé le mois dernier au Pr Angel de redéfinir son projet en détail. Son concepteur en estime le coût à 3 milliards de dollars, à peine 2 % du PIB mondial, souligne Angel, trois fois rien comparé aux coûts prévisibles du réchauffement climatique. Autre idée avancée par le prix Nobel de Chimie 1995, le Néerlandais Paul Crutzen, spécialiste du trou dans la couche d’ozone : lâcher du dioxyde de soufre (SO2) dans l’atmosphère pour atténuer la force des rayons solaires touchant terre. Certes, après quelques années, les particules retourneraient à l’envoyeur, mais portées par la circulation stratosphérique, elles auraient eu le temps de jouer leur rôle d’écran rafraîchissant. L’idée a germé après l’éruption du volcan Pinatubo aux Philippines, en 1991 : dans les deux années suivantes, les cendres disséminées ont entraîné une baisse des températures de 0,5°C à la surface de la terre. Édouard Bard, professeur au Collège de France, à Paris, a cependant prévenu que le phénomène du Pinatubo, complexe, était encore mal compris et avait provoqué des « variations très significatives » d’une région à l’autre : précipitations extrêmes sur le Nord-Ouest atlantique, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, mais réchauffement prolongé sur le nord de l’Europe... Ce qui n’est pas sans conséquence sur la faune, la flore ou la chaîne alimentaire. La même prudence a accueilli l’idée de stimuler la production de phytoplancton dans l’océan en l’engraissant avec des particules de fer, de façon à ce qu’il avale l’excès de dioxyde de carbone (CO2), principal gaz à effet de serre. Des tests à petite échelle ont été menés dans l’océan Arctique, le Pacifique équatorial et le Pacifique Nord : certes le plancton prospère, mais il reste trop d’inconnues liées aux courants, à l’ampleur des volumes et au nombre d’espèces concernées. Le Pr Bard a estimé que le CO2, au lieu de rester stocké dans le plancton au fond des océans, pourrait de nouveau être libéré dans l’atmosphère ou dans les océans, privés d’oxygène et acidifiés du même coup. Un scénario catastrophe qui verrait la prolifération d’algues productrices de dioxyde d’azote (NO2), « un gaz à effet de serre bien plus puissant que le CO2 ».
Les efforts politiques engagés sous l’ombrelle du protocole de Kyoto risquant de s’avérer insuffisants face aux défis du changement climatique, les scientifiques envisagent les solutions techniques les plus audacieuses et parfois carrément loufoques.
Boudé par les États-unis, pollueur n° 1, et à ce jour non contraignant pour la Chine et l’Inde, le traité international...