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Actualités - REPORTAGE

Environnement - Le changement climatique, une menace pour l’être humain Dépérir de chaleur, c’est possible... Mariam SEMAAN

Le réchauffement climatique menace la planète. Le processus est désormais inexorable. Cependant, il est lent et pas assez « spectaculaire », ce qui empêche les individus de mesurer ses dangers à leur juste mesure. Fifi Kallab, consultante en socio-économie de l’environnement, tire la sonnette d’alarme et explique les conséquences dramatiques de cette augmentation de la température sur la vie quotidienne des populations méditerranéennes. D’ici à 2080, la côte libanaise telle que nous la connaissons aujourd’hui aura disparu. Byblos et Tyr n’existeront plus que sur les cartes postales, et il faudra des fouilles sous-marines pour retrouver les vestiges de Nahr el-Kalb et de Ramlet el-Baïda. Le réchauffement climatique a déjà commencé, lentement mais sûrement. Il est temps de se rendre compte qu’il ne s’agit pas d’un « danger lointain pour la planète », mais d’une menace réelle qui affecte dès aujourd’hui la vie quotidienne de chacun de nous. Adieu Byblos et Tyr « D’ici à 2080, le pourtour méditerranéen et les pays du Moyen-Orient connaîtront une élévation de température qui variera entre 1 et 6 degrés Celsius. Une étude récente a montré qu’une hausse de 3,5 degrés affectera le Liban, alors que l’Arabie saoudite connaîtra une élévation de 6 degrés », affirme Mme Kallab. « La première conséquence concrète du réchauffement du climat sera l’élévation du niveau de la mer de 95 cm. Les sites côtiers, comme Nahr el-Kalb au Liban, Alexandrie en Égypte ou Venise en Italie seront inondés. Au Liban, les sites historiques de Byblos ou de Tyr, par exemple, sont en première ligne, ainsi que les étendues agricoles, comme à Damour. Un mètre d’eau en plus, c’est aussi un rétrécissement des plages et une diminution des surfaces de construction », explique Mme Kallab. Avec, pour conséquence, des mouvements migratoires de population et des pertes économiques dans les secteurs du tourisme, de l’agriculture et de l’immobilier. « Le phénomène va également conduire à une salinité des eaux souterraines », poursuit la spécialiste. « Quand on sait que 65 % des immeubles de Beyrouth puisent leur eau dans des puits privés, on peut imaginer la catastrophe qui résulterait suite à une pénurie d’eau. Au plan quantitatif d’abord : certaines villes connaîtront une pénurie d’eau pendant 10 mois consécutifs, alors que les rations quotidiennes par individu seront très en dessous de la quantité nécessaire. Au plan qualitatif ensuite, avec une eau salée, polluée, propice au développement des maladies. » Choléra et malaria La santé de l’individu est-elle donc directement menacée par le réchauffement de la planète ? « Les populations seront beaucoup plus vulnérables aux maladies, répond Mme Kallab, notamment celles qui sont transmises par l’eau, comme le choléra, la typhoïde ou la salmonelle. » À noter également la réapparition des maladies transmises par les moustiques : « De nouveaux cas de malaria ont été détectés chez des personnes qui n’ont jamais voyagé. Cela prouve que l’insecte existe au Liban », avertit Mme Kallab. Les maladies transmises par les animaux comme la brucellose ou les maladies respiratoires seront aussi le lot des populations, résultat d’une combinaison de chaleur et de pollution. Et le cancer ? « Il ne faut pas confondre le réchauffement climatique avec le trou de la couche d’ozone, à l’origine du passage des rayons solaires responsables du cancer », explique l’experte. Pas de risque, donc, de cancer dû au réchauffement climatique,qui, en revanche, risque de provoquer des dessèchements de peau de plus en plus importants. « La chaleur que l’on ressent aujourd’hui en bord de mer sera ressenti à 350 mètres d’altitude dans quelques dizaines d’années. Rassurez-vous, il y aura toujours de la neige pour skier, mais les saisons seront plus courtes et la fonte des neiges beaucoup plus rapide. Il faudra aussi dépenser beaucoup plus en climatisation et protection solaire. » Il faudra aussi compter avec les périodes de canicule, les inondations et les sécheresses. C’est au niveau de l’agriculture que les grands changements auront lieu. Avec la chaleur et la disparition des plaines côtières, les agrumes auront la vie difficile. Les coûts de préparation des terrains en hauteur et le pompage d’eau à contre-courant ne résisteront probablement pas à la compétitivité des prix. Moins de citrons et d’oranges en perspective, en revanche, place aux cultures exotiques, aux mangues, papayes et ananas ! Ce tableau sombre s’appliquera à l’ensemble de la planète, mais les effets du changement climatique se feront ressentir à des degrés différents selon les régions du monde. Malgré ses mises en garde alarmistes, Mme Kallab tient à relativiser la menace : « Le Liban se situe dans la zone de “risque très moyen”, alors que l’Afrique est particulièrement vulnérable. » Lobbying pour États défaillants Face à la menace, des mesures de stabilisation doivent être prises de toute urgence au niveau des États, afin de limiter les émissions de CO2 responsables du réchauffement. « Les gouvernements de la région ont tous signé les textes et protocoles, mais ils n’en appliquent aucun. Le travail se fait essentiellement au niveau de la société civile et des organisations non gouvernementales, au Liban, en Palestine, en Égypte ou en Tunisie. Cependant, à ce jour, ces organismes ne coordonnent pas leur travail », déplore l’experte. C’est donc aux citoyens eux-mêmes, à leur échelle bien sûr, de prendre leur avenir en main : « Prenez une douche au lieu d’un bain, utilisez les transports en commun, développez les énergies alternatives, limitez l’usage des produits chimiques... », conseille Mme Kallab. Et, surtout, sensibilisez les gens autour de vous, constituez des lobbies, agissez, car lorsque la planète se consume à petit feu, ce sont vos arrières-petits-enfants qui seront dans la casserole.
Le réchauffement climatique menace la planète. Le processus est désormais inexorable. Cependant, il est lent et pas assez « spectaculaire », ce qui empêche les individus de mesurer ses dangers à leur juste mesure. Fifi Kallab, consultante en socio-économie de l’environnement, tire la sonnette d’alarme et explique les conséquences dramatiques de cette augmentation de la température...