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Actualités - OPINION

Lettre d’un journaliste algérien au président Amine Gemayel

« La haine est une braise ardente qui consume le cœur de celui qui la porte ! » (Paroles d’un inconnu qui croit en l’homme) Monsieur le Président, J’ai attendu quelques jours après l’ignoble assassinat de votre cher enfant pour me permettre de vous présenter mes sincères condoléances. Parce qu’il me semble qu’il ne convient pas à l’obscur journaliste que je suis de mêler son émotion à celle des hommes illustres qui vous expriment leurs regrets, à celle de vos compatriotes qui manifestent leur colère, et à l’indignation de l’humanité entière qui compatit à votre douleur et à celle du Liban. Monsieur le Président, cher frère, je voudrais que vous sachiez combien d’hommes comme moi, qui sont si loin du Liban, mais qui en sont si proches par le cœur et par leur admiration pour l’homme sage que vous êtes, sont émus par la tragédie immense qui vous frappe. Le malheur qui s’est abattu sur vous et votre famille, qui vous a arraché votre enfant, qui a fauché une vie heureuse, qui a brisé l’envol d’une promesse pour un Liban fraternel est le nôtre aussi. J’ai écouté, avec une immense admiration et comme des millions de téléspectateurs, vos appels à l’apaisement et à la prière. Paroles d’amour qui honorent votre foi, qui sont autant de réponses à la folie meurtrière qui endeuille l’innocence, et qui n’a d’autre objectif que d’attiser la haine et la discorde. Le peuple libanais, petit par le nombre mais si grand par l’histoire et par ses valeurs intrinsèques, est devenu à son corps défendant la pierre d’achoppement de tout le Moyen-Orient. Il est la confluence de conflits régionaux où les seuls rôles dans lesquels il est confiné sont ceux de victime et de prête-nom. La Syrie, l’Iran et Israël s’y livrent une guerre par Libanais interposés. La tragédie indicible de nos frères palestiniens y est évacuée comme un exutoire, comme un abcès qu’on crève pour faire tomber la fièvre. Le peuple libanais, au sein duquel les religions du Livre ont pu coexister et prospérer, même pendant les temps tumultueux de l’islamisation et des croisades, a été contraint de s’entretuer, de brandir des bannières sanglantes qui ne sont pas les siennes et jusqu’à se prêter à la guerre contre ceux-là mêmes qu’il a accueillis en frères d’infortune. Mais le fracas, le carnage et la dévastation n’ont pas eu raison de l’âme du Liban. Car le Liban est une nation qui ne peut mourir. Car dans sa multitude et sa diversité, le Liban est une patrie indivisible, un hymne à la fraternité. Ils le savent bien, tous ces Libanais de la diaspora qui se reconnaissent et se rassemblent dans ces terres lointaines où l’atavisme phénicien les a poussés. Au centre d’accueil de la presse étrangère de Paris, où je côtoyais mes amis journalistes libanais et les hommes politiques de toute confession et de toute obédience, j’ai pu mesurer pleinement la relation intime et presque complice de ces Arabes d’exception, malgré leurs divergences et leurs ancrages. Lors de l’hommage qui a été rendu au journaliste émérite et néanmoins politicien engagé, Gebran Tueni, après son lâche assassinat, j’ai vu couler les larmes discrètes d’un Libanais du Hezbollah. Un homme qui pleurait la perte d’un adversaire politique parce qu’il connaissait sa valeur et qu’il déplorait sa perte cruelle. Monsieur le Président, cher frère, je prie le Dieu Tout-Puissant, celui de tous les hommes, qu’ils soient chrétiens, juifs, musulmans et même incroyants, que cette lettre de compassion et de reconnaissance puisse vous parvenir. Je sais que votre souffrance et celle de votre famille, celle de tout un peuple qui ne cesse de souffrir dans sa chair, ne peuvent ébranler votre foi et vos certitudes en une aurore qui ne tardera pas à illuminer tout le Liban. Les forces mauvaises et mortifères qui s’acharnent sur le peuple admirable qui est le vôtre sont vouées à l’extinction. La démesure et la brutalité n’auront pas raison de la vie et de l’amour. Pierre Gemayel n’est pas mort. Il s’est fondu dans cette sève généreuse qui montera le long du cèdre protecteur et le nourrira jusqu’à ses cimes. Il est plus vivant que jamais, et les sombres desseins qui n’ont d’autre but que de précipiter le Liban dans le chaos et les affres de la guerre civile resteront vains. Parce que des hommes comme vous ne le permettront pas. Respectueusement, Votre frère, Djamaledine BENCHENOUF
« La haine est une braise ardente
qui consume le cœur de celui qui la porte ! »
(Paroles d’un inconnu qui croit en l’homme)

Monsieur le Président,

J’ai attendu quelques jours après l’ignoble assassinat de votre cher enfant pour me permettre de vous présenter mes sincères condoléances. Parce qu’il me semble qu’il ne convient pas à l’obscur journaliste que...