TÉMOIGNAGE Raëd, 16 ans, victime de chantage sexuel dans une prison israélienne

Raëd, 16 ans, est un jeune Palestinien de Gaza qui a été victime de chantage sexuel par des officiers de renseignements israéliens afin de l’amener à collaborer avec le Shin Beth. Voici son témoignage recueilli par DCI : «Je vis avec ma famille, composée de 15 personnes, dans une petite maison au nord de Gaza. Comme nous vivons dans des conditions précaires, j’ai été contraint d’abandonner mes études scolaires afin de travailler et de subvenir aux besoins de ma famille. C’est ainsi que le 12 janvier 2004, j’ai décidé de m’aventurer à l’intérieur d’Israël, dans l’espoir d’y trouver un travail. Je venais de franchir les barrières quand je me suis retrouvé entouré par des soldats israéliens qui m’ont immédiatement arrêté. Lors de ma détention, qui a duré deux mois environ, j’ai été interrogé pendant dix jours durant lesquels j’ai été battu, torturé, menacé et insulté. À la fin de mon interrogatoire, j’ai été surpris par le changement soudain d’attitude des officiers israéliens qui sont devenus plus aimables avec moi. L’un d’entre eux m’a enlevé les menottes et a commencé à me parler sur un ton très amical. Il m’a affirmé qu’il savait tout de la situation économique de ma famille et qu’il était prêt à nous venir en aide. Il m’a même assuré qu’il allait octroyer un permis de travail à ma mère et mes frères, juste pour prouver ses bonnes intentions. Mais en contrepartie, il voulait que je collabore avec les services de renseignements israéliens. Il m’a demandé de prendre mon temps avant de lui donner une réponse définitive et m’a laissé seul dans la salle d’interrogatoire. Une heure plus tard, une soldate israélienne est entrée dans la salle et m’a offert une tasse de thé. Elle s’est mise à me parler de la paix, de la guerre et de la situation régionale. Ensuite, on m’a envoyé dans ma cellule et j’y suis resté trois jours consécutifs sans parler avec personne. Le quatrième jour, j’ai été entraîné une nouvelle fois dans la salle d’interrogatoire où l’officier israélien attendait la réponse à son offre. Lorsque j’ai catégoriquement refusé de collaborer, il est devenu furieux et a commencé à me battre. La soldate est ensuite entrée et a emmené l’officier hors de la salle. Elle est ensuite revenue avec un kit médical pour soigner mes blessures. Alors qu’elle nettoyait mon visage, je la sentais s’approcher très lentement de moi. Puis elle m’a embrassé en me caressant le corps. Je ne savais pas quoi faire, j’avais très peur. Elle a continué à m’embrasser, sa main frôlant des parties intimes de mon corps, pendant près de cinq minutes. Soudain, elle s’est levée et m’a laissé seul dans la salle. Un peu plus tard, l’officier de renseignements israélien est revenu me voir avec une cassette vidéo en main. Il a alors menacé d’envoyer la cassette, dans laquelle on m’avait filmé avec la soldate, à ma famille et de provoquer un scandale si je ne collaborais pas avec lui. Je ne pouvais qu’accepter… Ma mission était de suivre certains activistes dans mon voisinage et de rapporter leurs mouvements à l’officier. Il m’a ainsi donné un téléphone mobile afin de rester en contact avec lui. Puis, un jour, deux semaines après ma libération, mon frère aîné a vu le téléphone et m’a demandé d’où il venait. Comme j’avais très peur de dévoiler mon secret, je lui ai menti. Mais il ne m’a pas cru et a insisté pour connaître la vérité. Je lui ai alors raconté ce qui m’était arrivé en détail. Il m’a ensuite emmené chez les forces de sécurité palestiniennes afin de leur raconter mon histoire. Peu après, nous sommes rentrés à la maison et je n’ai plus jamais contacté l’officier israélien. »