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Société - La « plastination » mise au service de la science par son créateur allemand Une usine de « tranches de cadavres » ouvre ses portes au public

C’est une usine peu banale qui vient d’ouvrir ses portes à Guben, une bourgade allemande proche de la frontière polonaise : on y fabriquera des tranches de cadavres « plastinées », destinées à la recherche scientifique, et cela sous l’œil du public qui, moyennant finance, pourra assister à l’opération. Le concepteur de ce projet en apparence délirant est le célèbre anatomiste allemand Gunther von Hagens, qui a bâti sa notoriété en exposant à travers le monde, telles des sculptures, des cadavres conservés à l’aide d’une technique de son invention, la « plastination ». Fort de ce succès, celui que la presse allemande a parfois surnommé « Docteur la Mort » a inauguré jeudi son dernier « bébé » : un atelier de production de tranches « plastinées » de cadavres (humains et animaux), découpées à la scie, qui serviront aux chercheurs ou aux étudiants en médecine. Quelque 6 000 personnes auraient déjà décidé de faire don de leur corps, après leur mort, à ce projet, afin que leurs restes, une fois découpés en tranches, servent à des fins d’enseignement. L’originalité du projet est que l’atelier, baptisé « Plastinarium », est également un musée. Trois jours par semaine, moyennant 12 euros, les curieux – l’entrée est interdite aux enfants de moins de 14 ans – pourront assister à toutes les étapes de la transformation des cadavres, avant d’admirer, en fin de visite, des corps humains entiers et disséqués. La boutique de souvenirs proposera aux touristes d’authentiques tranches de cadavres d’animaux, mais « il est hors de question de vendre au grand public des tranches de corps humains, c’est uniquement pour la recherche », jure M. von Hagens. L’entreprise, qui a nécessité un investissement d’un million d’euros, emploie 42 salariés, mais pourrait embaucher à terme quelque 200 personnes : une manne dans cette région de l’ex-RDA frappée par un chômage de masse. Quelque 700 demandeurs d’emploi se sont ainsi portés candidats à un poste de « préparateur de cadavres ». Le cœur de l’usine, installée dans une ancienne usine textile de la fin du XIXe siècle, est un immense atelier aux murs blancs décorés de planches anatomiques et de vieilles gravures représentant des dissections. Les salariés, dûment gantés, s’y affairent sur les cadavres à grands renforts de produits chimiques, de congélateurs géants et de scies circulaires. « La première fois qu’on doit traiter un cadavre, ça fait vraiment bizarre, mais après, on s’habitue », témoigne Carola Schmidt, une des employées du « Plastinarium », qui a passé cinq semaines en Chine, dans une des « filiales » de M. von Hagens, pour se former aux techniques de traitement des corps. Le patron de cette étonnante usine, qui pose volontiers pour les photographes au milieu des corps transformés ou des alignements de squelettes, espère produire chaque année « un million de tranches » humaines et animales d’ici à cinq ans, dont les plus complexes pourraient être vendues jusqu’à 7 000 euros aux laboratoires de recherche. « On dit que je gagne de l’argent avec des corps. C’est vrai, mais les entrepreneurs de pompes funèbres aussi, et personne ne le leur reproche. De plus, je crée des emplois », se justifie M. von Hagens, qui insiste sur le caractère pédagogique de ses expositions.

C’est une usine peu banale qui vient d’ouvrir ses portes à Guben, une bourgade allemande proche de la frontière polonaise : on y fabriquera des tranches de cadavres « plastinées », destinées à la recherche scientifique, et cela sous l’œil du public qui, moyennant finance, pourra assister à l’opération.
Le concepteur de ce projet en apparence délirant est le...