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Aphorismes God Save el-Qaëda

Au lendemain de la défaite électorale cuisante de George W. Bush, auquel les Américains auront fait payer le fiasco irakien, Tony Blair est monté au créneau pour rappeler que la vraie guerre n’était pas celle, en Mésopotamie, sur laquelle lui et son ami texan se sont cassé les dents, mais celle engagée contre le terrorisme et qui bat encore son plein. À cette occasion, il s’en est violemment pris à la propagande et à la subversion islamistes en Occident et prédit que la menace qu’el-Qaëda faisait peser sur le Royaume-Uni durerait encore toute une génération. En réalité, la manœuvre de Blair est on ne peut plus claire. Partageant avec son ami Bush la responsabilité d’un échec patent en Irak, il fait l’impasse sur la désastreuse campagne aux bords de l’Euphrate et replace la guerre contre el-Qaëda au cœur du débat, suggérant ainsi qu’en dépit de la débâcle en Irak, le monde civilisé avait encore besoin de Bush et de lui pour se garder du terrorisme et faire prévaloir le camp du Bien sur celui du Mal. Autant dire que pour Blair et ses amis, el-Qaëda est une véritable aubaine. Si la nébuleuse terroriste n’avait pas existé, il leur aurait fallu l’inventer. Ne l’alimentent-ils d’ailleurs pas à coups d’aventures militaires insensées, d’oukazes inconsidérés et de discours enflammés ? Blair peut bien entonner haut et fort le God Save the Queen, en son for intérieur c’est un God Save el-Qaëda qui résonne. Croire que les hommes comme lui sont sincères lorsqu’ils affirment vouloir s’attaquer aux causes du terrorisme, c’est croire qu’ils vont scier la branche sur laquelle ils sont si confortablement assis. Ce qui me fait dire que sa récente prédiction comme quoi le terrorisme durera encore toute une génération n’a pas tant valeur d’avertissement que de promesse. Et je suis tenté d’y répondre comme jadis Georges Bernanos dans sa Lettre aux Anglais : « C’est dans l’intérêt des sociétés menacées », écrivait-il en effet il y a de cela une soixantaine d’années, « que je les invite à voir le danger là où il est, non dans la subversion des Forces du Mal, mais dans la corruption des Forces du Bien. » Percy KEMP Article paru le Jeudi 16 novembre 2006

Au lendemain de la défaite électorale cuisante de George W. Bush, auquel les Américains auront fait payer le fiasco irakien, Tony Blair est monté au créneau pour rappeler que la vraie guerre n’était pas celle, en Mésopotamie, sur laquelle lui et son ami texan se sont cassé les dents, mais celle engagée contre le terrorisme et qui bat encore son plein. À cette occasion, il...