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ANALYSE Les violences érodent l’autorité de la Russie dans le Caucase

Ils ont manqué leur cible ce jour-là, mais la fumée s’échappant du cratère laissé par la bombe sur le bord de la route apporte un démenti aux assurances de Moscou selon lesquelles la rébellion dans le Caucase du Nord est désormais sous contrôle. Les attentats à l’explosif ne sont pas chose inhabituelle en Ingouchie, petite république russe à l’ouest de la Tchétchénie, et lorsqu’une bombe a sauté la semaine dernière sur une route passante des environs de Nazran, personne ne s’est étonné outre mesure. « Une bonne petite explosion – de la terre a été projetée sur notre toit –, mais rien de vraiment effrayant », soutient un étudiant d’une école d’art située à 50 mètres de là. L’attentat, qui visait vraisemblablement un chef de police local, est typique des violences qui se sont répandues jusqu’à devenir banales dans le Caucase du Nord, une région de Russie majoritairement musulmane. Pourtant, les autorités affirment avoir le dessus sur une rébellion qui s’est propagée à la fin des année 1990 depuis la Tchétchénie, où combattants indépendantistes et islamistes radicaux combattent l’armée russe depuis 12 ans. Moscou a remporté une importante victoire psychologique avec la mort en juillet d’un des principaux chefs de l’insurrection tchétchène, Chamil Bassaïev, tué en Ingouchie dans l’explosion d’un chargement d’armes qu’il transportait. Les autorités soulignent que les violences en Tchétchénie se font rares et que 2006 a été, jusqu’à maintenant, la première année en plus de dix ans où l’armée russe n’a pas eu à faire face à des attaques armées de grande ampleur. Une amélioration notable par rapport aux dernières années qui ont vu les rebelles s’emparer de Nazran en 2003, le massacre des otages de l’école de Beslan en 2004 et une attaque-surprise contre la paisible ville de Naltchik, en Kabardino-Balkarie, en 2005. Il y un an seulement, les experts agitaient le spectre du jihad islamique dans tout le Caucase du Nord, une région de plus de 6 millions d’habitants avec une longue tradition de résistance à l’autorité russe. Dans le bâtiment criblé de balles du ministère de l’Intérieur à Nazran, le porte-parole Nazir Ievloev se veut rassurant. « Maintenant, un véritable combat est mené contre eux. Il suffit qu’un de ces groupes soit repéré pour que les gens avertissent les autorités de leur présence », soutient M. Ievloev. La porte-parole du ministère de l’Intérieur de l’Ossétie du Nord voisine, Alla Akhpolova, partage son avis : « Les combattants tchétchènes se sont propagés partout, mais ils ne représentent pas de véritable danger. C’est une flamme qui vacille. Encore un an et je crois que tout sera éteint. » Le représentant du président russe Vladimir Poutine dans la région, Dmitri Kozak, a également joué un rôle positif en s’attaquant sérieusement au problème de la corruption. Mais aux dires des rebelles, le combat ne fait que commencer. Un de leurs chefs, surnommé Magas, a assuré dans une interview début novembre sur un site Internet que les combattants se sont réorganisés et ont « appris de (leurs) erreurs ». Il appelle à « jeter la Russie hors du Caucase et à établir un État islamique sur les territoires libérés ». Les analystes soulignent que malgré l’apaisement actuel, la menace d’une reprise des violences est bien réelle. « Je crois que la situation est partout très tendue, particulièrement au Daghestan et en Ingouchie, mais aussi en Adyguée », affirme Alexeï Malachenko du Centre Carnegie à Moscou. Selon lui, la pauvreté ainsi que la corruption et la brutalité des forces de l’ordre font que le nombre de jeunes prêts à joindre les rangs des rebelles ne tarit pas. Timour Aliev, de l’ONG Memorial à Nazran, estime que les autorités n’en font pas assez pour comprendre ce qui pousse ces jeunes à se révolter. « Quelqu’un doit avoir de sérieuses raisons pour tout laisser tomber, prendre les armes et se sacrifier, lui et sa famille », dit-il. Sebastian SMITH (AFP)

Ils ont manqué leur cible ce jour-là, mais la fumée s’échappant du cratère laissé par la bombe sur le bord de la route apporte un démenti aux assurances de Moscou selon lesquelles la rébellion dans le Caucase du Nord est désormais sous contrôle.

Les attentats à l’explosif ne sont pas chose inhabituelle en Ingouchie, petite république russe à l’ouest de la...