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Actualités - CHRONOLOGIE

MARÉE NOIRE - Deux mois et demi après la fin des hostilités, le 14 août, l’heure est au premier bilan De Jiyeh à Jbeil, le nettoyage de la côte est en très bonne voie

Il y a deux mois et demi, l’agression israélienne contre le Liban prenait fin laissant une marée noire vieille d’un mois et non encore traitée. Qu’en est-il du bilan, à ce jour, de l’opération de nettoyage, qui a été entachée par des lenteurs, des polémiques, et un manque de moyens notoires, malgré les aides et les promesses ? Au ministère de l’Environnement, où est basé le Centre de coordination des opérations sur la marée noire (Osocc, formé de représentants des différentes instances concernées aux niveaux local, régional et international), un bilan provisoire est désormais disponible. Ainsi, les matières retirées de l’eau et des côtes totalisent dorénavant 850 mètres cubes de pétrole liquide, semi-liquide et semi-solide, 400 mètres cubes de déchets contaminés et plus de mille mètres cubes de sable et de galets pollués, dont au moins 35 à 40 mètres cubes sont gravement contaminés. Par régions, le ministère résume la situation actuelle comme suit : à Jiyeh, la délégation italienne et l’association Bahr Loubnane continuent de retirer le pétrole coulé, alors que les gardes-côtes italiens ont terminé leur mission et devraient soumettre leur rapport à l’Osocc dès qu’il sera prêt. À Beyrouth, la société Promar a été chargée de nettoyer le port de Dalyeh (Raouché), ce qui a été complété la semaine dernière. Le bilan indique qu’il n’y a plus de pétrole flottant au large de Beyrouth. De Byblos à Enfeh, c’est avec le financement de quelque cinq millions de dollars de l’USAid que la compagnie Seacor effectue le travail sur la côte. L’Aide humanitaire suisse s’occupe, pour sa part, de toute la portion de la côte allant d’Enfeh à Tripoli, notamment de la zone très sensible de la réserve naturelle des Iles des Palmiers. Le document indique par ailleurs que « l’inspection des sites continue et de nouveaux chantiers seront ouverts dès que les ressources (financières et humaines) seront disponibles ». Le ministère de l’Environnement déclare également avoir reçu des aides logistiques des gouvernements de plusieurs pays : le Koweït, la Norvège, Chypre, la Finlande, la France, l’Italie et l’Espagne. Les aides logistiques, notamment en équipements et en personnel, dépassent pour le moment les aides en espèces. Bahr Loubnane à Jiyeh L’association Bahr Loubnane, qui a employé des dizaines de pêcheurs et de plongeurs professionnels pour retirer le pétrole qui avait coulé jusqu’au sous-sol marin, a également fait son bilan hier, lors d’une conférence de presse tenue par l’un de ses membres, Mohammad Sariji, qui supervisait l’opération, et l’expert français Bernard Fichaut, professeur à Brest. Rappelons que le gouvernement libanais avait accepté un don de l’association pour le nettoyage de la côte. M. Sariji a expliqué que le nettoyage de Jiyeh, notamment le souterrain marin et les plages de sable et de galets, était terminé. Ne reste plus que le nettoyage, très ardu, des rochers, qui sera exécuté sur la totalité de la côte par une seule société : l’appel d’offres a déjà été lancé par l’État, en attendant de connaître le choix de la société en question. Au niveau de Jiyeh, donc, M. Sariji indique que la quantité de pétrole ôtée de l’eau était de 115 000 litres. Par ailleurs, il précise que 85 000 litres ont été retirés sous l’eau à Jbeil, et 65 000 litres à Wadi el-Zayné. Dans les détails, il apparaît que les équipes au travail à Jiyeh ont récupéré 57 000 litres de pétrole liquide retrouvé dans des crevasses sur les plages rocheuses, et qui se seraient retrouvés au large en cas de tempête. Dans cette zone également, 70 mètres cubes d’huile sableuse (plutôt que du sable pollué) ont été collectés, ainsi que 50 mètres cubes de matériel absorbant utilisé pour la récupération de pétrole dans l’eau. M. Sariji précise cependant à L’Orient-Le Jour que le travail a dû être interrompu trois jours, ces derniers temps, en raison d’équipements qui ont été bloqués au port en raison de complications administratives, « ce qui est désolant ». Il assure que « même si nous allons poursuivre les plongées avec les Italiens pour effectuer un dernier recensement, nous pouvons assurer qu’il n’y a plus de pétrole sous l’eau ». La technique de nettoyage du sable employée par l’association à Jiyeh, dite de « surfwatching », est expliquée par M. Fichaut : il s’agit en fait de pousser le sable et les galets pollués vers la mer qui, naturellement, les rejette vers le rivage. Entre-temps, des fosses et des chenaux auront été creusés sur la plage, qui serviront à récupérer le pétrole qui aura été séparé du sable. « C’est une méthode économique et pratique, puisqu’il ne faut pas déplacer des tonnes de sable pour le laver, mais surtout écologique puisque le précieux sable reste sur la plage », souligne-t-il. Interrogé par L’Orient-Le Jour, M. Fichaut affirme qu’il s’agit « du meilleur ramassage que j’ai jamais vu dans une marée noire parce que tout le sable et les galets sont restés sur place, ce qui est excellent ». Il rappelle que « durant la tragédie de l’Erika, beaucoup trop de sable avait été retiré des plages ». Il a également estimé qu’« employer des pêcheurs est une très bonne idée parce qu’ils ont travaillé de tout cœur, ayant intérêt à ce que la mer soit nettoyée ». Dans une prochaine étape, l’association (qui ne s’occupera pas de la totalité de la côte libanaise, comme il était prévu initialement dans le document soumis au Conseil des ministres) se chargera du nettoyage de la principale plage de sable de Beyrouth, Ramlet el-Baïda, ce qui ne s’annonce pas comme une mince affaire, ainsi que de la côte d’Ouzaï, là où un port de pêcheurs a été lourdement bombardé par l’aviation israélienne. M. Fichaut explique que « la même technique sera utilisée à Ramlet el-Baïda, notamment pour ce qui est des 300 mètres cubes de sable pollué déjà récolté précédemment par des ONG et laissé sur place (puisque son transport n’avait pas été assuré par le ministère) ». Le sable y sera nettoyé en profondeur, comme il l’a été à Jiyeh, ajoute-t-il. M. Sariji, pour sa part, souligne que « le travail à Ouzaï sera intéressant parce que nous pourrons réhabiliter une plage qui n’était plus ouverte au public depuis longtemps, puisque polluée par les déchets et aujourd’hui par le pétrole ». Il ajoute que l’étape qui suivra sera le nettoyage du tronçon entre Tabarja et Jounieh. Il déclare n’être pas inquiet quant à la possibilité que le nettoyage principal de la côte soit terminé avant l’hiver, « à l’exception des plages rocheuses qui posent problème ». S. B.

Il y a deux mois et demi, l’agression israélienne contre le Liban prenait fin laissant une marée noire vieille d’un mois et non encore traitée. Qu’en est-il du bilan, à ce jour, de l’opération de nettoyage, qui a été entachée par des lenteurs, des polémiques, et un manque de moyens notoires, malgré les aides et les promesses ?
Au ministère de l’Environnement,...