Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

Le soutien des évangéliques aux républicains ébranlé par les désillusions

Ébranlée par les scandales de mœurs et déçue par les promesses non tenues, la droite religieuse américaine faiblit dans son soutien au Parti républicain, qui a joué un si grand rôle dans les précédents scrutins et la réélection de George W. Bush en 2004. Un sondage réalisé en octobre par l’Institut Pew montre que seulement 42 % des chrétiens évangéliques, noyau dur du soutien chrétien au président Bush, estiment que le Parti républicain « gouverne de manière honnête et morale ». C’est une chute de 13 % par rapport à janvier 2006, relève le Pew. Certes, les évangéliques blancs demeurent conservateurs avant tout et 57 % d’entre eux affirment encore qu’ils vont voter républicain contre 31 % démocrate. Mais pour les élections au Congrès de 2002, ils étaient 68 % à voter républicain. « Le niveau de soutien aux républicains est à la baisse même si ce n’est pas énorme », commente pour l’AFP Scott Keeter, de l’Institut Pew. « Cela pourrait affecter le parti républicain (...), mais je ne vois pas un effondrement », ajoute-t-il. « La question la plus importante est de savoir maintenant s’ils demeurent mobilisés pour aller voter », s’interrogent les commentateurs de l’Institut Pew. Après l’affaire du parlementaire Mark Foley et des messages scabreux à des adolescents stagiaires au Congrès, qui a éclaboussé l’état-major du Parti républicain, une autre accusation envers un responsable religieux est en passe de faire scandale. Jeudi, Ted Haggard, responsable d’un groupe religieux conservateur dans le Colorado (Ouest), pasteur, marié et père de cinq enfants, a été accusé par un prostitué d’être son amant régulier et d’avoir pris de la drogue. Il a nié ces accusations, mais reconnu à la télévision vendredi avoir acheté de la drogue – sans la consommer – et sollicité un massage de cet homme. Il a dû immédiatement démissionner de la présidence de l’Association nationale évangélique (NAE), une puissante organisation religieuse conservatrice. Sans envergure nationale majeure, Ted Haggard a toutefois participé l’an passé, avec d’autres responsables religieux, à des réunions téléphoniques avec la Maison-Blanche. La nouvelle a d’autant plus irrité certains chrétiens conservateurs que Ted Haggard s’est prononcé vigoureusement contre le mariage gay, qui fait l’objet demain d’un référendum dans huit États, y compris le Colorado. Les chrétiens conservateurs apparaissent aussi démotivés parce qu’ils pensent avoir été utilisés par les républicains sans obtenir d’avancées en échange, notamment en matière d’interdiction des mariages gay, des avortements et de désignations de juges conservateurs. « Pourquoi iraient-ils travailler si dur pour les candidats républicains quand, après des années de contrôle de la Chambre, du Sénat et de la Maison-Blanche, le leadership républicain a fait si peu ? » s’est indigné le révérend Patrick Mahoney, directeur de l’importante organisation Coalition de la défense chrétienne. « Beaucoup d’évangéliques à qui j’ai parlé se sentent utilisés (...) par le Parti républicain », a-t-il ajouté dans un récent communiqué. Toutefois, une récente décision de la Cour suprême du New Jersey ouvrant la voie au mariage gay a relancé la motivation de la droite religieuse qui y voit une attaque envers les valeurs familiales. Dans certains États, cette désillusion de l’électorat religieux conservateur est une aubaine pour les candidats de l’opposition démocrate qui affichent leur foi et penchent à droite comme Harold Ford, le candidat au Sénat dans le Tennessee qui « aime Jésus et croit aux vertus du permis de port d’armes ».
Ébranlée par les scandales de mœurs et déçue par les promesses non tenues, la droite religieuse américaine faiblit dans son soutien au Parti républicain, qui a joué un si grand rôle dans les précédents scrutins et la réélection de George W. Bush en 2004.
Un sondage réalisé en octobre par l’Institut Pew montre que seulement 42 % des chrétiens évangéliques, noyau dur...