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À Jiyeh, sinistré par la marée noire, les pêcheurs lavent le sable

Sous la plage, des pavés de pétrole. Plus de trois mois après le déclenchement de la marée noire au Liban, le sable paraît avoir retrouvé ses couleurs d’origine : trompeuse apparence. Sur le rivage de Jiyeh (30 km au sud de Beyrouth), qui abrite la centrale électrique frappée à deux reprises par les bombardements israéliens à la mi-juillet, le pétrole écoulé des cuves (12 à 15 000 tonnes, selon les autorités) s’est imprégné à plus d’un mètre cinquante en profondeur et se ramasse encore à la pelle, raconte Anne Chaon dans un reportage de l’AFP. Plus exactement à l’épuisette, selon la technique éprouvée du « surf-washing », recommandée ici par l’expert français Bernard Fichault, accouru mi-septembre au chevet des rivages libanais : profiter de la mécanique de la vague pour laver le sable sans permettre de nouvelles fuites en mer. Deux bulldozers à l’œuvre sur la plage au nord de la centrale creusent la plage, et apparaissent, comme une tranche de gâteau marbré sous la couche blanche, deux couches noires totalement imbibées de mazout. Le sable pollué est déposé au bord de l’eau, avalé et rincé par les vagues. Mais avant que le pétrole ainsi dégagé par le ressac ne reparte dans le roulis, une vingtaine d’hommes postés en embuscade le récupèrent avec des épuisettes. Le reste est arrêté par une ceinture de boudins flottants. « Au pire, on laisse filer 5 à 15 % du pétrole. Mais ça évite de retirer tout le sable, alors que dans un kilo, on trouve au maximum 20 grammes de pétrole: notre souci est de produire le minimum de déchets », explique le spécialiste en marées noires de l’Institut universitaire européen de la mer, venu de Brest (ouest de la France). Avec Mohammad Sariji, président du syndicat des plongeurs professionnels et militant écologiste de l’ONG Bahr Loubnane (fondée par l’ex-Premier ministre assassiné Rafic Hariri), ils ont recruté 150 pêcheurs du coin réduits au chômage – payés 50 dollars par jour – qui tendent désormais leurs filets contre le pétrole. Rien qu’à Jiyeh, ses équipes ont retiré 90 tonnes de mazout des fonds sous-marins, où le travail de ramassage se poursuit également, et autant sur le rivage, dont 57 tonnes de pétrole liquide stagnant dans les creux des rochers. Le pétrole liquide et les déchets – sable et filets de nylon imbibés de pétrole – seront valorisés comme combustibles dans la cimenterie de Chekaa, au nord de Beyrouth, si leur teneur en hydrocarbures est suffisante, ou mis en décharge provisoire dans une raffinerie désaffectée. Selon Mohammad Sariji, le nettoyage sous-marin sera terminé d’ici à deux semaines, mais celui du sable prendra encore « des mois ». « On s’attaquera aux rochers en dernier : la logistique est lourde et coûteuse, il faut y aller au “karcher” pour gratter quelques litres, souligne Bernard Fichault. Un simple dégraissage pourrait suffire : la mer fera le reste. »
Sous la plage, des pavés de pétrole. Plus de trois mois après le déclenchement de la marée noire au Liban, le sable paraît avoir retrouvé ses couleurs d’origine : trompeuse apparence. Sur le rivage de Jiyeh (30 km au sud de Beyrouth), qui abrite la centrale électrique frappée à deux reprises par les bombardements israéliens à la mi-juillet, le pétrole écoulé des cuves...