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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - La boutique « Liwan » vient ajouter ses couleurs au paysage artisanal libanais Lina Audi a démystifié la abaya !

Elle n’aime pas les interviews, cédant la place à ses produits dont on parle partout dans le monde, depuis l’ouverture de Liwan à Paris en 1992. Lina Audi, également réputée pour son franc-parler, le tutoiement qu’elle propose permettant rapidement une forme de franche confidence, installe son label, son savoir-faire et son expérience dans une boutique qu’elle vient d’ouvrir, en toute discrétion, à Beyrouth. De la rue Saint-Sulpice à Mar Mikhaël, le pas est enfin franchi. Les aficionados, femmes et hommes, de la marque suivent… «Liwan à Paris, c’est un diwan ! » confie en riant Lina Audi. Un diwan de luxe où les plus grandes stars de la mode, du cinéma, de la chanson se croisent sans forcément se rencontrer. Parmi ces fidèles, les magazines de mode en ont souvent parlé : Catherine Deneuve, qui avoue être une adepte des lieux, Julia Roberts, Rupert Everett, Charlie Watt, Vanessa Paradis, Mathieu Chédid, Paloma Picasso, Inès de la Fressange ou encore Tilda Swinton. L’on raconte même que Mick Jagger aurait donné un concert arborant un foulard jaune, un cadeau made in Liwan. La réussite de la boutique, arrêt devenu obligé pour le monde du show-business et un public étranger de plus en plus large, c’est sa vitrine, surprenante version rajeunie d’un artisanat moyen-oriental, égayant les trottoirs parisiens ; c’est l’esprit d’une équipe complémentaire, Dalal Abou Dib, directrice de production, Christine Bergstrom, ancienne top model et responsable des relations publiques, Dina Haïdar, directrice commerciale, et enfin Lina Audi, conceptrice de tous les produits, vêtements, chaussures, sandales, abayas, pantalons, tuniques, jupes, chemises, foulards, sacs, ceintures, chemises de nuit, draps, édredons, tapis, meubles, luminaires ou encore coussins. « Tout se passe dans la boutique… Nous avons réussi à fidéliser ces personnes parce que nous sommes dans l’air du temps. » Des années dans l’artisanat « Je suis une architecte ratée qui a fini dans la décoration, aime-t-elle à dire. La guerre m’a sauvée d’un métier où je n’avais pas assez de liberté. » En 1975, Lina Audi découvre l’artisanat libanais avec le Mouvement social du père Grégoire Haddad. Elle l’apprivoise en collaborant avec Les artisans du Liban et d’Orient. « C’est là que j’ai fait mes premières armes et commencé à créer mes propres objets. Je n’ai rien inventé, j’ai juste dépoussiéré notre patrimoine, sans en tuer l’âme. » Cette nouvelle approche séduit, elle devient source d’inspiration. « Je suis surtout intéressée par la rencontre avec des gens extraordinaires, des artisans qui m’apportent autant que je leur apporte, et qui sont devenus des amis. » La rencontre également avec un tissu, autrefois rigide, enfermé dans un artisanat classique, parfois figé dans une mémoire poussiéreuse, qu’elle a fait évoluer jusqu’à le transformer en produit de mode. Et rencontre enfin avec des matériaux différents, le bois, le métal, le fer, les textiles, la vannerie, le plastique. Fin des années 80, Lina Audi part pour quinze jours, rate son avion ; un concours de circonstances, le hasard… Elle atterrit un moment à la boutique « Laymoun », qui vendait déjà ses produits. De fil en aiguille, le concept de Liwan se précise. L’ouverture aura lieu en 1992. De nombreux fils et aiguilles plus tard, la marque conquiert Paris. Beyrouth-Paris-Beyrouth « Nous avons toujours été au Liban, poursuit la designer, plus exactement à Nahr Ibrahim. Centrés sur la production, qui s’est toujours faite exclusivement ici, et tournés vers l’Europe… Il a fallu nous rapprocher de la ville et il a fallu que cela se fasse à la veille de ce fameux 12 juillet ! » L’ouverture de la salle d’exposition se fera donc plus tard, plus calmement, « entre amis ». Et c’est, semble croire Lina Audi, très bien comme ça. Dans cet espace où l’on est reçu en ami, où il règne une ambiance colorée, relevée par des fleurs sur les coussins, des paysages esquissés sur les rideaux, des abayas classiques ou plus jeunes, des ceintures, des sandales ouvertes totalement relookées. « La passion du travail et du travail bien fait est restée, 14 années plus tard. Ce que je crée, surtout, c’est une attitude, dans un esprit minimal, fonctionnel, adaptable et moyen-oriental. Tout est question de proportion. En retravaillant la abaya, j’ai démystifié le rectangle. Il suffit d’y ajouter une ceinture, et le tour est joué ! Quand je pense, souligne-t-elle, que le mot abaya n’existe pas dans le dictionnaire… » Avec Liwan et Lina Audi, il est entré dans le dictionnaire privé de nombreux personnages, publics pour la plupart ! Carla HENOUD
Elle n’aime pas les interviews, cédant la place à ses produits dont on parle partout dans le monde, depuis l’ouverture de Liwan à Paris en 1992. Lina Audi, également réputée pour son franc-parler, le tutoiement qu’elle propose permettant rapidement une forme de franche confidence, installe son label, son savoir-faire et son expérience dans une boutique qu’elle vient...