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Actualités - CHRONOLOGIE

CONCERT - À l’Eglise Saint-Joseph (USJ) Magie de flûte et esprit romantique avec l’Orchestre symphonique national libanais

Quatrième concert de la saison avec l’Orchestre symphonique national libanais, placé cette fois sous la houlette de maestro Harout Fazlian. Un public pas aussi nombreux que d’habitude. Temps maussade ou lassitude des situations préoccupantes? Toujours est-il que l’église Saint-Joseph (USJ), illuminée, ne fait pas d’entorse à son habituelle ponctualité pour entamer les premières mesures d’une prestation musicale faisant la part belle à la magie de la flûte et à un esprit lumineusement romantique. Préférant les partitions aux chatoiements avantageux et aux rythmes rapides, maestro Harout Fazlian a dérogé à ses habitudes et concocté, pour ce soir-là, un menu différent. Un menu concis et quelque peu court (juste une heure!), tout en mélodies suaves, avec juste ce qu’il faut comme éclat et surtout le sens de la nuance. Aux pupitres des musiciens, les partitions de trois compositeurs: W.A. Mozart, S. Mercadante (une révélation pour l’auditoire!) et F. Schubert. Un superbe trio pour traduire les beautés sonores de la flûte et la frémissante sensibilité d’écorché vif des romantiques. Premières notes, fraîches, vives, enrobées de mystère et de légèreté, avec l’Ouverture de La flûte enchantée de Mozart. Pour cet opéra applaudi des foules et dont les arias ont battu les records d’audience, cette ouverture est un bijou de résumé sonore d’une œuvre dont on n’a pas fini de découvrir l’infini… enchantement! Charmant préambule pour annoncer les sortilèges de la flûte… C’est avec Mate Szigetti, premier flûtiste de l’Orchestre symphonique national libanais que la flûte jette vraiment son emprise d’absolu enchantement. Par le truchement de Saverio Mercadante (grâce soit rendue à maestro Fazlian de faire découvrir ce compositeur contemporain de Vicenzo Bellini aux fidèles mélomanes), les modulations de la flûte ont éclipsé pour un moment un orchestre réduit pour les besoins de ce Concerto pour flûte et orchestre. Oscillant entre rêverie et fantaisie, cet opus mêlant adroitement esprit de virtuosité et effets de feu d’artifice est d’une délicieuse et exubérante variété de timbres et de tonalités. Trois mouvements (allegro maestoso, largo et allegro vivace) se partagent en toute douceur et équité le soyeux déroulement d’une mélodie aux nuances subtiles. Un brillant dialogue, sans monologue larmoyant, s’instaure entre le soliste et les instruments à cordes. Avec des moments où l’insidieuse beauté du vent, sans crier gare, prend en toute fermeté les rênes d’une narration déjà toute en teintes pastel. Pour conclure, cet imprévisible et piquant air «à la russe». Petite tornade qui renverse coquinement tout sur son passage. Charmante bourrasque qui ébouriffe impertinemment les cheveux, sans toutefois jamais manquer de grâce ou d’élégance. Longue ovation bien méritée surtout pour un flûtiste au talent (et au souffle !) remarquable. Une symphonie inachevée, mais une œuvre accomplie… Sans entracte, place à l’une des œuvres symphoniques les plus puissantes et les plus séduisantes. Pourtant une œuvre paradoxalement connue sous le titre de Symphonie inachevée. Symphonie inachevée, mais œuvre incontestablement accomplie… Il s’agit bien entendu de la Symphonie n° 8 en si mineur de Franz Schubert, avec seulement deux mouvements: allegro moderato et andante con moto. Œuvre énigmatique, comme un combat entre la vie et la mort, dont même les premières mesures sont placées sous le signe du mystère. Si les violoncelles et les contrebasses soulèvent un air d’inquiétude dans ce déferlement de timbres lâchés comme un sourd grondement de fleuve, les clarinettes et les hautbois rétablissent avec grâce une joie sereine. Les violoncelles se radoucissent et déroulent des courbes aimables. Pour le second mouvement, départ en pizzicatti des contrebasses et éclatement des thèmes habités d’une effusion contenue. Atmosphère d’un lyrisme à la fois grandiose et intime où un rien gonfle les poumons du vent, où rarement se raidissent les muscles des cordes, où se font discrètes les pulsations au cœur des percussions... Une riche palette de timbres et de tonalités comme pour un insaisissable arc-en-ciel… Schubert transparaît avec éclat dans cette œuvre éminemment romantique. Une œuvre où la joie et la tristesse cohabitent harmonieusement, où le clair-obscur est perceptible, où l’incertitude des sentiments n’atteint jamais le tragique ou le désespoir (comme chez Beethoven)… Une œuvre d’un ténébreux romantisme, mais où la lumière est aussi sous-jacente et omniprésente. C’est ça la belle et pieuse résignation de Schubert, à la vie si brève… Salve d’applaudissements d’un public encore sous le charme des somptueux derniers accords «schubertiens». Révérence des musiciens, du soliste et du maestro, baguette en main, penché vers le public qui l’ovationne. Edgar DAVIDIAN
Quatrième concert de la saison avec l’Orchestre symphonique national libanais, placé cette fois sous la houlette de maestro Harout Fazlian. Un public pas aussi nombreux que d’habitude. Temps maussade ou lassitude des situations préoccupantes? Toujours est-il que l’église Saint-Joseph (USJ), illuminée, ne fait pas d’entorse à son habituelle ponctualité pour entamer les...