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Actualités - OPINION

Quelle «minorité de blocage»?

Ceux qui luttent pour faire tomber le ministère Siniora se réclament de ce qu’ils appellent «le tiers de blocage», ou minorité de blocage. Pour eux, l’opposition a le droit de revendiquer ce «tiers» dans le cabinet comme dans la Chambre. Autrement dit, ils visent à pouvoir empêcher l’actuel gouvernement de gouverner. Mais sur quel principe, sur quel texte législatif fondent-ils cette revendication? On a beau fouiller les lois et les traités de droit, on ne trouve absolument rien qui permette une telle prétention. Sauf peut-être, dans une hypothèse extravagante, l’article 65 de la Constitution qui mentionne le chiffre de «deux tiers»: les opposants tirent, en contrepartie, le chiffre de «un tiers», à partir duquel ils brandissent la pseudonécessité d’un tiers de blocage. Il y a là une confusion évidente car ce que dit l’article 65, c’est que «le Conseil des ministres siège valablement avec un quorum des deux tiers de ses membres». Croient-ils jeter de la poudre aux yeux en confondant «quorum» et «majorité»? En effet, le texte prend soin de préciser qu’à défaut de décision consensuelle, la décision «sera prise à la majorité des voix présentes (c’est-à-dire la moitié + une)». Il ajoute: «Quant aux décisions portant sur un sujet fondamental, elles nécessiteront l’accord des deux tiers des membres.» Suit l’énumération des 14 cas de sujets fondamentaux. La question est donc bien claire: pour les sujets ordinaires, il faut la simple présence des deux tiers (quorum), mais il suffit de la majorité simple des présents pour prendre les décisions habituelles. Il n’y a pas de «tiers de blocage». C’est seulement lorsqu’il s’agit d’une décision portant sur l’un des 14 sujets fondamentaux que le vote des deux tiers est nécessaire. Comment peut-on, lorsqu’on s’occupe de la «chose publique», se permettre une telle confusion entre «quorum» et «majorité» (ou l’inverse)? Ajouter à ce comportement que les mêmes qui réclament opiniâtrement le départ illico du gouvernement passent outre à tous les avertissements des sages et des plus hautes autorités économiques du pays affirmant que le vide politique créé par le départ actuel du cabinet provoquerait immanquablement un chaos, une vraie catastrophe. Espérons quand même qu’une trêve des luttes politiques sera observée jusqu’à la stabilisation sur le terrain et la normalisation des conditions économiques dont souffre le pays dans son ensemble. Albert SARA
Ceux qui luttent pour faire tomber le ministère Siniora se réclament de ce qu’ils appellent «le tiers de blocage», ou minorité de blocage. Pour eux, l’opposition a le droit de revendiquer ce «tiers» dans le cabinet comme dans la Chambre. Autrement dit, ils visent à pouvoir empêcher l’actuel gouvernement de gouverner. Mais sur quel principe, sur quel texte législatif...