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Chargés de la logistique, ils mènent également des missions sociales Le contingent polonais de la Finul, une présence très appréciée par les habitants du Liban-Sud

Depuis que leur contingent fait partie de la Finul, en 1992, les soldats polonais se sont bien intégrés au paysage du Liban-Sud, si bien que, dit-on, certains habitants des environs connaissent déjà les rudiments de leur difficile langue. Le contingent polonais est, en quelque sorte, un trait d’union entre toutes les troupes de la force multinationale de l’ONU : chargé de la logistique, c’est à lui qu’il revient de gérer la réception, le stockage et la distribution de nourriture et de carburants notamment. Et ce n’est pas une mince affaire, surtout avec le nombre croissant de troupes de la Finul au Liban. Mais la mission des officiers et des soldats polonais a aussi un visage humain, avec des initiatives très appréciées dans les régions où ils se trouvent : en témoigne cet officier qui vient de recevoir, en hommage à son action, un olivier des habitants de Tebnine qui déclarent qu’il est « de la famille ». Dans le quartier général de la Finul à Naqoura où ils sont basés depuis de nombreuses années, les officiers et les soldats polonais ont leur petit « quartier », avec les différentes facilités, la boutique et le restaurant qui sert des soldats de plusieurs nationalités... La salle de réunions des officiers aux couleurs chaudes est meublée d’un salon, d’une table de billard et, détail non négligeable, ses murs sont ornés de portraits de plusieurs rois et personnages importants de l’histoire de la Pologne. Bref, comme un petit coin de ce beau pays d’Europe de l’Est. Autour d’une table où sont servis des plats typiquement polonais, des officiers bavardent avec les journalistes qui participent à une tournée organisée par l’ambassade de Pologne. Le capitaine Krzysztof raconte avec humour que, lors de ses passages dans le souk, les habitants l’appellent « Monsieur Moustache », en référence à ses longues moustaches retroussées. S’il va bientôt quitter le Liban après six mois de service au sein de la Finul, il affirme avoir aimé ce pays et apprécié les quelques escapades « touristiques » dans les sites historiques importants comme Baalbeck, Tyr, Byblos... « Ce qui m’a le plus frappé durant la guerre ? Tous ces réfugiés qui partaient et pour lesquels nous ne pouvions rien », dit-il. Il souligne cependant qu’en collaboration avec l’ambassade de Pologne, les unités ont aidé à l’évacuation d’étrangers et à l’acheminement des aides vers le Sud. Même son de cloche chez le jeune lieutenant Marcin, qui n’hésiterait pas « à revenir dans ce pays en vacances plus tard ». Sa femme était d’ailleurs en visite au Liban quand la guerre a éclaté. « Si elle a eu peur ? Je ne crois pas, c’est la femme d’un soldat, elle est supposée braver le danger comme lui », souligne-t-il. Le lieutenant Marcin affirme que sa participation à la Finul était un choix et qu’il a même soumis une demande aux autorités pour qu’on lui accorde une seconde mission (de six mois). À la question de savoir pourquoi il montrait tant d’enthousiasme pour cette mission, il répond que « pour un soldat comme moi, dans mon pays, une expérience à l’étranger est très souhaitable ». Le jeune officier assure qu’il serait même partant pour des missions en Afghanistan ou en Irak, « parce qu’un soldat n’est pas supposé être effrayé par le danger, sinon sa place n’est pas dans l’armée ». Mais son choix du Liban était très volontaire. « J’avais entendu parler de la beauté du pays par des amis qui y étaient venus », dit-il. Issu d’un pays très catholique, le lieutenant a apporté avec lui des souvenirs du pape Jean-Paul II, « parce que mes amis m’ont dit qu’ils étaient très appréciés par les gens d’ici ». Activités humanitaires La présence polonaise a également eu un visage humanitaire. Le cas du lieutenant colonel Czeszaw Przyborowski, 55 ans, basé depuis trois ans à Tebnine, en est la parfaite illustration. Durant la guerre, ulcéré par les souffrances de la population, il a été amené à secourir des blessés dans une voiture en flammes et n’a plus interrompu son activité à caractère humanitaire depuis. Répondant à quelques questions avant de regagner un iftar auquel il a été convié, il raconte sa joie d’avoir reçu des mains du moukhtar un olivier, signe d’une amitié désormais scellée avec le village qu’il voudrait faire visiter à son petit-fils. À savoir que les activités humanitaires du contingent en 2006 ont totalisé un budget d’environ 9 000 dollars, dont une donation à un orphelinat à Tebnine et des médicaments à un hôpital gouvernemental dans le même village, ainsi que l’organisation de journées dans un parc aquatique de Beyrouth pour 25 enfants de Tebnine et 85 de Alma el-Chaab et ses environs. Le contingent polonais compte pour l’instant quelque 300 hommes, mais leur nombre devrait doubler avant la fin du mois. Contrairement à d’autres, ces troupes sont mixtes, dans le sens où elles sont formées de soldats professionnels et de volontaires (ces derniers ayant le choix de participer à cette mission ou non). Dans les immenses dépôts dont ils ont la charge à Naqoura, les produits alimentaires sont entreposés sous la vigilance des soldats et offrent une fenêtre sur la vie quotidienne des troupes. Les officiers sur place précisent que la tâche est des plus complexes. Les ordres arrivent du commandement, comportant les demandes de tel ou tel contingent. Les gestionnaires des dépôts n’ont alors que peu de temps, une matinée tout au plus, pour assembler les chargements destinés aux uns et aux autres, tenant même compte des goûts spécifiques. Les officiers en charge nous affirment toutefois que, selon une règle imposée par la Finul, toute marchandise pouvant être acquise au Liban doit être privilégiée. Mais, là aussi, la guerre a changé bien des choses : ainsi, durant le conflit, l’eau en bouteille a été importée de Chypre par mer, mais l’eau libanaise sera de nouveau utilisée dès que les stocks seront épuisés. Un autre exemple est le lait : les besoins étaient couverts par une grande industrie libanaise détruite par l’aviation israélienne dans la Békaa. Aujourd’hui, ce produit est remplacé par une marque allemande. Suzanne BAAKLINI
Depuis que leur contingent fait partie de la Finul, en 1992, les soldats polonais se sont bien intégrés au paysage du Liban-Sud, si bien que, dit-on, certains habitants des environs connaissent déjà les rudiments de leur difficile langue. Le contingent polonais est, en quelque sorte, un trait d’union entre toutes les troupes de la force multinationale de l’ONU : chargé de la...