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NOTE DE LECTURE - « Comme le fleuve qui coule », de Paulo Coelho Vivre en harmonie avec le monde

Plus d’une dizaine de romans précèdent son nom. Plus de soixante millions de livres vendus de par le monde, traduits dans plus de cinquante-neuf langues, constituent son vrai passeport pour s’être voué, corps et âme, à la littérature. Succès retentissant depuis L’Alchimiste, paru en 1988, pour Paulo Coelho qui est sans doute le plus étonné encore de cette notoriété éblouissante... À quinze ans, lorsque Coelho confiait à sa mère, triste et dubitative, qu’il comptait embrasser l’aventureuse carrière d’écrivain (mais est-ce vraiment une carrière que d’être scribouillard en ce XXe siècle délirant et rompu de toutes références ?), il était peut-être loin de se douter que toutes les portes de la gloire allaient lui être grandes ouvertes. Et qui pouvait prédire, malgré toutes les certitudes et les déterminations, qu’il serait, selon les sondages, le second écrivain le plus lu sur terre ? Aujourd’hui, pas de roman mais un ensemble de textes courts, pas forcément percutants, d’une déroutante simplicité, légers et fluides, sont rassemblés en un livre de réflexions, de pensées, intitulé Comme le fleuve qui coule (238 pages - Flammarion. Traduit du portugais (Brésil) en français par Françoise Marchand Sauvagnargues). Les mauvaises langues diront d’office voilà les fonds de tiroir d’un auteur en panne d’inspiration ! D’autant plus que Coelho ne cache pas qu’il s’agit « de textes déjà publiés dans divers journaux du monde et faisant l’objet d’une nouvelle compilation à la demande des lecteurs. » Démarche intéressante pour retrouver les fils d’Ariane d’une inspiration qui a séduit et conquis un lectorat sans limites... Un regard sur les sources secrètes qui ont nourri une œuvre célébrée. Une œuvre qui donne la priorité au bonheur, à la spiritualité, à la bonté, au pardon, à la liberté, à l’épanouissement, à la voix du cœur, à un humanisme qui parle du sens de la vie... Aspirant précoce à la littérature, révolté, parolier de chansons rock brésiliennes, Coelho fut interné à son adolescence par son père dans un hôpital psychiatrique, a connu la prison mais est resté, par-delà son engagement littéraire, un ardent défenseur de la part de lumière dans une traversée humaine... Ce livre, qui n’est ni une fiction, ni un conte initiatique, ni un pamphlet, ni un corrosif manuel du désespoir à la Cioran, est un éloquent témoignage de la volonté de vivre en harmonie avec soi et avec le monde. De vaincre la peur et de triompher de la médiocrité. Car chacun dans sa nuit cherche la voie... Il faut savoir écouter son cœur et déchiffrer les signes. Ces pages chaleureuses, saupoudrées d’une certaine poésie, oscillant entre délicatesse et audace d’esprit, parlent en toute humilité et modestie de nous... De cette existence que nous construisons jour après jour. Sagesse, réflexions et spiritualité Réflexions éparses, placées sous le signe des paroles du Christ, citées en dernière page : « Demandez, on vous donnera. Cherchez, vous trouverez. Frappez, on vous ouvrira. En effet, quiconque demande reçoit, qui cherche trouve, à qui frappe, on ouvrira. » Pour un syncrétisme universel, sagesse des paroles aussi accompagnées de celles de Bouddha, Mawlana Jalal Al Din Rumi, Lao-tseu... Petits propos puisés de certains moments vécus, d’histoires qui ont marqué l’imagination de l’auteur, de réflexions engrangées le long d’une existence à qui n’a pas manqué toutes sortes de turbulences... Un livre qui réconcilie avec la grisaille du quotidien et ennoblit chaque geste que nous faisons. Croire à l’impossible, rester ouvert à l’amour, connaître ses limites, décupler sa force intérieure par la sérénité et la transparence, se révolter quand l’injustice rend indigne, vaincre la solitude ou l’apprivoiser, tels sont, parmi bien d’autres, les thèmes proposés. Approche du bonheur et de l’harmonie, telles sont les devises édifiantes de cet ouvrage, parfait antidote contre les colères gratuites et les anathèmes inutiles ! Ce qui rend encore plus sympathique et proche Coelho de nous Libanais, échaudés par les déclarations et agissements de George W. Bush, est son sarcastique billet, diffusé sur un site Internet (avec un potentiel de plus de cinq cents millions de lecteurs !), deux semaines avant l’invasion de l’Irak, et froidement intitulé « Merci, président Bush ». Si seulement les gouvernants pouvaient prêter oreilles attentives à certains écrits... Comme un fleuve qui coule est un recueil de textes écrits entre 1998 et 2005. Coelho y distille son talent de dire, de narrer, d’écrire. Il ouvre sa boîte à Pandore littéraire. La même voix que Le pèlerin de Compostelle ou Le Zahir, avec la fiction en moins. On y retrouve le même style, la même fraîcheur, la même simplicité, les mêmes propos de faux airs de paraboles bibliques ou de contes pour enfants. À tous les détracteurs de cet écrivain qui vit à Tarbes quand il ne voyage pas, le mot de la fin lui revient de droit. Voilà ce qu’il répond quand on lui reproche ses obsessions, ses écrits, sa syntaxe peu orthodoxe : « Je pense que les écrivains écrivent, que les critiques critiquent et que les lecteurs lisent. En ce qui concerne la simplicité de mes livres, je donne entièrement raison à mes critiques. Être simple, c’est ce qu’il y a de plus difficile. » Edgar DAVIDIAN * Librairie al-Bourj.
Plus d’une dizaine de romans précèdent son nom. Plus de soixante millions de livres vendus de par le monde, traduits dans plus de cinquante-neuf langues, constituent son vrai passeport pour s’être voué, corps et âme, à la littérature. Succès retentissant depuis L’Alchimiste, paru en 1988, pour Paulo Coelho qui est sans doute le plus étonné encore de cette notoriété...