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Actualités - OPINION

Requiem pour une république

Si «partir c’est mourir un peu», qu’en est-il de rester physiquement en ayant perdu espoir en son pays? Rester et se mouvoir dans un quotidien sans aucune aspiration. Rester, l’âme blessée par tous ces morts, ces attentats et une discorde permanente. Rester et se débattre pour rafistoler ce que les autres ont détruit. Rester et sombrer dans des polémiques sordides. Rester et se laisser embourber dans un présent assujetti aux mensonges des théories isolées et sectaires, évoquant pour nous l’obscurantisme moyenâgeux. Rester et passer le temps à éplucher les petites annonces dans les journaux ou à faire le tour des bureaux de placement, CV à l’appui. Oui, rester c’est mourir chaque jour un peu plus et perdre la flamme qui nous anime. Alors que, au dehors, le monde continue sa marche vers la lumière du progrès; alors que, par-delà les frontières, les pays d’Europe se sont tendu la main en une immense «Union européenne». De là où nous nous trouvons, que ce soit au bureau ou à la maison, nous pouvons, à travers l’Internet, établir le contact avec des personnes sur toute la surface du globe, tandis que, à dix minutes de nos régions subsiste «le malentendu», un désaccord permanent alimenté par la mauvaise foi des uns et surtout par le mercantilisme assoiffé de pouvoir des autres. Tous les dix ou quinze ans, l’histoire se répète: détruire, reconstruire et mendier pour subsister. Chaque génération de ce pays subit une sape en profondeur de ses capacités énergétiques, mentales, intellectuelles, spirituelles, artistiques et physiques. Même si le quotient humain de nos valeurs continue à transcender le politique et le religieux, maîtrisant ainsi notre retour aux sources, cela pourra-t-il durer? Sommes-nous assurés de jouir d’une stabilité, même relative? Notre humanisme social pourra-t-il compenser à la longue le manque de communication? D’autre part, pourrons-nous continuer à subir, par le chantage de la force, le contraire de nos aspirations, ce qui détruit l’essence même de notre devenir? En Irak, on parle de confédération. Pourquoi pas au Liban? Pourtant, dans une certaine région, c’est déjà un état, une réalité à tous les niveaux: politique, militaire et social. Ils sont complètement indépendants et n’ont besoin du reste des Libanais que pour les insulter et les accuser de traîtrise. J’ai lu dans votre quotidien une réflexion émise par un citoyen chiite; il disait tout haut ce que d’autres pensaient tout bas: «Un jour, nous aurons, peut-être, notre République islamiste.» Ce n’est peut-être qu’une phrase, mais elle traduit une pensée en passe de se réaliser un jour. Pourquoi ne pas répondre à cela par la confédération, qui respectera les us et coutumes ainsi que l’idéologie de chacune des communautés? N’est-ce pas mieux que d’être, un jour, aspirés par cette hypothétique république, au risque de perdre son identité et d’aller vers d’autres cieux pour se retrouver soi-même? Il est dommage en ce siècle de la mondialisation de se croire obligé de penser «confédération», c’est-à-dire une certaine forme de division d’un pays. Et si c’était là le seul moyen de conjurer le mal et de mettre, face à ses responsabilité, le dirigeant qui croit le Liban lui appartenir et n’appartenir qu’à lui seul? Et si c’était là le seul moyen de maîtriser le pouvoir des armes dans le contexte interlibanais, qui fait que son possesseur impose ses décisions à tout un peuple? Entre une majorité éphémère de soi-disant 75% d’électeurs et une majorité réelle, qui a les mains liées par ceux qui détiennent les armes illicites, il existe une majorité silencieuse qui ne voudrait pas tomber dans le panneau des verbiages et des «tables rondes»; autant de bluffs conçus pour rogner la légitimité du gouvernement. Un somnifère pour endormir l’attention, comme cela a déjà été fait précédemment. Je félicite quiconque refuse toute action prise en dehors du Conseil des ministres et de la Chambre des députés, seules institutions légales habilitées à prendre les décisions et à les voter. Molly SELWAN
Si «partir c’est mourir un peu», qu’en est-il de rester physiquement en ayant perdu espoir en son pays?
Rester et se mouvoir dans un quotidien sans aucune aspiration.
Rester, l’âme blessée par tous ces morts, ces attentats et une discorde permanente.
Rester et se débattre pour rafistoler ce que les autres ont détruit.
Rester et sombrer dans des polémiques sordides....