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Actualités - OPINION

Que s’est-il exactement passé lundi en Corée du Nord ?

La Corée du Nord a certes annoncé avoir procédé à son premier essai nucléaire ; les capteurs sismiques du monde entier ont bien enregistré des secousses correspondant à celles d’un essai de faible puissance ; une question demeure toutefois : que s’est-il exactement passé lundi dans les montagnes nord-coréennes près de la Chine ? Au lendemain de cette annonce, la plupart des experts et des pays concernés ne savent toujours pas s’il s’agissait d’un petit engin nucléaire, d’un essai raté d’un engin plus puissant ou même d’une explosion non nucléaire. « Pour l’instant, il n’y a aucune certitude », estime Andrew Davies, physicien et expert en matière de défense au sein d’un institut gouvernemental australien. En Corée du Sud, le conseiller présidentiel à la Sécurité nationale a estimé qu’il faudrait « environ deux semaines pour obtenir une évaluation complète ». En attendant, Séoul ne reconnaît pas à sa voisine le statut de nouvelle puissance nucléaire mondiale, a indiqué au cours d’une session parlementaire extraordinaire le ministre sud-coréen de l’Unification, Lee Jong-seok, chargé des relations intercoréennes. La Maison-Blanche a de son côté déclaré ne pas exclure de ne jamais savoir avec certitude ce qui s’est passé. « Il existe une faible possibilité que nous ne puissions jamais déterminer complètement », a répondu le porte-parole de la Maison-Blanche aux journalistes qui lui demandaient s’il envisageait toujours, comme la veille, qu’il faille deux jours pour établir la réalité de l’essai revendiqué par Pyongyang. « Malheureusement, je n’ai rien à vous donner » quant à la nature nucléaire de l’opération ou à la puissance de l’essai, a-t-il ajouté. Le Japon a de son côté réclamé la « preuve qu’un tel essai a eu lieu » avant de prendre des sanctions tandis que la Chine, tout en partant de l’hypothèse selon laquelle l’explosion était nucléaire, n’a fourni aucune précision. Jusqu’à présent, seule la Russie a affirmé avec certitude qu’il s’agissait d’un essai nucléaire et que la bombe pesait entre 5 et 15 kilotonnes. L’Institut géologique américain a, pour sa part, enregistré une secousse de magnitude 4,2, ce qui correspondrait à l’explosion d’une bombe d’une kilotonne. La Corée du Sud a fait état d’une magnitude 3,58, ce qui correspondrait à une bombe encore plus petite. À titre de comparaison, la puissance de la bombe atomique qui avait détruit la ville japonaise d’Hiroshima en août 1945 était de 14 kilotonnes et celle de la bombe larguée sur Nagasaki de 22 kilotonnes. Simulation possible Quoi qu’il en soit, un enregistrement sismique n’est pas la preuve que l’explosion soit nucléaire et personne n’a signalé de radiations. Le Japon a confirmé hier qu’aucun niveau de radiation anormal n’avait été détecté jusqu’à présent dans les échantillons de poussières collectés par des avions japonais après l’annonce nord-coréenne. La Corée du Nord aurait-elle pu avoir fait exploser entre 500 et un millier de tonnes de TNT pour simuler une explosion nucléaire ? La réponse, de l’avis de certains experts, est oui. « Fondamentalement, si vous aviez une kilotonne de TNT et que vous la faisiez exploser, cela provoquerait une explosion du type de celle d’une bombe nucléaire », affirme Chan Lung-sang, sismologue à l’Université de Hong Kong. « Je ne pense pas que l’on puisse écarter la possibilité qu’il (le numéro un nord-coréen Kim Jong-il) ait dupé la communauté internationale », avance, de son côté, un responsable américain de la Défense sous le couvert de l’anonymat. Pyongyang a d’ailleurs déjà montré des défaillances techniques en la matière. Le 5 juillet, l’ensemble des missiles que le régime avait tirés s’étaient abîmés en mer du Japon, dont un Taepodong-2 théoriquement capable de frapper l’Alaska. James Acton du groupe londonien Vertic ne souscrit toutefois pas à l’hypothèse du « canular ». Faire exploser une quantité énorme de TNT serait en soi difficile, indique-t-il. Il faudrait creuser dans le sol un trou énorme, qui serait visible à partir des satellites d’observation. Pour faire illusion, il faudrait aussi parvenir à actionner tous les détonateurs exactement au même instant. « Il est possible de faire la différence entre une explosion conventionnelle et un essai nucléaire. Les différences sont très subtiles et il faut du temps pour analyser les caractéristiques », explique-t-il. Dans ce climat d’incertitude, Robert Karniol, du Jane’s Defense Weekly, invite chacun à la prudence : « Toutes les apparences semblent indiquer que ce qu’ils disent est vrai, mais tout le monde devrait faire preuve de prudence et ne pas faire de déclarations définitives avant d’avoir davantage de données. » Si la Corée du Nord a volontairement fait exploser un petit engin atomique, cela indiquerait une maîtrise déjà élevée de la technologie nucléaire permettant d’envisager une prochaine intégration dans un missile balistique, jugent les experts. « Je ne vois vraiment pas quelle différence cela fait en ce qui concerne l’appréciation générale de la communauté internationale sur le fait que les Nord-Coréens possèdent un certain nombre d’armes nucléaires disponibles et qu’ils ont les moyens d’en fabriquer davantage », prévient toutefois Karniol.
La Corée du Nord a certes annoncé avoir procédé à son premier essai nucléaire ; les capteurs sismiques du monde entier ont bien enregistré des secousses correspondant à celles d’un essai de faible puissance ; une question demeure toutefois : que s’est-il exactement passé lundi dans les montagnes nord-coréennes près de la Chine ?
Au lendemain de cette annonce, la plupart...