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Religions - L’ancien ministre des AE s’inquiète d’un « développement de communautés parallèles » Le débat sur le voile islamique s’embrase au Royaume-Uni après des propos de Straw

Le débat s’est enflammé hier au Royaume-Uni sur le voile intégral islamique, dénoncé comme le symbole « visible » de la séparation des communautés par le ministre chargé des relations avec le Parlement Jack Straw. Pesant soigneusement ses mots, mais déterminé à « mettre ce problème sur la table d’une façon calme et mesurée », l’ancien ministre des Affaires étrangères s’est inquiété d’un « développement de communautés parallèles », et a affirmé sur la BBC qu’il préférerait que les femmes musulmanes ne soient pas voilées du tout. M. Straw avait sciemment lancé la polémique jeudi, révélant dans le journal de sa circonscription, le Lancashire Evening Standard, qu’il suggérait, apparemment sans problème, aux femmes portant le niqab (couverture islamique ne montrant que les yeux) de se dévoiler lorsqu’elles venaient discuter avec lui lors de ses permanences parlementaires, ceci toujours en présence d’une employée féminine. M. Straw est élu de Blackburn, une circonscription du nord-ouest de l’Angleterre, qui compte 30 % de musulmans. « Avec toutes les précautions qui s’imposent, je préférerais » que les musulmanes ne portent pas le voile du tout, « je pense que nous devrions avoir une discussion à ce sujet dans notre société », a insisté hier M. Straw, qui voit dans le voile un obstacle à la communication entre les communautés. « On peut être inquiet des conséquences en matière de séparation et je le suis », a-t-il confié. « J’ai été frappé en discutant avec les femmes concernées par le fait qu’elles n’avaient pas, je pense, complètement conscience des conséquences en termes de relations communautaires. » Dans un pays qui compte 1,6 million de musulmans (2,8 % de la population), majoritairement originaires du Pakistan, du Bangladesh et de l’Inde, et qui s’interroge de plus en plus sur un « communautarisme » remis en cause par les attentats du 7 juillet 2005, ces déclarations ont touché une corde infiniment sensible. Les réactions des musulmans ont été immédiates. Le Conseil des mosquées du Lancashire a affirmé que M. Straw « n’avait pas compris » la question, et dénoncé des propos « très insensibles et manquant de sagesse », car, a-t-il souligné, le port du voile intégral ne nuit à personne. La Commission islamique des droits humains a dénoncé une « discrimination sélective ». Mais le Conseil des musulmans de Grande-Bretagne, l’une des principales organisations, a dit comprendre que « le voile crée un malaise chez les non-musulmans ». Downing Street a prudemment affirmé que M. Straw défendait des « opinions personnelles ». Mais plusieurs députés ont sauté sur l’occasion pour réclamer un débat, dans un pays très tolérant de tous les styles vestimentaires religieux, et où les voiles sont de plus en plus courants. Shahid Malik, jeune élu musulman de Dewsbury (West Yorkshire, Nord) devenu depuis les attentats de 2005 l’une des voix politiques musulmanes, a reconnu que la question du vêtement traditionnel islamique était un problème dans sa circonscription, où l’extrême droite du British National Party avait fait son meilleur score national lors des élections l’an dernier. Et la baronne Uddin, membre de la Chambre des lords, également musulmane, a aussi réclamé un « débat mesuré » sur la question, et « sur le statut des Britanniques musulmanes dans ce pays ».
Le débat s’est enflammé hier au Royaume-Uni sur le voile intégral islamique, dénoncé comme le symbole « visible » de la séparation des communautés par le ministre chargé des relations avec le Parlement Jack Straw.

Pesant soigneusement ses mots, mais déterminé à « mettre ce problème sur la table d’une façon calme et mesurée », l’ancien ministre des Affaires...