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PORTRAIT D’ARTISTE Gina Succar : un pinceau qui se balade des toiles aux murs...

Adolescente, elle avait rêvé de s’engager dans l’humanitaire. Les aléas de la vie et les voies du destin en ont décidé autrement. Pour le meilleur ! Car si, aujourd’hui, Gina Succar ne sauve pas des vies, elle contribue par ses peintures, joyeuses et colorées, à mettre du baume au cœur. «J’aime apporter un peu de fantaisie à la vie», reconnaît cette artiste qui embellit, par ses dessins pétillants et ensoleillés, aussi bien les murs de la capitale (c’est elle qui a signé les trompe-l’œil sur les immeubles de certains quartiers de Beyrouth rafraîchis par Help Lebanon) que ceux de nombreux intérieurs privés, restaurants (Al-Dente, Mijana, Chase, etc.) ou établissements publics (hôtel «Le Gabriel», Musée maritime de la Planète de la découverte...). Elle vous transforme n’importe quel mur gris en jardin d’éden, verdoyant et fleuri, vous repeint un plafond triste en ciel bleu, traversé de vols d’hirondelles ou habité par d’adorables cupidons dodus. De son pinceau malicieux et enjoué, elle couvre les bâches des chantiers urbains de scènes bucoliques ou fait jaillir, le long des enceintes de béton, des paysages de mer, de montagnes, des sources, des collines, des palmiers, des fontaines... Et, entre deux projets de peinture décorative, elle «remplit» des toiles de fruits, de fleurs, de végétation luxuriante, d’oiseaux exotiques... Autant de réminiscences heureuses de l’Argentine et du Brésil, où cette Libanaise de souche est née et a vécu jusqu’en 1993, avant de venir s’installer avec son mari, un médecin libanais, au pays du Cèdre. Un pays qu’elle «adore», dit-elle, et qu’elle n’a, à aucun moment, voulu quitter durant ces deux dernières années calamiteuses. Une marchande de fruits en juillet Elle a d’ailleurs participé, à sa manière, à l’intifada de l’indépendance en 2005, en peignant sa propre version du drapeau libanais: une toile qu’elle a baptisée Liban, on s’aime et qui représente un couple sortant de deux bandes verticales rouges, avec, en leur centre, un cèdre. «C’est un tableau qui représente ma conviction qu’il n’y a que l’amour qui peut sauver le Liban. L’amour et l’union des différentes composantes de son peuple qui peuvent lui redonner toute sa force», commente-t-elle. Cet été, elle a occulté la tourmente de la guerre de juillet en peignant une Marchande de fruits, grande toile pleine de couleurs, de fraîcheur et d’optimisme. Vous l’aurez deviné, Gina Succar s’amuse à mettre des couleurs «optimistes» à la vie, à créer des univers joyeux «à l’opposé de ce qu’est souvent la réalité». Les ciels gris, les compositions sombres ou mélancoliques ne sont pas pour elle. Cette dame chaleureuse et souriante redessine, en quelques coups de pinceaux magiques, un monde plus beau, un monde plus gai, tel qu’elle le rêvait enfant. «Toute petite déjà, je fuyais la réalité que je trouvais affreuse et cruelle, et je m’évadais en dessinant des princesses de contes de fées. J’étais une enfant très timide et introvertie, et le dessin était mon seul moyen d’expression», raconte-t-elle. Un moyen d’expression qu’elle n’abandonnera pas en grandissant. Bien au contraire, à l’aube de l’âge adulte, lorsqu’elle se retrouve contrainte, à cause d’un revers de fortune familial, de laisser tomber ses études d’architecture d’intérieur, pour exercer différents métiers qui ne la passionnaient pas, elle trouvera refuge dans le dessin et la peinture. Ciel bleu comme la liberté «Je peignais en autodidacte, car je n’ai jamais pris un cours de peinture, mais comme mes tableaux plaisaient, j’ai eu l’occasion de faire plusieurs expositions à Buenos Aires». C’est cependant sa jeune sœur Sonia qui l’a encouragée à se lancer vraiment. «Elle n’arrêtait pas de me dire “Gina, tu es une artiste, tu dois tout laisser tomber pour ne te consacrer qu’à la peinture”. C’est vraiment grâce à elle que j’ai la chance aujourd’hui de combiner travail et passion.» Une passion qui la portera à expérimenter toutes sortes de techniques et à épanouir ses talents aussi bien dans la peinture que dans la céramique ou le graphisme et l’illustration. Aujourd’hui, elle fait tout de A à Z toute seule. Sans équipe et sans aide. Sauf celle de plâtriers et de peintres en bâtiments pour les fonds des murs. «Je ressens un réel bonheur à travailler. Et pour rien au monde je ne déléguerais à quelqu’un d’autre l’exécution de mes “murales”», affirme cette artiste qui peint si bien des cieux éternellement bleus. D’un bleu absolu, «comme le bonheur et la liberté». Zéna ZALZAL

Adolescente, elle avait rêvé de s’engager dans l’humanitaire. Les aléas de la vie et les voies du destin en ont décidé autrement. Pour le meilleur ! Car si, aujourd’hui, Gina Succar ne sauve pas des vies, elle contribue par ses peintures, joyeuses et colorées, à mettre du baume au cœur. «J’aime apporter un peu de fantaisie à la vie», reconnaît cette artiste qui...