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CIMAISES À Rome, une exposition explore le lien secret d’Andy Warhol avec la religion

Estampillé roi du pop art et récupérateur du consumérisme, Andy Warhol était peu connu pour ses liens particuliers avec le sacré, la religion et la mort, un côté caché qu’une exposition à Rome met en lumière. Baptisée «Repentez-vous et ne péchez plus!», l’exposition emprunte son titre à un petit tableau avec cette simple phrase écrite blanc sur noir, exécuté en 1986, soit un an avant la mort de l’artiste américain à l’âge de 58 ans. «Cette phrase résume parfaitement le secret de la religion de Warhol», a estimé le commissaire de l’exposition, Gianni Mercurio, lors son inauguration, évoquant un «côté caché, volontairement tenu au secret par l’artiste». Andy Warhol, «pratiquant», allait «plusieurs fois par semaine à la messe» et il priait «chaque jour avec sa mère» venue passer les dernières années de sa vie à New York avec son fils, dans l’appartement duquel elle avait installé un petit autel, est-il expliqué tout au long du parcours de l’exposition. Originaire de l’est de la Slovaquie, la famille Warhola était de confession uniate (catholique de rite oriental), et Andy Warhol a conservé tout au long de sa vie un livre de prières offert par sa mère qui reproduisait en première page La Cène de Léonard de Vinci. C’est en 1986, dans les derniers mois de sa vie, que Warhol commence à travailler sur ce tableau représentant le dernier repas du Christ, réalisé entre les années 1495 et 1497 et dont il va tirer des dizaines de réinterprétations. Dans la chapelle du cloître romain qui accueille l’exposition, une immense toile blanche de 10 mètres de long est frappée en son centre d’une représentation du Christ entouré de quatre de ses apôtres, suivant les positions exactes peintes par Léonard de Vinci. Sauf qu’ils se retrouvent englobés dans une énorme étiquette de prix marquée 6,99 (dollars) qui forme autour d’eux un halo rouge et jaune criard, et que tout autour, Warhol a plaqué trois fois le Christ et cyniquement remplacé les apôtres par trois motos, dont une énorme cylindrée bleu primaire garée le long de la table du dernier repas. Sur un autre mur de la chapelle, un tableau à fond noir est mangé par une grande croix rouge vif, légèrement de travers. Et à côté, une Madone Sixtine librement inspirée du chef-d’œuvre de l’Italien Raphaël tient l’enfant Jésus dans ses bras alors qu’à leurs pieds Warhol a placé leur reflet parfait, mais perpendiculaire, comme renvoyé par un miroir biaisé. Dans d’autres salles, aux côtés de l’ultraconnue boîte de soupe Campbell, des stars – Marilyn Monroe, Jackie Kennedy, Aretha Franklin – se transforment en icônes presque byzantines, figées pour l’éternité. Ailleurs, des sérigraphies représentant des accidents de voiture, des pistolets ou un énorme crâne rouge rappellent l’obsession de l’artiste pour la mort, lui qui a perdu son père alors qu’il était enfant et qui a failli mourir lorsqu’une femme lui a tiré dessus en 1968. À la sortie de l’exposition, les organisateurs ont placé à côté du petit tableau Repentez-vous et ne pêchez plus! un autre cadre du même format proclamant, cette fois noir sur blanc: «Le paradis et l’enfer ne sont séparés que par un souffle». «Je suis allé à l’église. J’y vais toujours pendant cinq minutes. Cinq ou dix minutes», écrivait Warhol dans un de ses journaux intimes. Les 80 œuvres sur toile accompagnées de photos et d’un film sont exposées jusqu’au 2 janvier 2007 au Chiostro del Bramante, via della Pace.
Estampillé roi du pop art et récupérateur du consumérisme, Andy Warhol était peu connu pour ses liens particuliers avec le sacré, la religion et la mort, un côté caché qu’une exposition à Rome met en lumière.
Baptisée «Repentez-vous et ne péchez plus!», l’exposition emprunte son titre à un petit tableau avec cette simple phrase écrite blanc sur noir, exécuté en...