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Actualités - BIOGRAPHIE

PORTRAIT D’ARTISTE - « Le cinquième sens ou la mémoire des doigts », une première exposition à Paris, le 19 octobre Patrick Renauld: diplomate côté cour et sculpteur côté jardin...

Lorsqu’il est arrivé à Beyrouth, il y a cinq ans, Patrick Renauld (qui vient tout juste de terminer son mandat de président de la délégation de la Commission européenne au Liban) a hésité entre deux options: «apprendre l’arabe ou continuer la sculpture». C’est cette dernière qui l’a emporté. La sculpture, qu’il pratique en amateur passionné depuis une quinzaine d’années. Et dont il dévoile, pour la première fois, la place importante qu’elle occupe dans sa vie à travers une toute première exposition de vingt-cinq œuvres – « quasiment toutes réalisées à Beyrouth » – qui se tiendra du 19 octobre au 17 novembre, à l’Imprimerie nationale, 26 rue Desaix, 75 015 Paris. Intitulée « Le cinquième sens ou la mémoire des doigts », elle donne à voir un panel de pièces de petites dimensions, en bronze, en pierre et en bois. Des œuvres figuratives, qui privilégient la représentation classique, élégante et d’une sensualité pudique de la figure et de la silhouette féminine. Rencontre, à la veille de son départ, d’un ambassadeur qui accorde à L’Orient-Le Jour sa «première interview d’artiste». C’est dans la propriété, au bord de la Loire, de son grand-père, au large parc ponctué de statues en pierre, qu’est née la relation de Patrick Renauld à l’art sculptural. De cette enfance entourée d’œuvres tridimensionnelles, il gardera la «mémoire des doigts», cette façon d’appréhender la sculpture par le toucher. Il affirme d’ailleurs que c’est «la capacité d’attirer la caresse qui devrait pouvoir mesurer la qualité d’une œuvre». Des études de droit, un parcours diplomatique chargé, avec les nombreux déplacements que cela implique, ne lui ôteront pas l’envie de s’atteler à la reproduction, par ses propres mains, de la figure humaine. La découverte du bronze et de la pierre au Liban Il commencera d’abord par l’ébénisterie et la sculpture du bois. Une matière qui l’a longtemps attiré «de manière sensuelle, à cause de ses odeurs», et qui le mènera progressivement vers la terre, le bronze, puis la pierre. «C’est en butant sur une veine particulièrement rétive d’un bois d’olivier que je suis passé à l’argile. J’ai ainsi pu modeler différentes formes que j’ai toujours voulu exprimer». Avec l’argile, il expérimentera, dit-il, «l’anxieuse griserie de la cuisson», avant de découvrir, au Liban, le bronze «avec un sculpteur fondeur arménien très talentueux», puis d’amorcer la sculpture sur pierre, un peu par hasard, grâce à la princesse de Lobkowicz, l’épouse de l’ambassadeur de l’Ordre de Malte au Liban. «Elle m’a, un jour, offert deux jolies pierres roses ramassées au Sud. Je lui en ai rendu une sculptée d’une tête d’ange.» Depuis, la pierre fascine Patrick Renauld par sa propension à réagir. «En la travaillant, j’ai réalisé qu’elle a sa propre vie, qu’elle réagit à votre main et à votre ciseau, qu’elle vous répond et qu’elle n’est donc pas inerte.» Pour cet homme pudique et réservé, la sculpture est un exutoire. Durant les bombardements du mois de juillet, par exemple, il s’est «libéré de toute cette tension par la taille directe, un casque de musique sur les oreilles. Ça a rendu, entre autres, un bonhomme qui, à la fois, se défoule, se protège et attaque, raconte-t-il. Par la sculpture, j’exprime surtout mon éternelle quête d’harmonie.» Exutoire et quête d’harmonie Une harmonie de mouvement qui transparaît souvent dans ses bronzes, ceux consacrés à la danse en particulier. Une harmonie qui réconcilie les sens tactile et visuel, la lumière et la forme, l’expression des émotions et l’esthétique pure. Une harmonie qui s’exprime surtout pour Patrick Renauld dans le nu féminin, qu’il reproduit sans modèle, pour laisser une plus grande liberté à la matière qui, «au fur et à mesure que vous travaillez, laisse apparaître des formes que vous n’aviez pas imaginées». Des formes qu’il «essaye d’apprivoiser surtout les week-ends, à raison de six à huit heures le samedi et autant le dimanche». Des formes qui le font «rêver et s’évader, en semaine, quand, en rentrant du bureau et avant de partir à l’un des nombreux dîners, je soulève le linge humide et je regarde la pièce que je travaille», confie-t-il. En attendant de pouvoir se consacrer totalement «dans la deuxième période de ma vie, lorsque je n’aurai plus de fonction diplomatique, à la sculpture et notamment aux grandes dimensions», Patrick Renauld continue à épancher son besoin de création à travers de petites pièces figuratives «avec, pour toute ambition, non pas de faire quelque chose de nouveau, d’extraordinaire, mais plutôt de réaliser ce que je ressens vraiment. Et si je peux faire partager, c’est tant mieux, mais ce n’est pas obligatoire», dit-il en conclusion. Zéna ZALZAL

Lorsqu’il est arrivé à Beyrouth, il y a cinq ans, Patrick Renauld (qui vient tout juste de terminer son mandat de président de la délégation de la Commission européenne au Liban) a hésité entre deux options: «apprendre l’arabe ou continuer la sculpture». C’est cette dernière qui l’a emporté.

La sculpture, qu’il pratique en amateur passionné depuis une...