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Actualités - ANALYSE

Éclairage L’armée américaine, surdéployée, montre des signes de tension

Soldats sous pression, équipements insuffisants, difficultés budgétaires: l’engagement militaire en Irak et en Afghanistan pèse lourdement sur l’armée américaine, qui montre des signes croissants de tension. L’armée de terre fournit l’essentiel des troupes déployées depuis trois ans et demi en Irak, et depuis cinq ans en Afghanistan. Sur les 142 000 soldats actuellement stationnés en Irak, 100 000 sont issus de ses rangs; en Afghanistan, le rapport est de 16 000 sur 21 000. De nombreux soldats en sont à leur deuxième ou à leur troisième mission sur ces théâtres extérieurs, et le Pentagone a annoncé cette semaine qu’une brigade déployée dans la province irakienne de Anbar resterait plus longtemps qu’initialement prévu. C’est la deuxième fois en deux mois que le département de la Défense diffère le retour de « boys » au pays, avec ce que cela implique pour le moral des troupes et de leurs familles. Au sein de l’état-major, des voix s’élèvent pour souligner que les ressources budgétaires risquent de ne plus suffire à la maintenance ou à l’entretien des chars, véhicules blindés et autres équipements mis à rude épreuve en Irak ou en Afghanistan (l’armée estime cette seule charge à 17 milliards de dollars pour l’année prochaine). Quant à l’accélération des rotations, elle implique moins de temps de repos et d’entraînement pour les unités entre deux affectations dans les zones de combat, et donc une moins grande préparation au combat. « La vraie question, c’est “Est-ce que l’armée peut remplir sa mission ?” », lance brutalement Lawrence Korb, qui s’occupait des ressources humaines au département de la Défense sous l’Administration Reagan. Le mois dernier, le chef d’état-major de l’armée de terre, le général Peter Schoomaker, a pris l’initiative rarissime de ne pas fournir de projet de budget aux responsables du Pentagone, expliquant qu’il serait « insensé de soumettre un budget que nous ne pourrons exécuter ». Tout en se disant certain que le Pentagone réglerait le problème, le général Schoomaker explique qu’il lui faudra 140 milliards de dollars en 2008, soit 20 % de plus que le cadrage budgétaire fixé par le département de la Défense. Comme d’autres analystes, Lawrence Korb, qui travaille aujourd’hui pour le Center for American Progress, estime que l’armée de terre, qui dispose d’un demi-million de soldats en service actif, doit en recruter des dizaines de milliers d’autres afin de faire face à ses engagements actuels et de se tenir prête à d’éventuelles crises nouvelles. En Corée par exemple. « Le principal problème aujourd’hui, c’est le surdéploiement », souligne Anthony Cordesman, du Center for Strategic and International Studies, qui s’attend, lui, à de graves difficultés pour obtenir des soldats en fin de contrat qu’ils se rengagent dans l’armée. « Avec le temps, je crois de plus en plus que ce problème va se poser parce qu’il y a un contrecoup dans les rangs de l’armée, qu’il y a beaucoup de colère pas tellement contre la guerre, mais plutôt contre les calendriers d’affectation, l’impact sur la vie de famille, les perspectives de carrière incertaines », dit-il. Will DUNHAM (Reuters)

Soldats sous pression, équipements insuffisants, difficultés budgétaires: l’engagement militaire en Irak et en Afghanistan pèse lourdement sur l’armée américaine, qui montre des signes croissants de tension.
L’armée de terre fournit l’essentiel des troupes déployées depuis trois ans et demi en Irak, et depuis cinq ans en Afghanistan. Sur les 142 000 soldats...