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Bint Jbeil annonce le plan d’une ville nouvelle, et Yarine, Boustane, Aïta el-Chaab font face à une crise humanitaire à l’approche de l’hiver Le PNUD contribue au redressement des municipalités du Liban-Sud

«La République islamique d’Iran et l’émirat du Qatar vont nous aider à tout reconstruire et nous allons continuer à vivre sur cette terre. Celui qui avait un deux-pièces en aura cinq, celui qui avait trois chambres, nous lui en offrirons sept... Les habitants de Bint Jbeil seront récompensés pour leurs actions patriotiques, leur résistance et leur patience », déclare Ali Bazzi, président de la municipalité de Bint Jbeil. La grosse bourgade, qui fut le théâtre de terribles affrontements lors de l’offensive israélienne, n’est que dévastation. Au milieu de nuages de poussière, il annonce que les nouveaux plans établis prévoient « une rue large de dix mètres, bordée de bâtiments à trois étages, avec des parkings souterrains. Venez dans un an, la reconstruction sera terminée ». Quarante jours après la cessation des hostilités, Bint Jbeil continue d’aligner des monceaux de béton et de fers tordus. Malgré les pelleteuses et les camions qui travaillent à déblayer les décombres, à évacuer les gravats et à dégager les rues, on a l’impression que rien n’a été touché tant les dégâts sont immenses. « Pourtant, affirme le président de la municipalité, le contenu de quatre à cinq mille camions a été dégagé, jusqu’à aujourd’hui. » Sur les 54 000 habitants que compte, par ailleurs, le bourg, « seulement 3 000 sont retournés chez eux, deux écoles sur sept pourront accueillir les élèves cet hiver et l’hôpital portant le nom de cheikh Salah Ghandour n’a pas cessé de fonctionner », a encore indiqué Ali Bazzi, lors de la visite effectuée dans les villages limitrophes de la frontière israélienne par Mme Mona Hammam, représentante permanente du PNUD au Liban (Programme des Nations unies pour le développement). Accompagnée d’un groupe de journalistes, Hammam a également entrepris une tournée à Tyr, Yarine, Boustane, Aïta el-Chaab et Rmeich, réaffirmant partout l’engagement de l’organisation internationale à contribuer, à hauteur de 20 millions de dollars, à la reconstruction du Liban. Dans une première phase, 800 000 dollars ont été débloqués pour aider au redressement des municipalités de la région. Le soutien fourni aux autorités locales de Tyr a ainsi permis, après la guerre de juillet-août, de « déblayer les quartiers sinistrés, dégager les rues, combler les cratères, et collecter les tonnes d’ordures domestiques qui se sont entassées durant un mois », a déclaré le président de la municipalité, Abdul Mohsen Husseini, qui a indiqué qu’à la demande du Haut Comité de secours, le Conseil du Sud a répertorié « 120 unités de logements détruites et plus de 500 autres sérieusement endommagées ». De même, les pertes du secteur agricole sont « énormes », a révélé Ghassan Farran, membre de la municipalité, qui a mis aussi l’accent sur l’« absence totale des institutions étatiques. Pour vous donner un exemple, l’État n’a même pas entrepris la réhabilitation des écoles qui ouvrent leurs portes prochainement », a-t-il dit. Les récoltes perdues « Il faut de l’eau, il faut des vivres, des tentes, des couvertures, l’hiver approche et les gens n’ont nulle part où dormir », a martelé Adnane el-Ahmad, président de la municipalité de Yarine, s’interrompant pour hurler : « Hé, les gosses, faites attention où vous marchez ! Restez sur la route. » Et d’ajouter à notre intention : « On a beau leur expliquer, ils ne sont pas conscients des dangers qu’ils courent à cause de l’utilisation massive des bombes à fragmentation qui parsèment les champs. Les récoltes de tabac et des olives sont d’ailleurs perdues. » Affichant les portraits du l’ancien chef de gouvernement assassiné, Rafic Hariri, et de la députée Bahia Hariri, le village, situé à un jet de pierre de la frontière avec Israël, a subi de grosses destructions et l’infrastructure a été démolie. Quelque 750 habitants des 2 450 qui ont fui les combats ont regagné leur domicile, mais « ils manquent de tout. Ils n’ont pas de quoi acheter leur nourriture. Ils sont totalement démunis ; les deux épiciers du village n’ont, d’ailleurs, plus les moyens de garnir leurs étalages ». Répondant aux besoins les plus urgents, « l’émirat du Qatar nous livre un repas chaud tous les jours et le PNUD a financé une grande citerne d’eau et un groupe électrogène pour permettre sa distribution dans les logis », affirme Adnane el-Ahmad, avant que nous mettions le cap sur Aïta el-Chaab. Nous poursuivons notre route de village en village. Certains ont subi des dégâts, d’autres ont été épargnés. C’est le cas de Rmeich. La localité chrétienne, où le PNUD entreprend depuis quelques années des projets de développement, souffre d’une pénurie d’eau, « mais cela ne nous a pas empêchés d’accueillir, durant le conflit, plus de 15 000 déplacés de la région », a indiqué Youssef Tanios, président de la municipalité, qui a profité de la visite de Mona Hammam pour discuter de la mise en place d’un puits artésien et d’un système de collecte d’ordures. Quelques kilomètres plus loin, Aïta el-Chaab, « rasée à 95 % », offre une image apocalyptique. Le fief du Hezbollah, qui comptait 10 000 habitants, n’est plus que ruines, amas de béton et de fer qu’évacuent les pelleteuses et les camions portant le sigle du PNUD et du Conseil du Sud. « Des tentes, don de l’Italie, de l’Iran et de la France, ont été dressées pour abriter quelque 700 familles retournées chez elles. Et comme toute l’infrastructure a été dévastée, des citernes temporaires ont été mises en place pour résoudre le problème d’eau », explique Tayssir Srour, le président de la municipalité. Le bilan des 34 jours de guerre est lourd. « Dramatique, souligne le vice-président de la municipalité de Boustan, Mohammad Chamman, car partout, il y a un grave problème d’argent. Les gens ne travaillent pas, ils ont perdu leur récolte, leur bétail, leur petit métier et aucune mesure concrète n’a été mise en œuvre pour assister la population. Dans les mois qui viennent, à l’approche de l’hiver, nous allons fatalement faire face à une crise humanitaire. » May MAKAREM

«La République islamique d’Iran et l’émirat du Qatar vont nous aider à tout reconstruire et nous allons continuer à vivre sur cette terre. Celui qui avait un deux-pièces en aura cinq, celui qui avait trois chambres, nous lui en offrirons sept... Les habitants de Bint Jbeil seront récompensés pour leurs actions patriotiques, leur résistance et leur patience », déclare...