Soudan - La principale faction rebelle réclame l’envoi de Casques bleus Khartoum appelle l’UA à rester au Darfour

Le Soudan a de nouveau demandé hier à l’Union africaine (UA) de maintenir sa force au Darfour, une région de l’ouest du pays en proie à la guerre civile, à deux jours d’une réunion cruciale de cette organisation. La réunion du Conseil de paix et de sécurité, qui devait se tenir hier à New York pour décider du maintien ou pas des soldats de l’UA au Darfour, a été reportée à demain, les présidents nigérian Olusegun Obasanjo et rwandais Paul Kagame n’étant pas encore arrivés sur place. L’ONU recommande d’envoyer ses propres troupes au Darfour pour remplacer l’UA, sous-financée et mal équipée, un scénario rejeté par le président soudanais Omar al-Béchir pour qui il s’agit d’une violation de la souveraineté du Soudan. M. Béchir devrait réitérer son point de vue à la réunion de l’UA pour laquelle il est déjà arrivé à New York, selon l’agence officielle Suna. À Khartoum, le vice-président Ali Osmane Taha a déclaré lors d’une conférence de presse que « l’UA devrait poursuivre son mandat après le 30 septembre », en référence à la fin officielle du mandat de cette force. Ce proche de M. Béchir a réaffirmé que son pays était prêt à apporter une aide financière à la force, sous-financée et mal équipée, conformément à la décision du sommet arabe de mars dernier de soutenir l’UA. La pression a cependant augmenté sur le gouvernement soudanais pour qu’il accepte une force onusienne au Darfour, où la violence se poursuit malgré un accord de paix signé en mai avec le principal groupe rebelle. Depuis 2003, le conflit a fait des centaines de milliers de morts et de déplacés. Ce groupe, le Mouvement de libération du Soudan (SLM), a d’ailleurs réclamé la présence de Casques bleus dans la région pour protéger les civils. La résolution 1706 du Conseil de sécurité prévoyant un tel déploiement « constitue un gain pour la population du Darfour et pour le peuple soudanais en général, c’est pourquoi elle a été soutenue par toutes les forces politiques démocratiques au Soudan », a affirmé Mahjoub Hussein, porte-parole de la faction du SLM dirigée par Minni Minnawi. « La seule voix discordante est le parti de M. Béchir, le Congrès national, et nous l’appelons à reconsidérer sa position pour l’intérêt du peuple », a-t-il ajouté. Samedi, le partenaire de M. Béchir au gouvernement d’union nationale, le Mouvement populaire pour la libération du Soudan (SPLM, ex-rébellion sudiste), a aussi appelé au déploiement de Casques bleus au Darfour. L’étau devrait se resserrer encore plus autour de M. Béchir lors de l’Assemblée générale des Nations unies à New York aujourd’hui. Le président français Jacques Chirac a d’ores et déjà annoncé qu’il lancerait un « appel solennel » à son homologue pour qu’il accepte l’envoi par l’ONU d’une force au Darfour.