Une rentrée cinématographique éclectique Les sorties de la semaine

Dunia, de Jocelyne Saab À l’origine journaliste et reporter de guerre dans le monde arabe et en Iran pendant quinze ans, Jocelyne Saab, née à Beyrouth, s’est tournée vers la fiction pour réaliser trois longs-métrages après avoir été l’assistante de Volker Schlöndorff sur Le faussaire. Une vie suspendue, son premier long-métrage, a été sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes en 1985. Elle réalise en 1990 Il était une fois Beyrouth, un docu-fiction pour le centenaire du cinéma, et retrouve le documentaire en réalisant au Vietnam La Dame de Saigon, prix du meilleur documentaire français. Dunia, son dernier long-métrage, est une variation sur le désir féminin, sujet éminemment tabou dans la société arabe et notamment égyptienne, où se situe l’action. S’appuyant sur la puissance érotique du patrimoine poétique et musical arabe, le film parle d’amour et de désir à travers une femme marquée par une éducation traditionnelle et contraignante. L’histoire se déroule en Égypte, au moment où Les Milles et Une Nuits sont interdits pour cause de pornographie. L’histoire suit donc la jeune Dunia, une étudiante en poésie soufie et en danse orientale au Caire. C’est à travers sa quête personnelle que la cinéaste évoque les thèmes-phares de Dunia: la féminité en Orient, la complexité du rapport entre l’homme et la femme, le désir de celle-ci et son impossible plaisir, mais aussi la sensualité, la censure et l’excision. Que de sujets forts et intéressants quelque peu ternis par un scénario souvent redondant et étiré. Reste à saluer la belle Hanan Turk (jeune actrice qui a connu la consécration avec L’émigré, de Youssef Chahine, en 1994) qui parvient, deux heures durant, à nous envoûter par ses mouvements qui mélangent danse du ventre, ballet moderne et techniques soufies. On se laisse alors bercer par les mots, les gestes et la musique qui mêle mélodies orientales, percussions, pop arabe et notes occidentales, telles que la salsa, la bossa-nova et le hip-hop. Espace, CinemaCity, Empire Sofil The Sentinel, de Clark Johnson The Sentinel est l’adaptation d’une nouvelle éponyme de Gerald Petievich. Ce thriller politique, aussi classique que prévisible, se situe à Washington, plus précisément dans la Maison-Blanche. Un agent chargé de la sécurité de la Première dame est accusé d’être à la tête d’un complot visant à assassiner le président. Au programme donc: conspiration, services secrets, affaires extraconjugales, etc. Tout cela sonne bien familier. Le cinéaste Clark Johnson joue effectivement sans complexe la carte du déjà-vu. Cela n’empêche pas sa petite entreprise de rouler convenablement. Reste cependant à remercier les acteurs sans qui le film serait probablement passé aux oubliettes. Eh oui, à défaut de révolutionner le genre, Johnson a intelligemment choisi sa distribution. S’il joue la sécurité en optant pour Michael Douglas dans le rôle de l’agent secret, le cinéaste lui donne un petit coup de jeune en lui flanquant deux coéquipiers de choc : les très populaires Kiefer Sutherland et Eva Longoria, tous deux acteurs de séries télévisées à succès. Le premier a pu donner un second souffle à sa carrière en incarnant le personnage de Jack Bauer dans 24 et la deuxième incarne la très sulfureuse Gabrielle Solis dans Desperate Housewives. Voilà donc les rachitiques nouveautés que vous offre The Sentinel, un film, vous l’aurez compris, bien huilé, mais qui manque terriblement d’originalité. Espace, Freeway, CinemaCity, Circuit Empire – sauf Sofil Cars, de John Lasseter Après les insectes (A Bug’s Life), les jouets (Toys), les monstres (Monsters Inc), les poissons (Finding Nemo) et les superhéros (The Incredibles), c’est autour des bolides d’inspirer l’imagination des studios Pixar. Aux commandes des quatre roues, le cinéaste John Lasseter. Cet amoureux de voitures (enfant, il passait son temps chez le concessionnaire Chevrolet où son père dirigeait le service des pièces détachées), plusieurs fois oscarisé, parvient une fois de plus à nous séduire. L’histoire nous embarque dans le monde d’une voiture de course nommée Lightening McQueen. Célèbre, riche et séduisant, il se retrouve malencontreusement coincé au beau milieu de la célèbre route 66. L’occasion pour lui de faire connaissance avec des voitures différentes mais authentiques et de réaliser que la simplicité et l’amitié sont plus importantes que la vitesse. Oui… tout cela dégouline de bons sentiments et de messages moralisateurs plan-plan (n’oublions pas que Disney fait partie de l’aventure), mais le reste parvient à excuser ces multiples dérapages. Côté visuel, Cars est effectivement une perle de dessins animés. Les studios Pixar nous ont une nouvelle fois bluffé. L’anthropomorphisme est vraiment convaincant. Chaque voiture est effectivement personnalisée et détient un trait de caractère bien spécifique. Si leur aspect physique les démarque, les voix participent également à faire des bolides des «êtres» à part entière. Côté doublures, on retient, entre autres, Owen Wilson, Paul Newman, Michael Keaton, Bonnie Hunt et Michael Schumacher en guest-star. Si la troupe d’acteurs se dépatouille plutôt bien, nous retenons essentiellement du film ses exceptionnelles prouesses techniques. Certes, plusieurs zones d’ombre existent, mais la beauté des paysages, la plastique des voitures et l’univers singulier de Cars valent le détour. Concorde, Abraj, Zouk Sorties prévues pour le jeudi 14/09/06 (sous réserves) : – Superman Returns, de Bryan Singer, avec Brandon Routh et Kate Bosworth. – Click, de Frank Coraci, avec Adam Sandler et Kate Beckinsale. – Take the Lead, de Liz Friedlander, avec Antonio Banderas et Rob Brown. – Countdown, de Evgeniy Lavrentiev, avec Vyacheslav Razbegaev, Alexei Makarov, Louise Lombard, John Amos, Ramil Sabitov et Viktor Verzhbitsky. PAR DYMA DEMIRDJIAN