Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - Prolongation à la galerie Agial Hassan Moussa, au cœur de la fibre

En dépit des circonstances que traverse le pays, la galerie Agial ouvre ses portes et présente encore pour une vingtaine de jours des œuvres artistiques alliant le moderne à l’ancien, le traditionnel à l’avant-gardisme. Des créations qui s’affichent en lettres colorées et en impressions métissées et qui sont signées Hassan Moussa. C’est sur les étoffes et dans la trame des fils que Hassan Moussa mélange ses piments et ses encres, et fabrique sa propre cuisine pour dégager des images très fortes qui continuent et pérennisent l’art. Un art qui n’est, à ses yeux, qu’une partie fondamentale de l’histoire de l’humanité. Peu importe la texture de la fibre sur laquelle il travaille. Ce sont tantôt des tissus d’ameublement, tantôt des étoffes trouvées sur le marché qui accrochent son regard par les motifs qui lui suggèrent des croquis et des couleurs. Les toiles sont tendues, tirées, sans cadrages ni contours et les teintes s’infiltrent dans l’écheveau sur un support composé de tissus d’impressions (généralement à fleurs), que l’artiste achève de brosser à nouveau. Libéré de certaines structures contraignantes, Hassan Moussa, qui a suivi des études très académiques, avoue pourtant respecter cette discipline qui continue à régir son art. «Ce n’est ni un travail spontané ni innocent, mais bien mûri et élaboré, dans la continuité d’un art classique, enrichi cependant par tous les apports contemporains et humains», confie-t-il. Aux yeux de Moussa, l’artiste n’est plus ce travailleur qui s’isole loin du monde pour aboutir à un travail pictural. C’est, au contraire, celui qui plonge dans le monde et s’y fond afin de recréer sa palette et traduire des images à sa manière. Celles-ci-ne sont certainement pas fortuites. Produit du métissage de cultures et d’expériences reçues, elles ramènent souvent aux grands thèmes qui ont parcouru l’humanité. Des images fortes Dans ce travail, Hassan Moussa reprend certaines figures saintes, presque légendaires de l’imagerie chrétienne pour livrer ses propres impressions sur le concept complexe de martyre, de violence, mais également du choix de vie et de la valeur de celle-ci. Saint Georges combattant le dragon devient, sous la touche acerbe et ironique de l’artiste, un guerrier qui saccage le musée de Bagdad, sur fond de tasses en porcelaine (allusion à la fragilité de la vie). Quant à saint Sébastien, pivot central de cette réflexion haute en couleur, imprimée sur des toiles grand format, il reflète l’engagement «politique» et total de l’artiste. Le torse percé de fleurs, non de flèches, étendu lascivement auprès de femmes, tout comme dans les paradis perdus de Gauguin, ou encore empruntant la tête de Che Guevara, martyr exemplaire des temps modernes. Ce sont autant d’images poétiques et mythiques que Hassan Moussa puise chez les grands peintres classiques pour transcender le temps et abolir les frontières. Ce n’est pas une révolte qu’il traduit avec son arme, la couleur, tissée sur le canevas pour exprimer des fragments de vie, mais une simple rupture, afin de mieux aller de l’avant. «S’arrêter, prendre le temps d’observer et puis prendre position», tel est le leitmotiv de cet artiste qui a choisi un jour de quitter son pays pour des raisons de malaise politique pour s’installer en Europe. Qui a également choisi de rompre avec un structuralisme académique et de s’inventer un nouvel univers. Fort de sa maîtrise de la couleur, cet artiste n’a cessé d’affermir son dessin et d’explorer différents agencements de surfaces sur lesquelles des éléments se juxtaposent les uns aux autres pour composer une mosaïque qui semble se poursuivre sans discontinuer. Celle-ci invite le regard non seulement à contempler les toiles, mais également à intervenir et à faire partie intégrante de la création, comme face au Martyr de saint Sébastien, exposée en 1997 à la Biennale de Venise. Pour Hassan Moussa, quel que soit le support choisi, l’œuvre artistique est un cheminement effectué à deux et même plus, qui suppose un regard partagé par l’artiste et tous ceux qui désirent entreprendre l’aventure avec lui. Colette KHALAF
En dépit des circonstances que traverse le pays, la galerie Agial ouvre ses portes et présente encore pour une vingtaine de jours des œuvres artistiques alliant le moderne à l’ancien, le traditionnel à l’avant-gardisme. Des créations qui s’affichent en lettres colorées et en impressions métissées et qui sont signées Hassan Moussa.
C’est sur les étoffes et dans la...