Rechercher
Rechercher

Actualités

« La mort pour lui serait trop douce », estiment les Kurdes de Dohouk

«Fils d’âne », « Fils de pute », lancent les hommes d’un café de Dohouk, dans le Kurdistan, en découvrant le président déchu Saddam Hussein à l’écran dans le box des accusés, lors de son procès pour génocide, après les campagnes Anfal. L’un fait semblant de cracher, d’autres hurlent « Bâtard », « Salaud », lorsque apparaît Ali Hassan al-Majid, surnommé « Ali le Chimique », l’un des principaux responsables des massacres des populations kurdes, à l’aide notamment de gaz de combat. « Nous sommes contents de voir notre ennemi juré Saddam devant un tribunal », explique plus calmement Walid Khaled, 30 ans, dont le frère est mort en 1988 lors de la campagne Anfal. Soudain, une coupure d’électricité plonge le café dans l’obscurité. « Même Dieu ne veut pas écouter Saddam », lance avec ironie Ziad Faria Mohammad, 28 ans, qui a perdu son père dans les mêmes circonstances. Dans les campagnes, dans les villages bombardés et vidés de leurs occupants pendant Anfal, les habitants regardent aussi le procès de leur bourreau. À Beshenki, à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Dohouk, le chef du village a branché le groupe électrogène pour cette occasion. « Ce procès est trop clément pour lui. La coalition lui a laissé la vie, mais il devrait être mort. Il ne mérite pas d’être encore vivant. On aurait préféré qu’il soit jugé ici dans le Kurdistan. Qu’on l’amène, vous allez voir le procès qu’on lui fera », Mohammad Hussein Souleiman, 72 ans, qui précise : « Il n’y a qu’une seule sentence possible : la mort. » « S’il n’y avait pas eu l’intervention étrangère après l’invasion du Koweït, je n’ai aucun doute : le Kurdistan aurait été rayé de la carte », ajoute Lezguine Khazem, 37 ans. « Saddam Hussein a ordonné de tuer des bébés encore en train de téter, des enfants, des femmes. C’est un génocide qu’il aurait commis », si on l’avait laissé faire, analyse Tahar Souleiman Ghazy, âgé de 60 ans, et qui a perdu 14 membres de sa famille pendant la campagne Anfal. « Si je pouvais lui parler, je lui demanderais “Pourquoi ? Quels crimes avaient commis ces gens ?”. Je lui dirais que la mort est trop douce pour lui. Il faudrait l’enfermer dans une petite cage. Comme il a fait à des gens », réclame-t-il. « Même cela ne serait pas assez pour les crimes qu’il a commis. Pas assez pour la souffrance qu’il a infligée », regrette M. Ghazy. Patrick FORT (AFP)
«Fils d’âne », « Fils de pute », lancent les hommes d’un café de Dohouk, dans le Kurdistan, en découvrant le président déchu Saddam Hussein à l’écran dans le box des accusés, lors de son procès pour génocide, après les campagnes Anfal. L’un fait semblant de cracher, d’autres hurlent « Bâtard », « Salaud », lorsque apparaît Ali Hassan al-Majid, surnommé...