Échos d’une visite

À la demande de Sa Béatitude le cardinal Sfeir, l’archevêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, a visité les centres d’hébergement où sont accueillis les déplacés du Liban-Sud. Me Rachid Jalkh et moi-même, en tant que membres du conseil municipal de la ville de Beyrouth, avons accompagné Mgr Matar dans sa tournée beyrouthine. Je ne m’attarderais pas sur la fierté humiliée de ces personnes qui ont dû fuir leurs terres et leurs maisons ou sur cette ribambelle d’enfants qui ne comprenaient pas pourquoi ils étaient à l’école en plein été, ne pouvant pas gambader dans les champs ou jouer avec leurs camarades dans la petite ruelle de leur village. Je ne parlerais pas non plus du regard hagard de ces mères inquiètes, les larmes aux yeux, ou de ce vieil homme qui ne pouvait même plus s’étendre sur son lit ou se reposer à l’ombre de son vignoble. Les journaux et les médias en ont brossé un tableau suffisamment poignant et éloquent. Je voudrais cependant souligner le message fort et sans équivoque du patriarche Sfeir, transmis par cette personnalité calme, sereine et pondérée qu’est l’archevêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar: «C’est en des moments pareils que l’on reconnaît ses frères, c’est ainsi que l’unité nationale se forge en se tenant la main, en traversant ensemble les épreuves. Nous sommes tous fils d’un même Dieu, d’une même patrie.» Au-delà de ces mots de réconfort, il y avait un appel à la justice et à l’ouverture des cœurs, délivré avec émotion, respect et grandeur d’âme. Je voudrais surtout saluer l’abnégation, le don de soi et les efforts des sœurs de la Charité qui se sont dépensées sans compter, ouvrant grand leur cœur et les portes de leurs écoles de la rue Clemenceau,veillant personnellement au réconfort de ces déplacés qu’elles ont accueillis non en réfugiés mais en tant qu’êtres humains. Georges TYAN Membre du conseil municipal de Beyrouth