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Journalistes étrangers et libanais remplacent les touristes Les hôtels tentent de minimiser l’impact de la crise

Forts des expériences passées, les Libanais ont acquis le sens de la gestion de crise. À l’instar du secteur hôtelier qui, malgré de lourdes pertes, essaye de maintenir un niveau d’activité viable. Du côté de la capitale, les hôtels ont relativement compensé les départs massifs de leurs clients habituels, les ressortissants du Golfe, par l’afflux de journalistes étrangers. Avant le début de l’offensive, près de 90 % des chambres étaient réservées. « Aux premiers jours de l’offensive, environ 80 % des réservations ont été annulées », a expliqué le directeur de l’hôtel Mövenpick, Joseph Kufer. Mais il a quand même tenu à afficher un certain optimisme. Grâce à la présence des médias et des employés des Nations unies, le taux d’occupation est en effet remonté à 60 %. Toutefois, pour gérer la situation de crise, l’hôtel a dû prendre une série de mesures, notamment le contrôle permanent de la disponibilité des produits, la mise en place d’un plan de protection des bénéfices, la suspension des activités non profitables (trois restaurants sur cinq ont été fermés), la réduction des dépenses (non-usage de certains étages), etc. La baisse des prix fait également partie des décisions prises par l’hôtel. « Nous appliquons un prix juste qui nous permet de conserver le même niveau de service et de couvrir nos dépenses. Parallèlement, aucune décision de licenciement n’a été prise pour le moment », a indiqué M. Kufer. Pour la directrice du département de commercialisation, Mira Hawa, plus tard la situation dépendra en grande partie du choix des multinationales à délocaliser ou non leurs filiales. Cela reflétera leur confiance à l’égard du pays et dans sa capacité à se redynamiser. Même profil de clientèle à l’hôtel Albergo, à Achrafieh, où « 100 % de la clientèle sont des journalistes », a expliqué une responsable de l’hôtel, Jihane Sakr. « Nous appliquons ainsi des tarifs spéciaux tout en prenant soin de ne pas compromettre la qualité du service », a-t-elle ajouté. Le bilan est plus sombre du côté de Sin el-Fil. L’hôtel Habtoor, par exemple, affiche un taux d’occupation entre 10 et 15 %. Mais il ne compte pas fermer ses portes pour autant, indique le directeur des ressources humaines, Joseph Ghazi. À Dbayeh, la situation semble circonstancielle. Ainsi, Le Royal a bénéficié les quatre premiers jours de l’exode d’un grand nombre de Libanais de Beyrouth et d’étrangers qui attendaient leur évacuation. L’hôtel avait alors affiché un taux de 80 %. Mais progressivement, avec le départ des étrangers surtout, l’activité a commencé à se ralentir pour atteindre actuellement un taux d’occupation de 25 %. Si la situation se poursuit, l’hôtel prévoit une perte entre 1 et 1,3 million de dollars le mois prochain. Malgré l’incapacité de couvrir ses pertes, l’administration de l’hôtel n’a licencié aucun employé, et aucune décision de baisse de salaire n’a été prise, pour le moment du moins. Le phénomène du Metn À l’opposé, les « déplacés » font l’affaire des hôtels du Metn, où le secteur semble subir beaucoup moins les séquelles de la crise. Des dizaines de sociétés ont choisi d’opérer à partir des hôtels situés dans cette région, et plus de six grands restaurants et boîtes de nuit ont également été contaminés par la vague de délocalisation. Au Grand Hills de Broummana, le taux d’occupation se situe entre 50 et 60 %, et l’hôtel arrive ainsi à couvrir ses dépenses. À l’image d’un grand nombre d’hôtels du pays, le Grand Hills invite ses employés à prendre leur congé annuel afin de diminuer les dépenses, tout en leur permettant de garder leur emploi. Une activité plus fluctuante du côté de l’hôtel al-Bustan qui connaît un taux d’occupation entre 65 et 90 %, les chambres étant occupées pour un week-end ou pour une nuit par des étrangers ou des Libanais. Mais son directeur a tempéré cette effervescence en indiquant que le bilan n’était pas aussi gai qu’il ne le paraissait. Selon lui, « de nouvelles dépenses ont surgi, telles que le nettoyage, vu que Sukleen avait suspendu ses activités pendant un certain temps, la cherté et la difficulté de la livraison de certains produits, tels que les carburants et les produits de base, etc. », a-t-il ajouté. Et pendant que l’hôtel Monroe ferme ses portes à Beyrouth, le Printania, également propriété de Pierre Achkar, regorge de monde. Il est occupé à 80 %, un taux digne des meilleures saisons estivales du Liban. Mais pour Joyce Moawad du département de ventes, « la situation n’est pas glorieuse à ce point ». À en croire ses propos, l’hôtel ne réalise pas de profits, et ce, en raison de la hausse importante de ses dépenses, notamment salariales. En effet, tous les employés du Monroe ont été transférés au Printania. « De plus, nous avons diminué les prix des chambres de 50 %, et ces dernières sont occupées majoritairement par des Libanais, et non par les ressortissants du Golfe, qui dépensent largement plus. » Malheureusement, reste les hôtels du Sud et de la Békaa qui ne peuvent pas gérer la crise, mais la subissent de plein fouet. La majorité d’entre eux a fermé ses portes, à l’image de l’hôtel Massabki à Chtaura. Plus de 1,6 million de touristes, près de 4,4 milliards de dollars de revenus, 95 % de hausse de l’offre hôtelière entre 2006 et 2010, avec l’ouverture notamment des hôtels Hyatt, Hilton, Four Seasons, et deux propriétés supplémentaires pour la chaîne d’hôtels Rotana : telles étaient les prévisions avant le 12 juillet. Ce ne sera certainement pas pour cette saison, mais les gérants des hôtels refusent de lâcher l’affaire. Ils comptent remettre le plus tôt possible le pays du Cèdre sur l’échelle des destinations les plus prisées. Magali GHOSN
Forts des expériences passées, les Libanais ont acquis le sens de la gestion de crise. À l’instar du secteur hôtelier qui, malgré de lourdes pertes, essaye de maintenir un niveau d’activité viable.
Du côté de la capitale, les hôtels ont relativement compensé les départs massifs de leurs clients habituels, les ressortissants du Golfe, par l’afflux de journalistes...