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Actualités - REPORTAGE

reportage À Gaza, le rap pour évoquer la guerre, le mal de vivre et les filles

Les paroles sont en arabe, la musique est rythmée, et le message engagé : de jeunes Palestiniens de la bande de Gaza ont choisi le rap pour dénoncer la guerre, évoquer leur mal de vivre dans un état de siège quasi permanent et parler des filles. Dans un studio d’enregistrement sur le front de mer à Gaza, ils sont trois, Mohammad, Samy et Dany, venus enregistrer une nouvelle chanson. Âgés de 21, 20 et 17 ans, ils ressemblent à tous les jeunes du monde, avec des jeans qui tombent sur les hanches, du gel dans les cheveux et des rêves plein la tête. Leurs espoirs, leur tristesse ou leur colère, ils ont choisi de les exprimer sur le rythme du rap, parce que le rap, disent-ils, « n’a pas de règles, il vous rend libres ». Il y a sept groupes palestiniens de rap dans la bande de Gaza, disent-ils. Celui de Samy et Dany s’appelle « Dead Army ». « J’aime le rap parce qu’il parle des gens qui souffrent », explique Mohammad Farra, qui fait, lui, partie du groupe PR, pour Palestinian Rappers. « Le rap est le moyen le plus facile de parler aux gens. Et puis le message leur parvient plus vite à cause de la musique », dit-il. Son dernier album, Dama’a min Loubnan (Une larme du Liban), est consacré à l’actuel conflit au Liban. Mais avec son copain du groupe PR, Ayman Meghames, 21 ans, il évoque aussi les autres préoccupations des jeunes de son âge dans une bande de Gaza qui a plus souvent connu les violences que la paix. « Mes chansons parlent de politique, de la Palestine, de l’occupation israélienne, mais aussi des problèmes des jeunes ici », dit Mohammad, qui passe ses journées à mixer des mélodies sur son ordinateur, à « chatter » sur Internet et se couche lorsque l’électricité est coupée car, dit-il, il n’y a rien à faire à Gaza. « Ici, on s’ennuie à mourir, c’est comme en enfer », dit-il. Il n’y a pas d’endroits pour sortir, pas d’activités culturelles, et même les visites aux copains ou les baignades à la mer se font rares à présent en raison des bombardements, explique-t-il. « Il ne fait pas bon traîner dans la rue le soir ni aller à la plage », dit-il, en rappelant que le 9 juin, l’explosion d’un obus a tué huit civils palestiniens sur une plage de Gaza. « Et puis, les gens ne sont pas d’humeur à faire la fête par les temps qui courent », souligne-t-il. Alors, ses frustrations, ses colères ou ses rêves, il les fait vivre dans ses chansons. « On parle des filles, dit-il dans un sourire, mais jamais en mal, parce que, ici, les gens sont très traditionnels, les garçons et les filles ne sont pas autorisés à se fréquenter avant le mariage. Alors, on fait aller notre imagination. » Lui qui a donné là son premier concert il y a trois ans s’est produit en Irlande du Nord en mars 2005 et devait se rendre en Finlande ce mois d’août. Mais il n’a pas pu quitter Gaza en raison du bouclage imposé par l’armée israélienne. Toutefois, reconnaît-il, la situation s’est nettement améliorée depuis le retrait israélien de Gaza, il y a un an. Habitant chez ses parents à Khan Younès, dans le sud du territoire palestinien, il avait toutes les difficultés du monde à se rendre dans la ville de Gaza, dans le Nord, où se trouve le studio d’enregistrement, en raison des barrages militaires israéliens. « Mais aujourd’hui, c’est très facile », affirme-t-il, presque soulagé. Reste que s’imposer comme chanteur de rap n’a pas été chose facile à Gaza, reconnaît-il. « Au début, les gens pensaient que l’on voulait ressembler à des Américains, à cause de la façon dont nous nous habillons notamment. Et puis, ils sont habitués à écouter de la musique traditionnelle. Mais après nos premiers concerts à Gaza, ils ont vraiment aimé. » Bien entendu, ses albums ne sont pas faciles à trouver en dehors des rues de Gaza. « Je ne sais pas comment diffuser mes chansons à l’étranger », dit-il. Alors, Mohammad se sert du Net. Avec ses copains, il dispose d’une page Internet consacrée aux rappeurs palestiniens (www.myspace.com/palrapperz), sur laquelle on peut écouter certaines de ses chansons et en lire les paroles traduites en anglais. Djallal MALTI (AFP)

Les paroles sont en arabe, la musique est rythmée, et le message engagé : de jeunes Palestiniens de la bande de Gaza ont choisi le rap pour dénoncer la guerre, évoquer leur mal de vivre dans un état de siège quasi permanent et parler des filles.

Dans un studio d’enregistrement sur le front de mer à Gaza, ils sont trois, Mohammad, Samy et Dany, venus enregistrer une...