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Actualités - OPINION

REPORTAGE Les orphelins de Bagdad

« Dieu protège notre Irak et aide ses enfants », chantent une dizaine de fillettes de l’orphelinat d’État de Salhiya, un quartier central de Bagdad qui jouxte la zone verte, le secteur ultraprotégé de la capitale irakienne. Quarante-quatre enfants, 30 filles et 14 garçons, tous âgés de moins de six ans, habitent la confortable – voire cossue – maison où travaillent 23 personnes entre assistantes sociales, nourrices, cuisinières ou éducatrices. Dans la bibliothèque, de nombreux dessins d’enfants ont été affichés au mur. L’un d’eux montre un char sans drapeau attaqué par un autre portant le drapeau irakien et deux hélicoptères. Les projectiles sont rouges. La directrice Najat Chaker Mahmoud précise toutefois : « La principale raison de l’existence d’orphelins en Irak, c’est la pauvreté. L’insécurité n’aide pas, parce que les gens ont du mal à trouver du travail. » Les orphelinats irakiens fonctionnent en effet différemment de ceux qui existent dans les pays occidentaux. Les enfants proviennent souvent de familles dont un, voire les deux parents sont encore en vie. Les enfants trouvés, les seuls à pouvoir être adoptés, sont rares. Il est donc probable que les 44 enfants de l’orphelinat vivent jusqu’à leur majorité dans les institutions. « Nos assistantes sociales visitent les familles. Souvent, celles-ci habitent dans de grands hangars surpeuplés où les familles sont simplement séparées par des draps tendus. L’éducation ne serait pas bonne, les conditions de vie sont précaires et il y a les risques de les voir mal tourner », explique Mme Mahmoud. Elle précise néanmoins que quand les conditions le permettent l’orphelinat replace les enfants dans leurs familles. Les assistantes sociales organisent d’ailleurs pour les couples divorcés des séances de réconciliation pour tenter de trouver une solution. Une quinzaine d’enfants sont ainsi récemment repartis dans leur famille, selon la directrice. Sept enfants de l’orphelinat sont handicapés : aveugles ou retardés mentaux. Ils bénéficient d’un programme spécial que leurs familles ne pourraient prendre en charge, selon elle. Les enfants dorment dans des chambres de 8 ou 10 lits à barreaux sous le regard d’une nourrice par pièce. Séparés par sexe et par classe d’âge, ils se lèvent à 8 du matin pour des journées bien remplies avec trois repas principaux, des séances de jeux, de « bibliothèquapprête » « à construire un immeuble avec les jouets », et explique timidement : « Je suis content ici. J’ai plein d’amis. » Patrick FORT (AFP)
« Dieu protège notre Irak et aide ses enfants », chantent une dizaine de fillettes de l’orphelinat d’État de Salhiya, un quartier central de Bagdad qui jouxte la zone verte, le secteur ultraprotégé de la capitale irakienne. Quarante-quatre enfants, 30 filles et 14 garçons, tous âgés de moins de six ans, habitent la confortable – voire cossue – maison où travaillent 23...