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La catastrophe de trop dans une Méditerranée fragile Marée noire : une carte des points les plus touchés préparée par un groupe d’ONG

La marée noire, grande oubliée de ces derniers temps vu l’actualité tragique, est suivie de près par un groupe d’ONG écologiques qui plaident pour une solution rapide aux problèmes nés du déversement de quelque 15 000 tonnes dans la mer. Selon leur communiqué, ces ONG – principalement Green Line, « Bahr Loubnane » et le syndicat des plongeurs professionnels – ont tenté, à leur niveau, d’aider à estimer et à documenter les dégâts causés par cette marée noire (due au déversement de fuel de la centrale de Jiyeh, frappée par l’aviation israélienne) sur la côte libanaise. Pour cela, ces ONG ont préparé une carte des points les plus touchés. Le porte-parole des ONG, Waël Hmaïdane, a souligné que « les opérations de nettoyage devraient commencer le plus tôt possible, sinon les dégâts deviendraient irréversibles ». Il a rappelé que les ONG plaident pour un cessez-le-feu rapide afin d’éviter une catastrophe qui atteindra d’autres pays de la région. « L’aviation israélienne a frappé des ambulances, des camions d’aides et d’autres équipements civils, il n’y a aucune garantie qu’elle ne frappera pas les opérations de nettoyage », a ajouté M. Hmaïdane. Il a précisé que les endroits où la nappe est particulièrement dense (elle atteint les 40 cm de profondeur en certains points), les populations de poissons seront très touchées. Par ailleurs, des experts français interrogés soulignent que l’impact de cette marée noire, relativement faible par son ampleur, selon eux, sera décuplé par la fragilité particulière de la Méditerranée orientale. « C’est dramatique pour les populations touchées, mais, en neuf ans, tout sera éradiqué », estime Christian Buchet, directeur du Centre d’études de la mer à l’Institut catholique de Paris et membre de l’Académie de marine. Mais la préoccupation est ailleurs. « La Méditerranée est une mer particulièrement fragile, surtout dans sa partie orientale. Son réchauffement a été très largement attesté par les scientifiques, au point que 56 espèces tropicales y sont désormais établies, venues de l’océan Indien ou de la mer Rouge via le canal de Suez. Elles n’auraient, auparavant, jamais pu vivre dans une Méditerranée trop froide pour eux, selon cet expert. Or ce grand réchauffement des eaux, le plus fort constaté, fragilise la faune et la flore, et l’impact de la pollution humaine, comme une marée noire, y est beaucoup plus fort qu’en Atlantique ou ailleurs. » Selon le Centre de documentation et de recherches sur les pollutions accidentelles des eaux – Cedre, basé à Brest (Ouest) –, le carburant répandu, un intermédiaire entre le fioul, très lourd, et le diesel, est moins visqueux que celui déversé par les pétroliers Erika (en 1999, au large de la Bretagne) et Prestige (en 2002, au nord-ouest de l’Espagne). « Mais en vieillissant, il va devenir plus visqueux, plus collant et donc plus difficile à ramasser sur les rochers », prévient Georges Peigné, directeur adjoint du centre. La fuite avait cessé hier, selon Gaby Khalaf, directeur du Centre national libanais des sciences marines à Batroun (lié au Conseil national de la recherche scientifique). « Mais on ne sait toujours pas si une ou deux cuves se sont déversées », a-t-il ajouté. M. Khalaf a noté, après une tournée du littoral, que des portions de côtes encore souillées en fin de semaine dernière ont été nettoyées par les vagues. Le sud de la capitale jusqu’à Jiyeh, notamment la grande plage publique de Beyrouth, Ramet-el-Baïda, reste à l’inverse « complètement noir ». « Nous n’avons pas encore pu faire de prélèvement, car nos stations se trouvent à Jiyeh et Saïda, mais là où la densité de pétrole est importante, le phytoplancton, la faune et la flore vont périr », présume ce biologiste. Mais il relativise les conséquences immédiates : à première vue, « le désastre est plus esthétique qu’écologique. Notre mer n’est riche ni en poissons ni en nutriments. Et on ne compte pas beaucoup d’oiseaux de mer ». « C’est une goutte de fioul dans une mer poubelle, mais c’est une de plus. Et la coupe commence à être pleine », renchérit Christian Buchet.
La marée noire, grande oubliée de ces derniers temps vu l’actualité tragique, est suivie de près par un groupe d’ONG écologiques qui plaident pour une solution rapide aux problèmes nés du déversement de quelque 15 000 tonnes dans la mer. Selon leur communiqué, ces ONG – principalement Green Line, « Bahr Loubnane » et le syndicat des plongeurs professionnels – ont...