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Actualités - OPINION

ÉCLAIRAGE - Au-delà de sa mission dans le sud du pays, l’Alliance atlantique joue son avenir L’heure de vérité sonne pour l’OTAN en Afghanistan

En étendant sa présence dans le sud de l’Afghanistan, l’OTAN sait qu’elle joue dans ces contrées lointaines et hostiles sa crédibilité de l’alliance militaire la plus puissante dans le monde, mais aussi un peu de son avenir. L’OTAN s’apprête cette semaine à prendre en charge les opérations de sécurité dans le sud du pays, trois ans presque jour pour jour après avoir pris le commandement de la force internationale en Afghanistan, en août 2003. Elle va y doubler ses effectifs, qui atteindront environ 18 000 hommes. Le déploiement de l’OTAN dans le sud de l’Afghanistan puis plus tard cette année dans l’Est – l’OTAN couvrira alors tout le territoire afghan –, est considéré comme un test crucial pour l’Organisation atlantique, qui opère pour la première fois de son histoire hors de sa zone naturelle d’influence. « C’est la mission la plus difficile que l’OTAN ait jamais entreprise depuis la guerre froide », a affirmé Mark Laity, le porte-parole civil de l’alliance en Afghanistan. Face aux violences dans la région, le risque existe de voir des soldats de l’OTAN entraînés dans des combats qui ne relèvent pas de leur mission, qui est d’aider à créer les conditions de sécurité pour développer le pays. Les forces de la coalition menée par les États-Unis sont, elles, chargées de traquer les talibans. Le secrétaire général de l’OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, ne s’y trompe pas : il avertit depuis des mois que tout échec en Afghanistan risquerait de replonger ce pays dans le chaos. Les responsables politiques et militaires de l’OTAN ont conscience que l’alliance est en Afghanistan pour de longues années et, laissant percer leur inquiétude, ont multiplié les appels à ce que le reste de la communauté internationale n’oublie pas ce pays. « On met la vie de pas mal de gens en jeu. Cela n’a aucun sens d’investir massivement dans les ressources militaires sans mettre en place en parallèle les ressources au niveau civil », a affirmé le porte-parole de l’OTAN, James Appathurai. En privé, de hauts responsables militaires reconnaissent aussi que la guerre en Irak a pu détourner l’attention de l’Afghanistan. Au-delà des implications pour l’Afghanistan, l’avenir de l’Alliance atlantique se joue aussi, dans une certaine mesure, dans les sables des provinces du Sud au moment où les 26 pays membres croisent le fer sur son rôle dans le système international. « Le succès de la mission en Afghanistan aura un impact direct sur le rythme et l’avenir du processus en cours de transformation de l’OTAN », relève Mihai Carp, un responsable de l’organisation écrivant dans la Revue de l’OTAN. Pour l’OTAN, qui opère une délicate mutation vers une organisation de sécurité collective spécialisée dans la gestion de crises, cette mission afghane met au test sa capacité à passer d’une structure statique autrefois vouée à se défendre face à l’Union soviétique à une organisation capable de se déployer aux confins de l’Europe et ailleurs. Plus généralement, M. de Hoop Scheffer répète à cor et à cri que l’OTAN ne veut pas être le « gendarme du monde ». Mais les États-Unis, qui avaient privilégié des « coalitions de volontaires » lors des interventions en Afghanistan en 2001, puis en Irak en 2003, font pression pour une « OTAN (à vocation) globale ». Face à eux, mais pas isolée, la France met en garde contre une « fuite en avant » de l’alliance militaire occidentale, insistant au contraire sur la nécessité de conserver la vocation militaire de l’organisation. Cette controverse, qui est loin d’être close, pèse lourdement sur la définition des nouvelles missions de l’OTAN. Elle pourrait éclater au grand jour lorsque ses dirigeants se retrouveront en sommet fin novembre à Riga. Léon BRUNEAU (AFP)
En étendant sa présence dans le sud de l’Afghanistan, l’OTAN sait qu’elle joue dans ces contrées lointaines et hostiles sa crédibilité de l’alliance militaire la plus puissante dans le monde, mais aussi un peu de son avenir. L’OTAN s’apprête cette semaine à prendre en charge les opérations de sécurité dans le sud du pays, trois ans presque jour pour jour après...