Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

TOURISME Les agences de voyages payent le prix du conflit

Comme tous les acteurs du secteur touristique, les agences de voyages ont été durement touchées par l’offensive israélienne, sans parler de celles situées dans le Sud et dans la banlieue sud qui ont été entièrement détruites par les bombardements. En dehors des services offerts aux visiteurs, comme les tours guidés ou la location de voitures, simplement en termes de ventes de billets d’avions, les agences de voyages attendaient près de 350 millions de dollars de revenus cette année, contre 265 millions l’année dernière, affirme à L’Orient-Le Jour le président de l’Association des agences de voyages et de tourisme, Jean Abboud. Tout ceci n’est plus qu’un lointain souvenir désormais. Les pertes n’ont pas encore été évaluées, mais M. Abboud n’hésite pas à parler de « catastrophe » pour des entreprises qui travaillent toute l’année à perte, en vue de compenser pendant la saison estivale. Le plus dramatique est que les agences libanaises n’ont pas été soutenues par la IATA (l’Association internationale de transport aérien). Bien au contraire, le système BSP (Billing and Settlement Plan), qu’elle a mis en place pour simplifier les relations entre les agences et les compagnies aériennes, s’est finalement retourné contre les agences libanaises en tant de guerre. Ce système joue un rôle d’intermédiaire. Les agences émettent ainsi les billets des compagnies aériennes reliées au réseau puis règlent mensuellement au BSP tous les billets achetés. Ce dernier se charge ensuite de la redistribution aux compagnies concernées. Or, au milieu de la panique des premiers jours de bombardements, lorsque l’échéance du 15 juillet est tombée, de nombreuses agences ont été dans l’incapacité de régler leurs dus. Immédiatement entre 50 et 60 agences libanaises ont été déclarées en défaut de paiement, explique M. Abboud. Résultat, elles ont été privées du système et ne pouvaient donc plus émettre de billets. La majorité des compagnies aériennes sur place ayant fermé, il leur a été impossible de répondre aux besoins de changement de billets, et encore moins aux demandes de remboursements. « Pendant ce temps, le responsable du système, Imad Abdel Malak, est injoignable », déplore M. Abboud. Les « grandes » gèrent la crise Les grandes agences ont pu remplir leurs obligations financières envers le BSP, mais elles ne s’en sortent pas beaucoup mieux pour autant. Élie Nakhal, de l’agence du même nom, rappelle tristement que son entreprise attendait, à partir du 15 juillet, entre 400 et 500 clients par semaine. « Les 85 employés de l’agence travaillaient depuis septembre dernier pour préparer cette saison ; tout cela est parti en vain », dit-il, sans cacher sa colère. Toutefois, les grandes agences possédant des moyens de transport terrestres tentent de gérer la crise à court terme. Ainsi, Nakhal a pu acheminer ses clients par voie terrestre vers la Syrie et la Jordanie, d’où l’agence a pu les renvoyer par avion vers leurs pays de départ. Mais les coûts de transport ont presque triplé, au vu du risque encouru par les chauffeurs. Ainsi, un taxi privé vers Damas peut revenir à 300 dollars, contre 125 avant la guerre, et le transport collectif varie autour de 50 dollars. De même, l’agence Kurban a pu profiter de sa société sœur Allô Taxi pour acheminer ses clients vers les pays voisins. « On essaye simplement de trouver des solutions à nos clients », explique Nadine Kurban Boutros, qui s’attendait à une hausse de son chiffre d’affaires de 20 à 30 % cette année. Elle s’est dit surtout inquiète pour les 250 employés du groupe. Elle a néanmoins salué l’initiative de la MEA, qui a rapidement permis d’échanger ses billets contre ceux d’autres compagnies aériennes, ainsi que la compréhensions des clients. « Même si certains hôtels ont rapidement réagi, nous n’avons pas pu encore récupérer tous les montants engagés pour rembourser nos clients. Mais ils font preuve de beaucoup de patience », a-t-elle souligné. Les agences de voyages pourront-elle se remettre de cette épreuve ? « Tout Libanais qui reste dans le pays se doit d’être optimiste. Nous n’avons pas le choix. Mais il faut admettre que ce coup a été particulièrement dur », répond M. Nakhal. Il ne reste plus qu’à attendre l’été prochain, conclut-il. S. A.
Comme tous les acteurs du secteur touristique, les agences de voyages ont été durement touchées par l’offensive israélienne, sans parler de celles situées dans le Sud et dans la banlieue sud qui ont été entièrement détruites par les bombardements.
En dehors des services offerts aux visiteurs, comme les tours guidés ou la location de voitures, simplement en termes de ventes...