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Actualités - OPINION

Sauver le Hezbollah pour sauver la révolution du Cèdre?

Ce 12 juillet, précurseur d’un été meurtrier, aura été le début d’un cauchemar que nous subissons dans un silence complice et étonnant des grandes puissances. Il y a lieu de se demander si c’était l’enlèvement des deux soldats israéliens ou l’assassinat du Premier ministre Rafic Hariri qui a marqué le début de cette tragédie. La barbarie qui a soufflé sur notre pays un 14 février 2005 à 13 heures et qui a coûté la vie à l’ancien Premier ministre et à ses compagnons constitue le point de départ de cette guerre à laquelle nous assistons aujourd’hui. À l’époque, personne ne pouvait prédire l’objectif probable des commanditaires de ce crime; tout au plus parlait-on de l’implication directe ou indirecte du régime syrien. Tout a débuté donc avec l’assassinat de Hariri, puis l’émergence d’une nouvelle majorité parlementaire et gouvernementale, en passant par l’évolution de l’enquête sur les assassinats des différentes personnalités politiques et, pour finir, la marginalisation du général Aoun et la vraie fausse alliance entre le Hezbollah et le tandem Hariri-Joumblatt. L’entente qui prévalait entre l’ancien Premier ministre et sayyed Hassan Nasrallah ne pouvait laisser indifférents les ennemis du Liban. Il est certain qu’une telle harmonie faisait obstacle au projet visant à susciter un conflit entre les chiites et les sunnites dans la région, en commençant par l’Irak pour finir au Liban. Ce projet, parrainé bien entendu par les Américains, concorde avec les objectifs sionistes de morcellement de la région sur une base ethnique, légitimant ainsi l’existence de l’État juif. Sur le plan national, l’ancien chef de gouvernement avait ce charisme et cette légitimité qui lui permettaient de fédérer une majorité de Libanais de tous bords et de toutes confessions, sans recourir aux petits jeux politiciens que l’on observe depuis son assassinat. Tout cela nous autorise à formuler la question cruciale: qui a tué Rafic Hariri? Pour avoir un début de réponse, il suffit de se poser plutôt la question qui recèle la réponse: à qui le crime a-t-il profité? Il est impensable de séparer ce que l’on vit aujourd’hui de tout le parcours politique depuis le 14 février 2005. Et qui suscite un sentiment d’effroi devant le machiavélisme de l’État organisateur de ce puzzle et le drame que vit le peuple libanais depuis la fin de l’hégémonie syrienne. Nous ne discuterons pas des conséquences d’une éventuelle victoire ou plutôt d’une non-défaite (pour rester dans le domaine du réalisme) de la Résistance libanaise. Évidemment, cela ne pourra que renforcer le pays autour d’un projet politique du futur «Grand» Liban, digne, sûr et prospère. On peut espérer, dans l’hypothèse d’une victoire à la fin de cette sale guerre voulue par l’État hébreu, que la Résistance et les autres formations politiques du pays auront la sagesse, la modestie et la prévoyance de concentrer leurs actions autour d’un projet fédérateur, où seul l’autorité de l’État sera le détenteur du pouvoir sur tout le sol national. Mais des événements graves pourraient se produire, menaçant l’intégrité et la paix civile du pays au cas où le combat face à Israël serait perdu. Cet État juif soi-disant démocratique représente l’antithèse de la société multiconfessionnelle libanaise. Les graves questions que l’on doit se poser et qui menaceraient le pays en cas de défaite sont: – Que deviendraient les combattants du Hezbollah après une telle désillusion? – À quelle réaction devrait-on s’attendre, dans les mois qui suivront, des centaines des milliers de sympathisants du Hezbollah? – Que faire des civils, près d’un million, qui ont déserté le sud du pays et la banlieue sud de Beyrouth? Espérons que les réponses potentielles à ces questions ne menaceront pas la paix civile et ne marqueront pas le début d’une nouvelle guerre civile. Le Liban saura surmonter cette crise et donner l’exemple en se montrant uni pour éviter une catastrophe à l’irakienne. Personne n’a échappé au péché mortel représenté par l’appartenance à telle idéologie ou telle autre, à l’inféodation à un régime donné. Jamais nous n’avons voulu reconnaître notre part de responsabilité dans les drames que nous avions vécus. C’est toujours la faute des autres. Aujourd’hui seule une attitude fière, solidaire et fédératrice derrière le drapeau national et l’esprit de résistance est susceptible de nous garantir un avenir digne et meilleur. Un long avenir, à l’image du cèdre qui est notre emblème. C’est alors que la révolution du Cèdre prendrait tout son sens et déboucherait sur un objectif digne de son nom. Ne commettons pas l’irréparable, ne trahissons pas le sang versé par tant d’enfants. Soyons dignes des larmes des mères et de l’honneur de nos martyrs. N’ayons pas la mémoire courte et rappelons-nous que tout le long de son histoire, l’État hébreu et ses maîtres n’ont eu que d’alliés de circonstance, que leurs alliances étaient aussi éphémères que la durée mise à atteindre l’objectif visé. Dr Mohammad SAFA
Ce 12 juillet, précurseur d’un été meurtrier, aura été le début d’un cauchemar que nous subissons dans un silence complice et étonnant des grandes puissances.
Il y a lieu de se demander si c’était l’enlèvement des deux soldats israéliens ou l’assassinat du Premier ministre Rafic Hariri qui a marqué le début de cette tragédie. La barbarie qui a soufflé sur...