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Une conférence de 3 jours précédant les contre-jeux olympiques gay Les homosexuels du tiers-monde luttent pour leur survie

Alors qu’en Occident, gays et lesbiennes réclament le mariage ou l’adoption, les homosexuels du tiers-monde font encore face à un rejet qui menace jusqu’à leur survie, ont déploré des délégués de l’hémisphère sud lors d’une conférence mondiale à Montréal. « Pour la plupart des gays et lesbiennes, dans la plupart des pays du monde, la question principale n’est pas la dépénalisation, la protection ou la non-discrimination... La question prédominante est celle de la survie », note Edwin Cameron, juge à la cour d’appel d’Afrique du Sud et militant de longue date pour les droits des homosexuels. En dehors des pays occidentaux, « le débat sur les lois du mariage semble inimaginable parce que le sujet du comportement homosexuel lui-même est tabou », ajoute-t-il. Des délégués africains participaient à Montréal à une conférence de trois jours sur les droits des homosexuels et des transsexuels, précédant les « Outgames », une compétition sportive gay qui débute aujourd’hui. À l’ouverture de cette conférence, Louise Arbour, haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, a rappelé que « des milliers de personnes sont en risque chaque jour en raison de leur identité, préférence ou pratiques sexuelles ». Plus de 80 pays criminalisent ces pratiques. Mais en Afrique, un continent où beaucoup pensent, à l’instar du président zimbabwéen Robert Mugabe, que « l’homosexualité est une tare de la société blanche », les droits des homosexuels sont bafoués même quand la loi les garantit, rappelle la militante sud-africaine Prudence Mabele. « Il faut avoir l’argent, pouvoir aller au tribunal... Je parle des gens ordinaires, ceux des townships, ceux qui sont marginalisés, les sans-abri », explique-t-elle à l’AFP. « La Constitution est un bout de papier, vous devez affronter les gens avec un bout de papier », dit cette lesbienne séropositive, venue du pays le plus progressiste du continent sur le thème de l’homosexualité. « Pour une femme, lesbienne, noire et séropositive, c’est une double stigmatisation et une guerre au jour le jour, que vous ayez une belle Constitution ou pas », poursuit-elle. Cheikh Doudou Mbaye, expert sénégalais du VIH-sida, relève que l’ancrage de la religion sur le continent noir se greffe au problème, faisant que beaucoup sont obligés de « cacher leur homosexualité ». « Quand leurs familles découvrent qu’ils sont homosexuels, très souvent ils sont expulsés de chez eux, ils se retrouvent dans la rue, avec le VIH, sans revenus, et la plupart tombent dans la prostitution, affirme-t-il. C’est déjà difficile d’en parler au sein de la famille, alors vous imaginez en public ! » Le Liban, grand absent Le Sénégal est majoritairement musulman, mais la même homophobie existe chez les voisins catholiques : l’avocate camerounaise Alice Nkom en veut pour exemple l’homélie de Noël prononcée par l’archevêque de Yaoundé sous le titre « À mort les homosexuels ! » et les exactions qui ont suivi. Pour Prudence Mabele, en dehors de toute considération religieuse, les homosexuels du continent noir sont rejetés sous prétexte que « l’homosexualité est non africaine ». Par ailleurs, le conflit au Proche-Orient s’est invité dans le débat, la représentante de l’ONG libanaise Helem – première organisation du genre dans le monde arabe – n’ayant pu faire le déplacement. Dans une intervention enregistrée, Rasha Moumneh a appelé à boycotter la « gay pride » initialement prévue à Jérusalem et récemment reportée sine die. Parlant des alternatives qu’ont les homosexuels arabes, la jeune fille souligne « le très peu d’espace laissé entre l’autoritarisme (des autorités locales) et les visées néocolonialistes ». « Nous n’accepterons pas d’être libérés par les armes, dit-elle, citant en exemple l’intervention américaine en Afghanistan et en Irak, sous prétexte d’instaurer la démocratie et la liberté. »
Alors qu’en Occident, gays et lesbiennes réclament le mariage ou l’adoption, les homosexuels du tiers-monde font encore face à un rejet qui menace jusqu’à leur survie, ont déploré des délégués de l’hémisphère sud lors d’une conférence mondiale à Montréal.
« Pour la plupart des gays et lesbiennes, dans la plupart des pays du monde, la question principale n’est...