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Actualités - CHRONOLOGIE

Débat fiévreux en Conseil des ministres sur les solutions éventuelles à la crise

La cohésion du gouvernement face à la guerre a été mise à l’épreuve, samedi, en Conseil des ministres, dans la mesure où il est désormais nécessaire de présenter une position politique unifiée devant la communauté internationale. Durant près de quatre heures et demie, le Conseil, présidé par le chef de l’État, Émile Lahoud, ne s’est donc pas contenté d’évoquer l’étendue des pertes en vies humaines et sur le plan de l’infrastructure. Le gouvernement a en effet débattu – le ton est parfois monté, notamment entre Ahmad Fatfat et Mohammad Fneich – des solutions politiques éventuelles à la crise qui frappe le pays de plein fouet sans qu’aucun règlement diplomatique ne soit pour l’instant en vue. Les ministres de la majorité ont ainsi posé une série de questions relatives à l’avenir du pays et à la capacité de l’État de prendre des initiatives pour trouver une solution à la crise. La contre-attaque des ministres du Hezbollah, Mohammad Fneich et Trad Hamadé, ne s’est pas fait attendre. « Débattre, d’accord, mais de quelles solutions possibles, à l’heure où le pays est sous un déluge de feu ? » ont souligné en substance les deux ministres. D’autant que, selon eux, il est difficile de faire la part des choses et de savoir ce que cachent les discours de Kofi Annan et de Condoleezza Rice, lesquels ne sont que des « mots d’ordre israéliens inacceptables ». Les deux ministres ne se sont également pas privés d’exprimer leurs doutes et leurs réserves sur la conférence internationale sur le Liban à Rome, estimant qu’il s’agissait là d’une plate-forme politique pour permettre à Annan et Rice de légitimer et d’entériner leurs recommandations. À l’issue de la séance, M. Fneich a cependant estimé qu’il avait confiance en Fouad Siniora, « qui négocie sans ployer sous le diktat » international, « mais pour que l’échange des prisonniers ait lieu ». « Il peut le faire pour mettre fin à cette agression et pour que le Liban soit reconstruit », a-t-il noté. De son côté, le Premier ministre Fouad Siniora a demandé au Hezbollah de réagir positivement aux appels internationaux pour aboutir à des solutions à la crise. M. Siniora a estimé qu’il fallait commencer à négocier avec la communauté internationale, qui demande à l’État libanais d’établir son autorité sur l’ensemble de son territoire. Il a par ailleurs mis l’accent sur la nécessité de discuter et d’examiner toutes les initiatives et les solutions politiques éventuelles pour que le gouvernement puisse prendre, et à l’unanimité, la décision qui s’impose dans l’intérêt du pays. Le Premier ministre a proposé que la négociation libanaise soit fondée sur trois revendications : la libération des fermes de Chebaa et des collines de Kfarchouba, le retour des prisonniers et la remise par Israël au Liban des cartes des mines antipersonnel abandonnées par l’État hébreu au Sud. Conditions auxquelles le ministre de la Santé, Mohammad Khalifé, a ajouté un quatrième point essentiel : qu’Israël dédommage le Liban pour tous les dégâts causés au pays. Le Conseil des ministres a aussitôt conclu un accord de principe sur ces conditions (y compris avec le Hezbollah), estimant qu’il s’agit là des fondements nécessaires pour l’édification d’un État souverain sur l’ensemble de son territoire, conformément aux demandes de la communauté internationale. Il a ensuite été décidé que le Premier ministre discuterait de cette feuille de route avec le président de la Chambre, Nabih Berry, lequel à son tour en parlerait au secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. L’objectif étant d’assurer une légitimité nationale à ces revendications, ce qui laisserait la voie libre à M. Siniora pour négocier avec la communauté internationale. À l’issue de la séance, M. Siniora a indiqué devant les journalistes que ces solutions n’étaient « pas définitives » et qu’elles étaient en cours de discussion. Quant au ministre de l’Information, Ghazi Aridi, il a rappelé la position de principe du gouvernement concernant le rétablissement de l’autorité de l’État sur « tout le territoire », soulignant que la réalisation de cet objectif est « conforme à l’accord de Taëf ». De son côté, le ministre de la Défense Élias Murr a précisé que nous sommes en temps de guerre, et que l’armée remplira son rôle, celui de défendre la nation et de se défendre. « Elle n’a pas besoin d’un ordre du Conseil des ministres pour remplir son devoir », a-t-il souligné. Il convient par ailleurs de noter que le commandant en chef de l’armée, le général Michel Sleimane, a tenu le Conseil des ministres au courant des dispositions de l’armée et de la situation sur le terrain, de même que le directeur général des FSI, Achraf Rifi, a dressé un bilan sécuritaire de la situation. Plusieurs ministres se sont également exprimés durant la séance, notamment M. Marwan Hamadé, qui a dressé un bilan des dégâts en matière de télécommunications à la suite des frappes israéliennes contre les antennes de téléphone cellulaire.
La cohésion du gouvernement face à la guerre a été mise à l’épreuve, samedi, en Conseil des ministres, dans la mesure où il est désormais nécessaire de présenter une position politique unifiée devant la communauté internationale.
Durant près de quatre heures et demie, le Conseil, présidé par le chef de l’État, Émile Lahoud, ne s’est donc pas contenté...