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Lettre à Hassan Nasrallah

Ras le bol. Ras le bol de vos lubies. Qui suis-je pour me permettre de vous adresser la parole de cette façon ? – Remarquez, il n’ y a là aucune marque d’irrespect, je ne fais en somme qu’user d’un droit inaliénable, plus d’une fois bafoué en ces tristes temps, que l’on nomme la liberté d’expression. Ni ploutocrate, ni magnat, ni politicienne, ni éditorialiste… Simplement, une jeune citoyenne libanaise de 25 ans. Une inconnue. Qui parle au nom de beaucoup d’autres inconnus. Beaucoup. Beaucoup plus que vous n’acceptez de le voir. Qu’est-ce que je peux bien vouloir vous demander ? Eh bien d’arrêter. D’arrêter tous vos jeux. Tous. Tout de suite. D’arrêter de tirer les ficelles de vos marionnettes. D’arrêter de faire des histoires. De n’en faire qu’à votre tête. D’arrêter de nous faire des histoires. De causer du tort aux citoyens libanais. Au peuple libanais. De couler notre pays. De l’enfoncer encore plus dans le gouffre économique duquel il essaie tant bien que mal chaque année de sortir le bout de son nez. La saison touristique, malgré tous les événements passés, s’annonçait bien. Les étrangers – par quel miracle ? – avaient comme oublié la série d’attentats perpétrés par des mains malignes, et s’étaient empressés de réserver billets d’avion et chambres d’hôtel pour passer des vacances dans notre pays. Moi-même, résidant en France, j’avais tenu à organiser mon mariage cet été au Liban, et avais fait des mains et des pieds pour encourager la famille et les amis de mon fiancé français à se déplacer au Liban, malgré les prix exorbitants des vols, et l’image loin d’être rassurante véhiculée par les médias. Près de 70 personnes s’étaient laissé convaincre. J’étais fière d’apporter – même modestement – de l’argent à mon pays. Une petite pierre. Une pierre quand même. Mais vous, cela ne vous convenait pas. L’essor, la bonne santé de votre pays ne vous concerne pas. Vous avez mieux à faire. Ailleurs. Et vous ne demandez pour cela l’avis de personne. Vous agissez en solo. Comme si vous étiez l’État libanais. Je suis désolée de vous rappeler, mon cher monsieur, que vous usurpez les prérogatives d’autres. Et cela, au détriment du peuple. Car vos décisions ne sont pas cautionnées par une bonne partie des citoyens libanais. Assez ! Nous ne sommes plus obligés de payer les pots cassés ! Assez d’être pris en otages par vos décisions ! Monsieur, sur la scène politique où se joue l’avenir d’un pays, il n’y a pas de place aux coureurs individuels. Le Liban a besoin de politiciens qui ont l’habitude des sports collectifs. Si cette équipe ne vous convient pas, d’autres clubs seront ravis de vous accueillir. Monsieur, je vous ai demandé d’arrêter. J’allais vous demander de nous laisser vivre. Je ne le ferai pas. Car nous vivrons. Malgré tout. Sarah HATEM Paris
Ras le bol. Ras le bol de vos lubies.
Qui suis-je pour me permettre de vous adresser la parole de cette façon ? – Remarquez, il n’ y a là aucune marque d’irrespect, je ne fais en somme qu’user d’un droit inaliénable, plus d’une fois bafoué en ces tristes temps, que l’on nomme la liberté d’expression. Ni ploutocrate, ni magnat, ni politicienne, ni éditorialiste…...