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Actualités - OPINION

La révolution dont rêvent les Libanais

Comme nous le savons déjà, nos leaders actuels ne pensent qu’à leurs propres intérêts. De nombreux martyrs sont tombés. Tout un pays est meurtri. Tout cela n’est-il pas suffisant pour leur demander d’avoir ne serait-ce que la décence de reconnaître leur incapacité et de laisser la politique à des personnes courageuses, compétentes, dotées d’un esprit neuf ? De s’excuser auprès d’un peuple meurtri à cause de leurs erreurs alors qu’il leur a tout donné et n’a jamais demandé en retour que son pain quotidien, la liberté et la sécurité ? Qui sont-ils pour gérer l’avenir d’un pays qu’ils ont détruit et celui de tout un peuple qu’ils sont en train d’asphyxier sans lui laisser la moindre chance de survie, le moindre espoir en l’avenir ? Pour notre jeunesse, ils doivent se retirer. Ils ont privé nos enfants du droit de rêver à un quelconque avenir, alors que le Liban croule sous les dettes et ne vit que selon leurs humeurs. Toutes ces tables rondes, à quoi ont-elles mené depuis plus de trente ans sinon au statu quo, voire pire, à la régression ? Le peuple ne vous fait plus confiance ni pour maintenant ni pour l’avenir. Le Hezbollah décide, avec une sérénité déconcertante, de provoquer une escalade. Cela sans même prévenir, comme si la souveraineté du Liban lui appartenait. Mais qui est-il donc pour mettre toute une nation et un peuple en péril ? Il n’a pas le droit de rendre le Liban otage et victime d’une guerre qui est la sienne et qui n’est pas la nôtre, nous peuple démuni ! Nous n’avons plus la force de supporter le poids d’une nouvelle guerre. Le Golan me semble un meilleur terrain d’affrontement ; allez-y, ce sont vos frères ! L’avenir du Liban, l’avenir des jeunes, la lutte contre la pauvreté, la fracture sociale, le développement économique, une stratégie globale pour le Liban, voilà ce qu’attendent les Libanais de leurs leaders. Ce sont ces questions qui sont de premier ordre, ou qui doivent l’être dans l’esprit de chacun. Nous ne pouvons pas confier leurs résolutions à nos leaders qui sont ceux-là mêmes qui ont détruit ensemble le Liban par le passé et l’ont retardé. Ils disent vouloir reconstruire le Liban et bâtir un avenir, alors qu’ils ne soulèvent aucune des questions essentielles et bloquent en réalité sa progression par leur simple maintien aux commandes politico-économiques. Dès lors, comment peut-on les croire ? Comment peut-on leur faire confiance ? Comment peut-on les laisser parler en notre nom au niveau international, eux qui n’ont pas évolué ? Nos leaders passent pour des fermiers restés à l’âge de pierre… Ce qu’il faut au Liban, c’est une révolution. La révolution du Cèdre est incomplète. Elle doit être complétée par une autre révolution. Cette révolution ne doit pas être menée contre le seul président de la République, mais aussi contre l’ensemble de l’establishment politique et économique. Ce féodalisme qui bloque l’ascenseur social permettant aux Libanais de s’élever socialement doit être renversé. Ça suffit ! Le Liban veut être libre et démocratique, mais aussi et surtout développé. Les Libanais veulent être libres, égaux et en sécurité, mais aussi et surtout confiants dans l’avenir. Cette révolution dont ils rêvent doit instaurer un État de droit et de compétences pour lequel les martyrs sont morts et qui n’a jamais vu le jour, ce qui a conduit à l’émigration de nombre de nos compatriotes. Le langage démagogique et hypocrite ne doit plus avoir sa place au Liban. C’est le langage de la vérité qui doit être de mise. Le niveau économique a été réduit de moitié par rapport à celui de 1975. Il faudra encore vingt ans pour que le pays, s’il est engagé dans une politique de réformes et doté de vrais leaders, retrouve son niveau de 1975. Ce qui lui aura fait perdre, en tout, un demi-siècle à cause de ces mêmes leaders que l’on peut qualifier de fermiers, eux qui aiment tant privilégier la question des fermes de Chebaa. Je voudrais enfin m’adresser aux pays voisins. Le Liban ne veut plus être l’otage du conflit régional. Il a été le seul depuis 1975, au nom d’une soi-disant solidarité arabe, à en payer le prix par le sang, le martyre, la destruction, l’endettement et l’émigration de ses jeunes. Aujourd’hui, les Israéliens massacrent les Palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza et ce qui se passe vient à point nommé pour détourner les yeux du monde vers un « autre part » qui est, comme d’habitude, le Liban. Ainsi, ils peuvent poursuivre leur besogne tranquillement dans les territoires palestiniens. Les Syriens, eux, sont ravis de sortir de leur isolement en manipulant d’un côté le Hamas sunnite en Palestine et de l’autre le Hezbollah chiite au Liban, et ainsi se replacer en acteur régional incontournable de premier plan. Le Hezbollah, membre d’un gouvernement irresponsable, incompétent et, en même temps, membre de l’opposition au Parlement par un document qu’il n’a pas hésité à outrepasser, a agi en toute indépendance. En conclusion, la saison touristique tant attendue est compromise et, comme à chaque fois, le Liban et les Libanais paieront et paient déjà le prix en étant un champ de bataille pour d’autres et les otages d’un conflit qui n’est pas le leur. Pour finir, j’aimerais rappeler ces mots de Béchir Gemayel : « Un gouvernement libanais fort a besoin d’une armée libanaise forte. Avec une armée forte, le Liban n’a pas besoin de présence armée étrangère sur son sol. Les Libanais, musulmans et chrétiens, du Sud et du Nord, ont demandé que seule l’armée libanaise soit en charge de leur protection. J’ai confiance dans la capacité de l’armée libanaise, dans le fait qu’elle est en mesure d’étendre la souveraineté sur l’ensemble du territoire, sur les 10 452 km2. Le principal problème de l’armée n’est pas son incapacité à défendre le Liban, mais l’absence de leadership et de décision ferme et forte de la part du gouvernement civil. Concernant les milices, elles devront toutes êtres dissoutes soit par l’intégration (hommes et matériels) dans l’armée libanaise elle-même, soit par un retour au quotidien de la vie citoyenne. Les Forces libanaises cesseraient d’exister en premier en intégrant l’armée. » Sandra ABOU NADER
Comme nous le savons déjà, nos leaders actuels ne pensent qu’à leurs propres intérêts. De nombreux martyrs sont tombés. Tout un pays est meurtri. Tout cela n’est-il pas suffisant pour leur demander d’avoir ne serait-ce que la décence de reconnaître leur incapacité et de laisser la politique à des personnes courageuses, compétentes, dotées d’un esprit neuf ? De...