Anecdotes

La palme des anecdotes revient indéniablement à la chouette blanche. En 1956, le Festival de Baalbeck prend son envol. Avec, notamment, Wilhem Kempff, un des meilleurs interprètes du répertoire pianistique de Beethoven. En plein récital de Kempff, dans le temple de Bacchus, on a brusquement entendu des ronflements. «Tout le monde était choqué. Les têtes se tournaient à la recherche de l’indélicat. Ce n’est qu’au sortir du récital qu’on le découvre dans… un nid sous les voûtes: c’était une chouette!» Par la suite, les festivaliers ont remarqué que le volatile appréciait particulièrement la musique de Mozart et de Vivaldi, mais n’aimait pas tout ce qui était bruyant. «Il fallait tuer la chouette», avait suggéré quelqu’un. Hurlement des musiciens italiens qui trouvaient qu’elle leur a porté chance. La chouette blanche est donc devenue, durant de nombreuses saisons, la mascotte du festival. – Lors des répétitions générales de la pièce Renaud et Armide de Cocteau en 1962, un des acteurs principaux se rend compte qu’il avait oublié une pièce essentielle de son costume de scène : le slip. Une dame du comité est alors sortie retrouver les journalistes (qu’elle connaissait bien heureusement) pour savoir si, parmi ceux qui allaient passer la nuit à Baalbeck, il y en avait qui auraient une pièce de rechange dans leurs bagages. – En 1960, pendant la pièce Edouard II de Marlowe, mise en scène par Roger Planchon, sur les marches du temple de Jupiter, les spectateurs ont, à un moment donné, les yeux levés au ciel et le spectacle s’interrompt. Entre les fameuses colonnes, une étoile lointaine passe de pilier en pilier, traversant le ciel à une vitesse que personne n’aurait remarquée si ce n’était justement les colonnes qui servaient de repères. Il s’agissait du premier «spoutnik» russe qui passait par là. – La première du chorégraphe danseur américain Alvin Nikolaïs a été donnée un certain 21 juillet 1969. À 20h25, juste avant le début du spectacle, l’ambassadeur américain monte sur scène pour annoncer au public que dans cinq minutes les astronautes US de la mission Appolo 11 atterriront sur la lune. Les 2500 spectateurs alors présents ont tous levé les yeux vers le ciel. Ils ont compté jusqu’à cinq et ont applaudi à tout rompre. – Supporter les caprices des stars n’était pas toujours facile. Il fallait faire preuve d’ingéniosité, de calme, de diplomatie et garder toujours à portée de main… une bouteille de vodka. En 1964, Margot Fonteyn et Rudolf Noureïev, couple phare du Royal Ballet, ont dansé Raymonda, Hamlet et Sleeping Beauty. «Durant les spectacles, raconte la présidente May Arida, dame Margot Fonteyn me demandait de rester en coulisse pour partager la bouteille de vodka que Noureïev autrement picolait tout seul, entre deux apparitions sur scène.»