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El-Qaëda recrute sa relève dans la diaspora musulmane par le biais d’Internet « Génération jihad 2.0 » : des jeunes radicalisés indétectables

Le cauchemar des services de renseignements occidentaux se réalise : les réseaux jihadistes recrutent activement parmi les jeunes radicalisés issus de la deuxième ou troisième génération d’immigration musulmane, indétectables dans des sociétés qu’ils rejettent. Sans voyage initiatique en Afghanistan ou ailleurs, sans entraînement au maniement du Kalachnikov ou des explosifs, certains d’entre eux, endoctrinés via Internet, peuvent se transformer en quelques semaines en redoutables kamikazes, assurent experts et policiers. Le basculement vers Internet d’une partie des activités des camps d’entraînement terroristes détruits facilite la radicalisation des jeunes des diasporas musulmanes, au point que certains spécialistes parlent désormais de « génération jihad 2.0 ». « Comme les terroristes responsables des attentats de Londres et Madrid, les suspects de Toronto vivaient dans la zone qu’ils avaient l’intention de frapper », a déclaré le directeur du FBI, Robert Mueller, en référence à l’arrestation, le 2 juin, de 17 jeunes musulmans nés ou résidant au Canada, dont 5 mineurs. « Ce n’étaient pas des agents dormants envoyés en mission suicide : c’étaient des étudiants, des commerçants et des membres de la communauté. Des personnes qui (...) en sont venues à considérer leur pays comme l’ennemi », a-t-il ajouté dans un discours prononcé le 23 juin, date de l’arrestation à Miami de 7 personnes, dont 2 Américains, soupçonnées de vouloir rejoindre el-Qaëda. « Ces terroristes de l’intérieur peuvent se révéler aussi dangereux que des groupes comme el-Qaëda, si ce n’est plus », a-t-il souligné. « Il est virtuellement impossible de les distinguer des autres jeunes », a renchéri le directeur adjoint des opérations du service de renseignements de sécurité canadien, Jack Hooper. « C’est la relève » d’el-Qaëda, commente Anne Giudicelli, responsable du cabinet de conseil Terrorisc. « C’est un énorme atout d’avoir des recrues de la deuxième ou troisième génération, parce qu’ils ont la nationalité, ils sont sur place », souligne-t-elle. « Leur action peut être à la fois beaucoup plus efficace et plus frappante sur le plan idéologique, en montrant aux sociétés occidentales qu’elles peuvent générer des ennemis en leur sein », explique-t-elle. « Depuis un peu plus d’un an, on trouve des discours de leaders jihadistes mis en ligne directement en anglais » et non plus en arabe, relève-t-elle. En octobre, la police britannique a arrêté à Londres un jeune homme d’origine marocaine identifié comme « irhabi 007 » (terroriste 007 en arabe), l’un des cyberjihadistes les plus actifs, en particulier dans la diffusion de la propagande d’el-Qaëda en Irak. « Bien sûr, tout extrémiste ne deviendra pas un terroriste. Mais le processus de radicalisation est devenu plus rapide, plus répandu et anonyme dans l’ère d’Internet, ce qui rend la détection d’autant plus difficile », selon le directeur du FBI. Anne Giudicelli, qui vient de rédiger un rapport pour le gouvernement français sur la menace terroriste islamiste en Europe, juge que les services de renseignements pratiquent une « stigmatisation par assimilation à une minorité ». « Cette stratégie est dangereuse, puisqu’à force de focaliser sur une communauté, on risque d’accélérer un processus de radicalisation vaguement engagé et de pousser à plus de clandestinité », estime la spécialiste qui insiste sur la difficulté de « surveiller sans stigmatiser ». Ajoutant de l’eau au moulin de M. Mueller, le rapport gouvernemental britannique sur les circonstances des attentats de Londres illustre parfaitement le défi auquel les services de sécurité sont désormais confrontés. En effet, comment identifier, comme activistes résolus à tuer, des citoyens en apparence ordinaires, qui ne manifestent aucun signe de dangerosité ou d’agressivité ? « Cela revient à chercher une aiguille dans une botte de foin », estime l’expert allemand Peter Waldmann, que l’Union européenne a consulté sur la question de l’islam radical et de ses méthodes de recrutement. Comme le rapport britannique l’a mis en lumière, il n’existe pas de profil type de l’islamiste prêt à passer à l’acte. Certains sont issus de milieux défavorisés, d’autres pas. Certains sont bien éduqués, d’autres non. Certains ont un passé judiciaire, d’autres aucun. Certains sont pères de famille, d’autres sont célibataires. « Tous les clichés que nous entretenons au sujet des déshérités, de l’éducation stricte à la maison, sont à mettre au rebut. Il n’y a pas de critère définitif, il n’y a pas de stéréotype du terroriste potentiel », renchérit Sebestyen Gorka, un autre universitaire allemand spécialiste du terrorisme. Il serait plus avisé de la part des services de sécurité de concentrer leurs efforts sur certains types de comportements de groupe, plutôt que sur des caractéristiques individuelles, explique-t-il.

Le cauchemar des services de renseignements occidentaux se réalise : les réseaux jihadistes recrutent activement parmi les jeunes radicalisés issus de la deuxième ou troisième génération d’immigration musulmane, indétectables dans des sociétés qu’ils rejettent.
Sans voyage initiatique en Afghanistan ou ailleurs, sans entraînement au maniement du Kalachnikov ou des...